23 juillet 2024

deux mains croisées en prière, dans une église sombre, éclairée par une petite fenêtre - Image par Ri Butov de https://pixabay.com/fr/photos/pri%C3%A8re-foi-religion-esp%C3%A9rer-6764197/
Question

« Il faut offrir toutes nos souffrances à Dieu pour participer au salut du monde », ce type de propos m’horrifient.

Question posée :

Bonjour Pasteur,
que pensez-vous de cette phrase, propos que j’ai entendus d’un invité chrétien : « il faut offrir toutes nos souffrances à Dieu pour participer au salut du monde ». Personnellement, ce type de propos m’horrifient, alors oui, je dois être une très mauvaise chrétienne, merci pour votre point de vue.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Offrir ses souffrances à Dieu ?

Je suis tout à fait d’accord avec vous sur cette incroyable et même choquante idée d' »offrir sa souffrance » à Dieu. Cela me semble même une injure à Dieu que de penser que notre souffrance lui apporterait en quoi que ce soit une satisfaction. Dieu se réjouit de notre bonheur, pas de nos souffrances.

Participer au salut du monde ?

Mais c’est certainement une bonne idée de chercher à « participer au salut du monde », à notre mesure, à notre façon. C’est la vocation de la personne humaine que d’être créatrice, et donc de participer « aux œuvres de Dieu », comme le dit Jésus à ses disciples : « Tant qu’il fait jour, il faut que nous fassions (au pluriel) les oeuvres de celui qui m’a envoyé (Dieu) » (Jean 9:4). Ce n’est pas un ordre ou une condition pour que Dieu nous aime (et donc nous garde, nous soigne et nous sauve), ce n’est même pas une condition pour être « une bonne chrétienne », mais c’est une inspiration naturelle, comme une rose développe son parfum, l’humain en forme trouve du bonheur à apporter du bonheur autour de lui. La passivité ou la méchanceté sont des pathologies, pas la nature de l’humain.

C’est vrai que quand on cherche à participer ainsi au salut du monde, un tant soit peu, on est souvent amené à la compassion pour un être qui souffre, ce qui est une source d’une certaine souffrance pour nous-même, c’est vrai. Et nous sommes appelés à l’action, ce qui demande un investissement, et donc une certaine fatigue. Tout cela est normal, mais ce n’est pas la souffrance ou la fatigue en elles-mêmes qui sont ainsi belles et bonnes, mais c’est l’amour qui est manifesté ainsi, et c’est malgré la souffrance et la fatigue que Dieu aime ce geste. Et il arrive heureusement des fois où une belle action ne demande pas de souffrance ni de fatigue, mais apporte simplement de la joie de pouvoir faire un geste ou de dire une parole qui fera la différence.

Que faire de la souffrance quand elle nous frappe ?

Ensuite, que faire de la souffrance quand elle nous frappe ? Au lieu de l’aimer, on peut la repérer comme mauvaise et contraire à la volonté de Dieu pour nous. On peut alors la combattre avec l’aide de Dieu, dans la mesure où c’est possible, et quand la cause de la souffrance ne peut être écartée, nous pouvons travailler à la supporter sans être submergé : cela demande aussi l’aide de Dieu car ce n’est pas toujours évident. Je dirais donc que plutôt que « d’offrir notre souffrance à Dieu », nous pouvons prier Dieu pour faire équipe avec lui contre la souffrance, travailler ensemble avec lui de façon positive pour écarter au maximum le côté nocif de la souffrance sur le monde et sur nous.

Être une mauvaise chrétienne ?

Enfin : qu’est-ce qu’être une « mauvaise chrétienne ? » Ce serait de ne plus penser à Dieu, de n’être plus sincère et confiant en lui. Si vous ne pensez pas la même chose que ce que vous disent de croire ou de faire certaines personnes, vous avez tout à fait raison de ne pas vous sentir obligée de croire ou de faire ce que ces bons apôtres vous disent, parfois au nom de Dieu lui-même et verset biblique à l’appui. En Christ vous êtes en ligne directe, personnelle avec Dieu, en confiance dans son amour pour vous. Après avoir écouté les uns ou les autres, vous pouvez réfléchir et prier dans l’intimité, placer la question devant Dieu, et discerner par vous-même ce que vous pensez juste et désirez faire, en conséquence. Dans la mesure où votre relation personnelle à Dieu est ainsi sincère et confiante, ouverte, Dieu est assez grand, assez aimant et assez patient pour vous aider à perfectionner encore votre cheminement de pensée et de vie. N’ayez donc pas peur de penser de travers, mais plutôt de ne pas oser penser en aimant Dieu. Jésus lui-même nous y encourage, chacune et chacun, sans condition (voir cet article, si vous le désirez). Mais j’ai vraiment l’impression que votre foi est déjà largement libre, intelligente, s’interrogeant et confiante en Dieu. N’ayez rien à craindre de ce côté là. Vous êtes en chemin.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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6 Commentaires

