15 juin 2018
Amour – Agapè
De quel amour parle Jésus ?
Dans une de ses lettres, l’apôtre Paul donne une bonne définition de ce que l’on entend par » amour » dans la Bible : » L’amour est patient, il est plein de bonté. L’amour n’est pas envieux, il ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais au contraire l’amour se réjouit de la fidélité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne meurt jamais. « 1 .Il est clair que le mot traduit par amour dans la Bible ne signifie pas avoir de la sympathie ou de l’affection pour quelqu’un. On peut trouver quelqu’un sympathique, on peut même être amoureux de lui (ou d’elle), il s’agit alors d’une attirance particulière pour telle ou telle personne, et la joie que nous procure sa présence. C’est très bien mais c’est autre chose dont Paul parle ici.
Par exemple, la première qualité de l’amour citée ici par Paul est : » L’amour est patient « , on peut être amoureux et pas patient du tout, on peut donc être amoureux et ne pas aimer au sens où Paul l’indique. À l’inverse, on peut trouver son voisin peu sympathique, et être, malgré cela, patient envers lui après avoir appris que s’il met toujours sa télé trop fort, c’est parce qu’il est à moitié sourd…
Cet amour est appelé « agapè » en grec
Ce que Paul nous propose ici, c’est de voir le bien qui est dans une personne, de lui souhaiter du bien, et d’agir pour son bien, dans la mesure du possible.
Cet amour-là est fondamental dans l’existence. Jésus et ses disciples nous proposent d’aimer ainsi, car il s’agit d’une qualité de relation qui embellit tout : nos rapports avec ceux qui sont chers à notre cœur comme nos amis ou notre amoureux par exemple, mais aussi avec ceux qui ne nous sont pas sympathiques, avec ceux que nous croisons par hasard ou même ceux qui nous font du mal. C’est ce que nous propose Jésus 2.
Bien sûr, ce n’est pas facile, pour personne et pas même pour Jésus, mais on peut choisir de s’exercer à aimer plus. En écoutant les autres, en les connaissant mieux, en essayant de voir les choses de leur point de vue, avec leurs faiblesses, leurs forces, leur histoire et leur personnalité, on arrive à aimer un peu mieux. Mais c’est vrai que les progrès sont difficiles.
+ Voir cette prédication : ressusciter l’amour-agapè
Dieu seul est « amour », nous essayons seulement
En nous donnant une si belle définition de l’amour et de la vie chrétienne, l’Évangile ne risque pourtant pas de nous désespérer de ne pas y arriver parfaitement, la réponse à cette crainte est le point fondamental de l’Évangile : Dieu est amour, il est même le seul à aimer ainsi parfaitement. C’est lui, lui seul, qui donne de progresser sur ce chemin. Dieu est l’amour, et c’est parce que nous sommes ses enfants que nous sommes déjà un peu capables d’aimer. C’est en s’ouvrant à l’Esprit dans une sincère recherche de Dieu qu’il pourra développer notre capacité à aimer mieux.
Il n’est pas facile d’aimer les autres véritablement, il n’est pas facile non plus de s’aimer soi-même véritablement, ces deux choses sont pourtant essentielles. Aimer Dieu, au moins un petit peu, et s’ouvrir à sa présence est ainsi la clef de tout ce qui est important et éternel dans notre vie.
Jésus propose d’aimer Dieu, son prochain, et soi-même
Reprenant un sain conseil de la Bible, Jésus propose d’aimer Dieu de tout son être, et d’aimer son prochain comme soi-même 3
- Dans sa citation, Jésus ajoute qu’il faut aimer Dieu avec intelligence, ce qui est à mon avis très utile. Chaque personne a ainsi la mission de se poser des questions et de réfléchir par elle-même sans se laisser embarquer dans n’importe quoi au nom de la foi par son église, ou par ses propres émotions.
- Ensuite, l’amour de Dieu se conjugue avec des amours en ce monde, cela évite aussi un écueil dangereux : de tomber dans une fuite hors du monde.
- Enfin dans « aime ton prochain comme toi-même » il y a aussi, et peut-être d’abord « aime toi toi-même » car sans cela rien n’est possible, et certainement pas d’aimer quelque prochain que ce soi. Il convient d’être en forme, c’est ce que veut certainement Dieu pour nous. Ensuite il nous envoie, comme Gédéon « Vas avec la force que tu as ». Cela demande de se soigner, de se former, et de se protéger. Jésus lui-même le fait, bien sûr : on le voit renvoyer les foules et même ses disciples pour reprendre des forces, bien tranquillement, dans le repos et la prière. C’est ce qui permet de vivre cet appel tellement absolu d’aimer son prochain et de se faire serviteur les uns des autres. Sans cela, ce serait totalement destructeur. Le soin de soi-même et le service de l’autre forment comme une respiration.
- Qui est notre prochain ? Le mot hébreu vient du monde agricole : nous sommes « prochain » l’un de l’autre dès lors que nous avons le même berger. Par conséquent, un mouton et une chèvre peuvent être des prochains. S’il y a un seul Dieu, nous avons donc 7 milliards et quelques de prochains vivant au monde, nous devons donc discerner quelle est notre vocation : qui est aujourd’hui notre prochain et comment, et jusqu’où l’aider ? Nos proches sont a priori des candidats. Mais pas nécessairement. Car nous ne sommes pas toujours les mieux placés pour cela, d’abord, ensuite parce qu’il y a peut-être une personne inconnue qui est abandonnée de tous et que Dieu cherche désespérément quelqu’un pour s’en occuper, et enfin, il est possible que nos goûts et nos forces entrent en compte,notre intuition, notre bon sens.
- Sur ce fameux commandement de Jésus, vous pourriez voir aussi ces prédications :
Prédication sur une parole de Jésus en Marc 12 invitant à faire preuve d’intelligence
Prédication : Délivrés du moralisme (Marc 12:28-34)
Prédication : Comment savoir qui est mon prochain ? (Luc 10:21-37)
Suite :
Vous pouvez participer au débat en faisant part de vos remarques et questions.
Quelques courtes définitions de mots essentiels de la théologie
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