Peut-on demander à Dieu d’agir pour dissuader quelqu’un de faire le mal ?

Par : pasteur Marc Pernot

Excellente question quant à l’efficacité de la prière d’intercession. Nos fantasme là dessus a fait plus d’athée que tous les athées militants du monde dans les cent dernières années.

Question posée :

Bonjour

Vous dites que Dieu ne peut pas nous manipuler comme une marionnette avec des ficelles.

Est-ce que ce serait un viol des consciences si Dieu empêchait quelqu’un de se droguer ou de faire mal à quelqu’un d’autre ? 

Cela signifierait-il qu’on ne peut rien demander à Dieu quand il s’agit de dissuader une personne de faire du mal?

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Votre remarque est très intéressante.

Je pense effectivement que Dieu ne peut pas nous manipuler comme une marionnette avec des ficelles. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne puisse rien faire non plus, et je suis certain qu’il fait vraiment sans cesse du mieux qu’il peut. Que peut-il faire ?

1. En tout cas : Dieu lance des appels qui se font entendre au fond de notre conscience humaine (c’est ce que l’on appelle dans la Bible son Esprit, son souffle ou sa Parole). Encore faut-il que nous y soyons sensible, que nous y prêtions attention, que nous adhérions à ce qu’il nous souffle ainsi… Donc, effectivement, ce n’est pas gagné d’avance. Et effectivement, c’est assez favorable de s’entraîner à discerner cette voix de Dieu en nous, de discerner si ce que nous percevons viendrait, ou non, de Dieu, ou de quelque chose en nous qui s’exprime dan snos profondeurs.
2. Dieu a des moyens d’actions qui sont d’un autre ordre que ce que nous pouvons penser. Il n’y a qu’à « voir » le fonctionnement de la matière de ce monde telle qu’appréhendée par la physique quantique, cela laisse déjà songeur. Alors : aux échelles de la réalité où Dieu agit, celle de la source de ce qui existe…

Donc Dieu n’est ni tout puissant, ni impuissant. Il est en tout cas bienveillant et bienfaisant.

Et quelle qu’elle soit, notre prière pour nous et pour d’autres est une façon de s’ouvrir à lui, Dieu. Il en fera ce qu’il en voudra, ce qu’il pourra, en tout cas cela ouvre du possible.

En ce qui concerne notre prière pour les autres. On peut se demander, en effet, quand une personne se drogue, que fait Dieu ? C’est mauvais pour cette personne, cela dégrade et diminue cette personne, Pourquoi Dieu ne l’empêche pas ? Ne la sauve pas ?

Ça ne peut pas être parce que Dieu ne saurait pas que cette personne a un problème de drogue. Ça ne peut pas être non plus parce que Dieu ne saurait pas que la drogue abîme une personne. Ça ne peut pas être parce qu’il s’en fiche qu’une personne gâche sa vie (Dieu aime chacune de ses créatures). Ça ne peut pas être parce que Dieu lui demande d’agir, ou achète sa bonne volonté par des sacrifices, des privations, des prières (car l’amour véritable ne s’achète pas).

Dieu fait tout ce qu’il peut pour sauver cette personne, comme Jésus nous dit que le bon berger fait tout, ardemment, pour chercher sa brebis perdue, qu’elle se perde par sa propre faute, ou qu’elle soit victime des autres, ou des catastrophes, de la maladie. Nous ne prions donc pas pour attirer l’attention de Dieu sur un problème, ni pour convaincre Dieu d’agir, ni pour lui donner des ordres.

Mais, par contre, on peut penser à une personne devant Dieu, on peut penser devant lui à notre espérance pour cette personne. Cela a de l’importance :

Nous nous associons ainsi à Dieu pour espérer le meilleur pour cette personne. Nous nous ouvrons nous-même à Dieu comme une source : et ça, c’est une bonne chose (à condition de ne pas attendre que Dieu fasse ce que nous lui demandons comme nous l’avons imaginé : car être fixé de cette façon présente un grand risque de déception, et de perte de foi, hélas). Dieu exauce la prière, sans pour autant faire ce que nous avions demandé, vu à notre niveau :

1. Dieu peut alors nous dire ce que, nous-mêmes, nous pouvons faire pour cette personne. Dieu a besoin d’anges pour aller auprès d’elle pour l’aider, pour lui porter quelque chose qui vient de Dieu: de l’aide, une parole de bénédiction, de l’amitié…
2. Dieu peut nous aider à étendre cette belle compassion que nous avons eu pour ce cas particulier, où peut-être nous ne pouvions pas faire grand chose, à telle ou telle situation particulière dans notre entourage direct où effectivement nous pourrons avoir le petit geste ou parole qui fera la différence.
3. On peut prier ainsi en pensant à quelqu’un : il est bon aussi de lui dire que l’on prie pour elle, pour qu’elle sache ainsi à quel point elle compte pour nous, et qu’elle ait une chance supplémentaire de se tourner vers Dieu avec espérance et s’ouvrir à sa puissance de guérison. Car alors cela renforce ce travail d’équipe de « Dieu avec nous », ce n’est pas une ficelle de marionnette que Dieu aura pour prendre le contrôle de la personne, mais c’est même plus fort : c’est une confiance plus développée de la personne dans les bons soins de Dieu, c’est une écoute de ses suggestions pour faire sa propre part dans l’équipe, c’est un lait pour l’aider à grandir, la douceur du miel dans sa bouche.

La prière d’intercession pour une personne (ou un peuple, une situation, pour le monde) : cette prière est donc puissante, sans être pour autant une télécommande.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot