regard de peur d'une jeune femme - Photo by Marina Vitale on Unsplash
Foi

En permanence il me revient cette phrase, juste après « Dieu est amour » c’est : il faut avoir peur de Dieu

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La peur de Dieu, si nocive, et parfaitement injuste.

Question posée :

Bonjour Marc,

S’il vous plait aidez-moi car, malgré mes efforts, je n’en finis pas de bloquer sur cette question. Faut-il avoir peur de Dieu, oui ou non ? J’ai bien compris que non, il ne faut pas avoir peur de lui dire bonjour et de lui adresser une prière.. Mais en vrai..? Je veux dire par là.. La seule phrase qui revienne en permanence du début à la fin, juste après « Dieu est amour » c’est: il faut avoir peur de Dieu.

Aujourd’hui j’ai lu le Psaume 2. Je pense en avoir compris le sens, j’apprécie l’annonce du règne de Jésus, je me ressource en lisant « Heureux tous ceux qui se confient en lui ». Je me focalise naturellement sur la fin du psaume. Mais dans la partie Méditons du guide de lecture, je lis « Dieu ne tolère aucun mal et il le jugera un jour. Seigneur, enseigne-moi à te craindre, pour que jamais je ne déroge à tes voies » en référence au fait que la colère de Dieu est prompte à s’enflammer.

D’abord, je ne suis qu’un être humain, je déroge aux voies de Dieu mille fois par jour dès mon réveil, si jamais un jour on invente les jeux olympiques de celui ou celle qui déroge le mieux aux voies de Dieu, je remporterai une médaille. Peut-être pas la médaille d’or mais quand même, je ferais un bon score. Si la colère de Dieu est prête à s’enflammer, je suis vraiment dans de sales draps.. ensuite, et je devrais dire, pourtant… je n’ai pas envie d’avoir peur de Dieu… Personne n’arrive pas à bien aimer dans la terreur. Moi, ça m’émerveille quand je me dis, Dieu m’aime.. C’est dingue ça, qu’un Dieu tel que lui puisse aimer un être humain tel que moi, c’est merveilleux ! Oui, MAIS! Il faut quand même en avoir peur. Un coup Dieu m’aime, un coup il me juge, un coup Il m’aime, un coup sa colère s’enflamme… ça me stresse ! J’ai l’impression de jouer à la roulette russe.. Je ne comprends pas et ça me déprime. Comment sortir de ce cul-de-sac spirituel ?

Bonne journée

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

La peur de Dieu est une arme facile dans les mains des chefs d’église qui veulent gouverner leurs sujets. C’est pourquoi ils ne sont pas prêts à l’abandonner.
C’est vrai que dans l’ancien temps il y a pu y avoir une crainte de Dieu pour la raison que vous invoquez : le profane ne peut être en contact avec le sacré sans être grillé sur place, cela impliquant la distinction d’une caste de prêtres capables après mil rites de purification d’entrer dans l’espace sacré malgré les tabous, et d’être en contact avec la divinité. Comme c’est commode : une caste invente un problème et le met dans la tête des gens avec pour seule solution de passer par les membres de la caste pour avoir la solution (la protection, la vie future, la chance, de bonnes récoltes, de beaux enfants, etc). En Christ, comme vous le dites, chacune et chacun est digne d’être en contact avec Dieu sans crainte. Autrement dit sous forme de récit : « le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas » (Matthieu 27:51), le monde entier devient le « saint des saints », espace sacré entre tous, lieu de présence de Dieu, et chacune et chacun devient grand-prêtre de ce temple nouveau.
Il n’y a plus de crainte à avoir, tous les lieux sont saints, votre cuisine tout autant que le mont du temple à Jérusalem.
  • Le « ne craignez pas » ou « que votre cœur ne se trouble ni ne s’alarme » reviennent dans la bouche de Jésus, son « je vous donne la paix« , « va en paix« .
  • L’apôtre Paul en parle quand il dit « Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! » (Romains 8:15). Et il montre qui est Dieu dans son hymne à l’amour, c’est à dire à Dieu (1 Corinthiens 13)
  • Jean en parle, disant « La crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. » (1 Jean 4:18-19).
Il peut rester une certaine crainte qui n’est pas de la peur, mais qui est d’être impressionné comme quand j’ai déjeuné avec sœur Emmanuelle, il y a être 25 ans, je n’avais bien entendu rien à craindre de cette frêle personne âgée sans aucun pouvoir de me faire quelque ennui que ce soit, mais comment ne pas être impressionné par cette personne rayonnante, ce regard, ces paroles d’une incroyable intelligence et justesse. Alors devant Dieu, c’est bien normal d’être impressionné, mais je pense qu’effectivement son amour bannit, chasse, élimine toute peur de lui, et d’ailleurs de la vie.
Ce une conviction théologique, c’est une pratique aussi. Comme le dit Jean, et comme vous l’exprimez fort bien aussi, cette peur vient troubler notre ouverture à Dieu en confiance, en sincérité. En plus, la peur n’est pas une bonne motivation pour se tourner vers Dieu est être bien sage, car c’est alors en ayant peur pour soi-même, sous la menace, le chantage, on est encore dans le régime de l’égoïsme et non le régime de la grâce.
Donc, à mon avis, vous pouvez oublier la roulette russe, Dieu n’a ni pistolet, ni balles, ni menaces contre vous.
Vous le savez très bien. Intellectuellement. Seulement, cela prend un peu de temps pour se délivrer et être délivrée (par Dieu) du traumatisme quand on a subi ce dressage à la cravache de la peur de Dieu.
Dieu vous bénit et vous accompagne
Marc

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par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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