Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Par : pasteur Marc Pernot

Quand Jésus veut résumer ce qui est l’essentiel de la foi et de la religion, il propose ceci :  » tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force. «  1, Jésus cite alors un verset de la Bible2 , mais c’est lui, Jésus, qui a ajouté le  » tu aimeras Dieu de toute ton intelligence «  qui ne se trouvait pas dans l’original du Deutéronome. Cet ajout a très certainement fait un choc à ceux qui écoutaient Jésus, puisque ce texte était la base de leur théologie, qu’ils le récitaient chaque matin en se levant et chaque soir en se couchant… Quand Jésus dit cela, il nous encourage très très fortement à utiliser notre intelligence, il fait même de la réflexion personnelle un devoir quotidien pour chacun de nous.

L’intelligence est donc selon Jésus une alliée de la foi, qui n’a rien à craindre de l’intelligence, au contraire. La foi n’a rien à craindre des sciences physiques ou humaines, ni de la recherche biblique, elle n’a rien à craindre des débats philosophiques ou théologiques.

L’intelligence est même, pour Jésus, une dimension essentielle de la foi. Jésus nous dit qu’aimer Dieu véritablement, c’est l’aimer en réfléchissant par soi-même. Ce n’est pas du tout une évidence. Bien des gens pensaient, et même pensent encore aujourd’hui, que pour bien aimer Dieu il faudrait renoncer à réfléchir par soi-même, qu’il faudrait sacrifier son intelligence au nom de la foi. Jésus dit ici le contraire. L’intelligence, selon ces paroles de Jésus, est une des dimensions de la foi, une dimension essentielle, bien sûr, puisque l’intelligence est une des plus excellentes qualités que Dieu donne à l’homme. Certes, la foi est plus large que l’intelligence, car Dieu reste évidemment en grande partie inconnaissable (même nos plus proches parents le sont aussi pour nous…). Mais l’intelligence fait partie de la foi.

Jésus part ainsi de la Bible et il y ajoute le devoir de réfléchir par soi-même sur cette base, même si les théologiens professionnels ne sont pas d’accord, bien sûr, puisque cela remet en cause leur pouvoir sur le petit peuple. Jésus propose de composer une équipe formée de la Bible et de l’intelligence. Il ne réserve pas cette démarche à une élite de théologiens professionnels, mais il fait ainsi de la réflexion personnelle un devoir de base, quotidien, pour toute personne, le devoir d’appliquer son intelligence dans toutes les dimensions de sa vie, à commencer dans sa recherche de Dieu, mais aussi dans sa religion, dans sa façon de faire de la théologie, dans sa façon d’aimer les autres et d’agir.

Jésus invite chaque croyant à réfléchir par lui-même, dans la confiance que nous donne l’amour de Dieu pour nous. C’est une constante des paroles et de la façon d’être de Jésus : ses paraboles nous invitent à réfléchir, mais aussi : ses commandements impossibles du genre « soyez parfaits comme Dieu lui-même est parfait« 3 , ses paroles provocantes, ses gestes, sa liberté vis-à-vis des commandements de la Loi de Moïse, sa mort même… Tout nous invite à réfléchir par nous-mêmes, et à cheminer ainsi dans l’amour de Dieu. C’est alors que nous serons dans une relation vraie avec Dieu. Quand on a réfléchi par soi-même à ce qui nous semble être juste aux yeux de Dieu, on est bien plus dans la vérité, au sens de l’Évangile, que quand on nous force par la crainte à suivre une voie toute tracée.

1 Marc 12:29

2 Deutéronome 6:5 (le Shema Israël)

3 Matthieu 5:48

Pour poursuivre, si vous le désirez, vous pouvez regarder cette prédication sur une parole de Jésus en Marc 12, ainsi que celle sur « Comprendre pour croire & croire pour comprendre »

Marc Pernot

Suite :

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3 Commentaires

  1. Émile-Gabriel dit :

    Beaucoup de contradictions dans ce que vous dites. Jésus n’appelle surtout pas à ce que nous réfléchissons par nous même.
    1. Il ne peut pas être en contradiction par rapport à la Parole et Volonté de son Père, notre Dieu et Père. Proverbes 3″ Ne tappuie pas sur ta sagesse; Reconnais le dans toutes tes voies, Et il aplanira tes sentiers »
    2 il nous invite au contraire à rentrer en symbiose avec la Volonté de Dieu le père. Notre propre réflexion qui est charnelle , basée sur les émotions humaines et donc imparfaite doit être remplacée par une volonté de notre part à suivre Sa Volonté. À travers l’acceptation de Sa Souveraineté même dans nos réflexion puis dans notre marche au quotidien avec Lui.
    3. Enfin, comprendre que nous avons plus à gagner en nous délaissant complètement à Lui, c’est une grâce. Nous sommes ni saint, ni intelligent, ni parfait aux yeux de Dieu.

    Biensûr nous devons pas être des moutons , et faire du suivisme religieux mais plutôt un sacrifice choisi et réfléchi de faire Sa Volonté.

    1. Jean dit :

      cf https://jecherchedieu.ch/temoignages/l-amour-venant-d-un-coeur-pur-bonne-conscience-foi-sincere-1-timothee-1/

      cf http://lvc.philo.free.fr/Kant-Lumieres.pdf (texte de philosophie cité par Marc dans la prédication ci-dessus)

      Selon la Genèse, les humains sont créés par Dieu à l’image de Dieu, donc selon ce point de vue nous devrions pouvoir être créatifs et créateurs en potentiel.
      Nous sommes nous-même des sources en potentiel. Pas des marionnettes, même de Dieu. Nous sommes des sources. De lumière. D’amour. D’espérance. De raison. De théologie. De philosophie. De science au sens scientifique moderne du terme (sans parler des applications éventuelles ou des technologies commerciales).

    2. Marc Pernot dit :

      Notre sagesse, notre intelligence, notre conscience personnelle sont des dons de Dieu. Ce qui n’empêche pas ce merveilleux don d’être utilisé contre la foi, contre Dieu, et alors effectivement c’est un mauvais usage d’un bon outil. Comme on peut utiliser une hache pour bâtir un hôpital, ou pour tuer des gens. De même Jésus nous encourage de faire un bon usage de ce merveilleux don de Dieu qu’est notre intelligence.

      La suite du texte confirme que Jésus encourage à utilise d’une belle façon notre intelligence, en effet nous avons dans le récit « Jésus, voyant que l’homme avait répondu avec intelligence, lui dit: Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » (Marc 12:34). Ce compliment va très loin : un bel usage de notre réflexion personnelle est le signe que nous sommes tout proche de Dieu.

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