Je comprends la bonne nouvelle du Christ « heureux vous qui… » mais pourquoi ajouter « malheur aux riches… » ?
Question posée :
Bonjour cher pasteur,
Quelle merveilleuse initiative que l’idée de ce blog. Du pur bonheur par ces temps de morosité ambiante… En outre, le format est tout à fait adapté, ainsi que vous le suggérez d’ailleurs, à une lecture dans un moment perdu de la journée, ou de préférence en ce qui me concerne, dans la tranquillité le soir. Bravo donc, et mille merci.
Et, comme vous nous y invitez, je me permets de vous poser une question, à propos de l’évangile de Luc 6, 17-26. Ma question est la suivante : lisant ces versets de l’évangile de Luc, je me pose la question de savoir pourquoi, dans celui-ci mais aussi dans beaucoup d’autres, faut-il que le Christ, tout en annonçant la bonne nouvelle « heureux les pauvres, les miséricordieux, les déshérités, car … »-, croit souvent -toujours ?- nécessaire de s’empresser d’ajouter, pour résumer, « mais malheur à vous qui … », fustigeant ainsi les riches, les possédants…qui ne sont pas tous des profiteurs, et d’ailleurs quand bien même ??? Le salut pas la seule grâce de Dieu n’aurait-il pas vocation à concerner tout les croyants ?
Bonne journée et très fraternellement.
Réponse d’un pasteur :
Grand grand merci pour ce message fraternel et plein d’encouragements !!!
Il est clair que vous avez raison : Jésus ne s’intéresse pas en fonction du compte en banque des gens ! Il fréquente les riches comme les mendiants du bord de la route. Et d’ailleurs, il fréquente les personnes biens sages et serviables comme les brigands, là aussi, il ne trie pas.
La version la plus connue de ces promesses de bonheur de l’évangile du Christ (appelées traditionnellement les Béatitudes, voir ci-dessous) se trouve dans l’évangile selon Matthieu (chapitre 5), et ne comporte que des « heureux ceux qui… », c’est la version qu’en donne Luc qui comporte en plus des « malheur à vous qui… ». Cela pourrait passer pour des sortes de malédictions envoyées par Jésus contre les riches, les rassasiés et ceux qui ont la chance de recevoir des félicitations. Mais ce qui est traduit par « malheur à » n’a rien d’une malédiction dans le texte grec, c’est une onomatopée qui signifie « aïe », ou « holàlà mes pauvres », parce que cette situation est dangereuse et difficile.
En fait, Luc aime mettre en valeur son annonce comme un appel au choix du lecteur, un appel à faire le bon choix qui est celui de la confiance en Jésus-Christ, évidemment. Par ces 4 béatitudes assorties de 4 lamentations, Luc met bien en valeur un choix entre deux confiances, entre deux types d’objectifs dans la vie.
C’est une certaine pédagogie. Mais au moins ce n’est pas la pédagogie de la carotte et du bâton comme dans le Deutéronome (ch. 28, par exemple) promettant la bénédiction de Dieu aux justes et de terribles peines infligées par Dieu aux infidèles. Dans les Béatitudes selon Luc, il y a du bonheur d’un côté : une dynamique de vie pour ceux qui sont avec Christ, et les autres sont particulièrement à plaindre. Que réserve Dieu à ces derniers ? Si l’on regarde l’attitude de Jésus et entend ses paroles, ces malheureuses personnes seront tout particulièrement entourées, cherchées, aimées, attendues par Dieu. C’est ce que dit et fait Jésus presque à chaque page des évangiles, en particulier dans l’évangile selon Luc au chapitre 15 (avec la parabole de la brebis perdue, si justement célèbre). Vous avez raison, la grâce de Dieu est pour tous, croyants et incroyants, fidèles et pécheurs (nous sommes d’ailleurs tous plus ou moins les deux).
Cela nous laisse toutes nos chances, non ?
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
Les « Béatitudes »
Selon Matthieu, chapitre 5Voyant les foules, Jésus monta sur la montagne, il s’assit, et ses disciples vinrent à lui. Puis il prit la parole et se mit à les instruire :
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Selon Luc, chapitre 6Jésus, levant les yeux sur ses disciples, il disait :
Mais :
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Traduction de la Bible : voir NBS
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