mosaïque représentant le Christ - Image par Thomas B. de Pixabay
Question

Perspective : Protestants, catholiques, orthodoxes, tous les mêmes ?

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N°4 d’Une perspective à la foi
Eglise Protestante de Genève.
Un encouragement à réfléchir, discuter :
par exemple dans les commentaires ci-dessous.

Protestants, catholiques, orthodoxes, tous les mêmes ?

Dans le contexte de la semaine de l’unité des chrétiens, cette interrogation est déjà plus qu’une question. Elle contient en elle-même la suggestion d’une caractéristique qui viendrait en quelque sorte parachever l’unité des chrétiens en les rassemblant sous le qualificatif du « même ».

Mais les chrétiens sont-ils vraiment tous les mêmes, c’est-à-dire en quelque sorte tellement uniformisés par leur religion que chaque chrétien serait identique à un autre chrétien ? Et le terme « identique » irait jusqu’à nous suggérer alors que c’est l’identité même de chaque chrétien qui serait semblable à – ou même que – celle de tous les chrétiens.

Nous pourrions argumenter contre une telle uniformité à partir des différences qui marquent les séparations entre protestants, catholiques et orthodoxes. Différences théologiques évidentes qui se traduisent, par exemple, dans le culte, comme les diverses compréhensions de la Sainte Cène et tous les « degrés » de présence du Christ dans le pain et le vin, avec une diversité y compris au sein de chaque branche de la religion chrétienne. Nous pourrions alors rétorquer que, pour autant, tous les chrétiens ont ce point commun de se rassembler, de « communier », pour reproduire la Sainte Cène originelle de Jésus et de ses apôtres. Il en serait probablement ainsi de beaucoup de différences théologiques apparentes ou réelles, et sans vouloir nier de telles différences, autant de points communs pourraient ainsi être évoqués en contrepartie pour argumenter en faveur des « chrétiens tous les mêmes ».

Peut-être alors nous faut-il déplacer le propos, ou plutôt nous déplacer nous-mêmes pour changer le « point de vue », au sens littéral de l’expression, c’est-à-dire du point d’où l’on voit.

Si l’on se place, par exemple, du point de vue de la parole et du langage, alors apparaissent d’autres voies de compréhension de ce qui peut rassembler des chrétiens, qui ne sont peut-être pas tant les mêmes que justement radicalement autres. Mais on peut être autre et pourtant proche, et même frère et sœur en christianisme. Le mot autre vient alors en place du mot même. Il maintient la distance au sein des ressemblances, parce que la parole de Jésus ne s’adresse pas à une foule anonyme, et même quand elle le fait, elle s’adresse à chacune et à chacun d’entre nous en tant que « tu », être humain unique et d’égale valeur aux yeux du Christ. L’autre à cet égard n’est jamais moi-même.

Allons encore un peu plus loin. La conséquence de ce primat de la parole de Jésus adressée à chacune et chacun de nous, c’est de créer un lieu de rencontre de tous les chrétiens, qui est le lieu de la Parole. Point commun à double titre, parce que la parole est la rencontre entre Jésus et nous, et la rencontre des humains entre eux, les deux, pour un chrétien, se rejoignant, par exemple dans la confession de foi ou dans la prière communes.

Enfin, la parole de Jésus dans l’Évangile est reconnue par tous chrétiens pour quelque chose de plus : elle parle au-delà de la parole, elle dit plus que ce qu’elle dit, comme dans les paraboles qui sont à cet égard des « évènements de parole », c’est-à-dire quelque chose qui advient, qui concerne chaque chrétien individuellement et chaque communauté chrétienne recevant cette parole.

Enfin, à l’extrême, la Parole va jusqu’à la Croix, elle est inclusive de la Croix et de la Résurrection, qui ne signent pas la fin de la parole, la fin du Verbe, mais au contraire sa poièsis, sa puissance de lumière, au cours des siècles, « qui éclaire tous les hommes en venant au monde. » (Jn 1,9).
Alors protestants, catholiques, orthodoxes non pas « tous les mêmes », mais rassemblés au lieu d’une même parole, la Parole du Christ.

Jean-Yves Rémond
Docteur en théologie
de la Faculté de théologie protestante de Genève,
pour l’équipe de Perspectives protestantes

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