« Au commencement était la Parole… » dit Jean, quelle est cette « parole »? le « Je Suis » entendu par Moïse ?
Question posée :
Bonjour
- Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2 Elle était au commencement avec Dieu. 3Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
(louis segond)
- Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. 2 Il était au commencement tourné vers Dieu. 3 Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui.
( Jean_1 tob)
On sent effectivement le rapport/ rappel direct à la genèse dans ces propos…
Vous allez me dire que je me fais des nœuds au cerveau peut être pour rien, mais qu’il s’agisse du mot » verbe » ou du mot » parole », on est bien d’accord que ces 2 mots peuvent avoir plusieurs sens ? Propre et figuré, réel ou métaphorique…D’où ma question en fait ? Qu’elle est elle cette parole ?
Est ce que ce sont des mots réels sous entendus et non dits ?
Une prière ?
Les mots que Jésus à dit de son vivant et reportés par les apôtres et premiers Chrétiens au travers des évangiles ?
Est ce le » je suis celui qui est « du buisson ardent ?
Sont ce des paroles positives et créatrices ?
Ou est ce encore le fait une métaphore pour nous dire qu’au tout début la parole, le verbe était avant toute chose et à provoqué la mise en place de la vie, de toutes les vies ?
A vrai dire, comme vous le voyez, je n’ai pour le moment personnellement que des questions…
Auriez vous de votre côté quelques pistes de recherches, ébauches de réponses à ces questions ?
Merci.
Amicalement,
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Vous avez raison, il y a une véritable difficulté à savoir de quoi il est question dans cette « parole », ce « logos » (en grec), c’est dans la Bible hébraïque « dabar », la parole révélée, mais aussi parfois « amar », la parole créatrice, ce qui apparaît ici d’une manière claire par le parallèle manifeste entre ce prologue de Jean et le début du livre de la Genèse, comme vous le soulignez.
La « parole » n’est pas à prendre au sens matériel où Dieu produirait des vibrations de l’air audibles par des oreilles humaines. En hébreu, le terme même traduit par parole est parfois traduit par actes. C’est une première particularité qui peut sembler étrange mais il est vrai qu’une parole peut tuer ou faire vivre, et c’est vrai qu’un acte est souvent parlant. cette curieuse expression de « parole de Dieu », donc, pourrait être traduite par « geste de Dieu » adressé à une personne. C’est une façon de dire comment Dieu nous apporte un geste de création, un supplément d’être et de vie, de qualité d’être et de vie : ce geste est comme une parole. C’est un acte de création le plus doux possible car une parole peut s’écouter ou non, elle peut être discutée, négociée, on peut y répondre ou non, il est possible de se laisser changer par une parole, d’intégrer le sens qui est signifié. Comme le dit Jean dans ce prologue, cette parole est adressée aux humains, car Dieu les reconnaît déjà, unilatéralement, comme « les siens », comme membres de sa famille, comme aimés. Et « les siens » ont a la fois « pas reçu » la parole adressée et ils l’ont aussi « reçu » ce qui leur donne le pouvoir de devenir réellement enfant de Dieu. Alors qu’avant nous n’étions qu’adoptés.
Dans un sens vous avez raison, cette parole est une prière, une prière que Dieu nous adresse à nous.
Ensuite, dans le contexte de la culture de l’époque de rédaction de ce texte le terme même de « logos » est certainement aussi entendu comme tendant une perche aux personnes sensible à la philosophie stoïcienne, très en vogue. L’Evangile selon Jean est écrit en langue grecque, pour les fidèles de communautés mêlant des personnes d’origine païennes, de culture grecque, en plus des personnes juives parlant aussi le grec. Le logos est alors effectivement quelque chose comme un schéma d’évolution transcendant. C’est pas mal non plus, à vrai dire, cela n’est pas si éloigné de la vision de Dieu comme créateur, nous étant à la fois externe (infiniment) et interne (au cœur même de notre façon d’être). Ce n’est effectivement pas loin du « Je Suis » du buisson ardent, au sens de l’être en soi, et la source de l’être.
C’est en tout cas une magnifique question à se poser, à creuser, à sentir. Et, je pense, à vivre dans la prière. Car au delà de l’infinie transcendance de ce « quelque chose » à la fois abstrait et très concret pour nous, il est bon, tellement de revenir à l’ami qui nous comprend, l’ami que l’on tutoie en pleine confiance. Il me semble utile de tenir les deux : le Dieu transcendant et l’ami que l’on tutoie, chacune des deux façons de le considérer corrigeant les risques de l’autre façon, et lui apportant un stimulation. C’est effectivement comme la réflexion théologique et la prière nous stimulent pour être un petit peu créateur nous-même.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
PS. Voir aussi dans le petit dico : Parole de Dieu
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