  1. Jacques dit :

    Je ne crois pas que la souffrance soit une valeur qui nous rapproche de Dieu.

    Jésus à soulagé toutes les souffrances humaines auxquelles il était confronté.
    Les souffrances de sa passion nous disent l’invitation au pardon et à l’amour de Dieu et des autres. Ce n’est en aucun cas un appel à la souffrance humaines qui n’est pas rédemptrice de quoi que ce soit.

  2. Magdalena dit :

    qd je n’arrive pas à l’empêcher( ma souffrance) en effet je demande au Christ qui l’a connue de m’aider , et je pense à tous ceux qui souffrent atrocement et alors je me dis c’est aussi la seule façon de ne pas les oublier . Penserais je à eux si je n’avais aucune souffrance ? pas sur

    1. Marc Pernot dit :

      C’est une bonne façon de transformer un mal en bien : faire que de notre souffrance nous puissions grandir dans notre compassion à ceux qui souffrent.
      C’est le propre de ce qui est fait avec Dieu et par Dieu : même du mal il faut faire un bien (comme le dit Joseph en Genèse 50:20). Ce n’est pas pour autant que la souffrance de départ était bonne, ni indispensable, et encore moins voulue par Dieu. Il a d’autres moyens pédagogiques que la souffrance pour nous ouvrir la compassion. Lui c’est pas l’amour, les bons soins, l’accompagnement, les appels, les encouragements… qu’il cherche à nous inspirer, à crér en nous un cœur qui aime, des yeux qui voient, des oreilles qui entendent et une tête qui réfléchit. Mais tant qu’à faire que le malheur nous soit tombé dessus, il essaye de nous soulager et de faire de ce mal une source de bien.

  3. Ute dit :

    Face à Dieu il n’y a pas de « il faut » ! Il n’y a pas d’obligations. En toute chose, Il nous veut libre.
    Selon Sa Parole, il n’y a que des invitations : « Je me tiens à votre porte et Je frappe… si vous m’ouvrez, J’entrerai …  »
    Si notre souffrance et nos douleurs sont trop lourds à porter, notre Sauveur nous invite de les Lui offrir, en les joignant à Sa Sainte Croix. Pourquoi ? Qu’il puisse les porter avec nous. Que notre souffrance et nos douleurs soient enveloppées, entourées et imbibées…, d’Amour et au moins, soulagées ! 😌
    C’est une invitation ! On est libre d’y répondre ou non !
    Et Son Amour pour nous ne change pas, quelle que soit notre réponse !
    Bon courage à celles et ceux qui souffrent. Ne perdez pas l’espérance…

  4. Michel dit :

    Je souffre et j’ai besoin d’aide que la médecine ne pourra peut-être pas m’accorder. Ma seule question : est-ce que l’Homme-Dieu , celui que j’appelle Rabbouni, est ACTUELLEMENT (en juillet 2024) toujours vivant, agissant, bienveillant et thaumaturge ?!!! Je n’ose invoquer un fantôme mais il me plaît de Le harceler, jour et nuit, pour ma survie, comme la Cananeenne mécréante.  » Please, Rabbouni, quelques miettes tombées de la table d’apparat !  » Mais un tel silence…une si longue absence…une apparente indifférence…  » Dieu est caché. Mais il reste l’homme de douleur.  » (Claudel, chemin de croix, 10e station).

    1. Marc Pernot dit :

      Le rabbouni répond souvent « ta foi t’a sauvé, va en paix ».
      C’est cette bénédiction dont je vous assure, dans la santé comme dans la maladie. L’apôtre Paul aussi, souffrait d’un mal, et il a reçu cet apaisement : l’assurance de la grâce de Dieu dans sa faiblesse.

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