Concernant le salut, qu’est-ce, exactement ?
Question posée :
Bonjour,
Concernant le salut, qu’est-ce, exactement ?
Voici différentes options : laquelle est la plus proche de ce que dit la Bible, selon vous ?
- nous sommes tous « perdus », et « évangéliser » (annoncer la bonne nouvelle) consiste à sortir les gens de l' »enfer » pour les mener au « paradis »
- nous sommes tous « sauvés », et « évangéliser » consiste à le dire aux autres, pour les rassurer (comme un médecin qui rassure son patient concernant des symptômes inquiétants)
- autre ?
Et encore faut-il définir « perdu », « sauvé », « paradis », etc.
Merci d’avance pour votre réponse
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Merci pour cette recherche. Et merci de me l’avoir adressée, cela nous permet de chercher en dialogue.
Concernant le salut, qu’est-ce, exactement ?
- Cette question est intéressante. Car spontanément, ce n’est pas spécialement une question qui préoccupe nos contemporains alors qu’il y a cinq siècles et plus, c’était la grande question, en plus de celle de survivre dans des conditions de vies infiniment plus difficiles et précaires que celles que nous connaissons aujourd’hui dans la plupart des pays du monde (tant que cela ne s’empire pas trop).
- Il y a bien quelques mouvements religieux extrémistes (pas seulement dans l’Islam, mais dans les religions venue d’Inde, et même dans le christianisme) que la question du salut est élevée au rang de moyen de pression majeur. Pourquoi ? parce que la peur est le moyen de manipulation des masses qui est le plus efficaces. Il est donc utilisé par les extrémismes religieux, et par les idéologies radicales et autres complotismes.
- Et pourtant, c’est une vraie question qui ne devrait pas être sujet d’une peur mais d’enthousiasme, positivement, pour inspirer notre vie, la rendre encore plus belle et rayonnante. Et pour nous délivrer de ce qui pourrait nous troubler ou nous freiner dans notre développement.
Voici différentes options : laquelle est la plus proche de ce que dit la Bible, selon vous ?
Pas facile comme question, car il y a bien des choses dans la Bible et tout est une question d’interprétation.
Par exemple, il y a dans la Torah:
- une alliance inconditionnelle donnée par Dieu à Abram (Abraham) en Genèse 12, ou Dieu lui dit qu’il le bénit et qu’il sera bénédiction pour un grand nombre de peuples. Ensuite seulement Dieu conseille Abraham de se mettre en route. Le salut est donc premier, et ensuite, il s’agit de s’ajuster.
- une alliance conditionnelle avec le Deutéronome, Dieu disant (par l’intermédiaire de Moïse, De 30:15-20) : Vois, je mets devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, choisis la vie… celui qui suivra la Loi sera sauvé, et je ne réponds de rien pour les autres.
Certains théologiens prendront l’un des deux et en feront le cœur de tout, relativisant l’autre afin de le rendre cohérent avec celui mis en avant.
Au passage, c’est vraiment admirable d’ouverture de la part de ce peuple hébreu d’avoir constitué la Torah avec ce pluralisme, car cela devrait empêcher d’être sans nuance et sans discussions avec les autres. En quelque sorte, cela devrait être un vaccin contre l’idolâtrie (en sacralisant sa propre pensée sur Dieu comme si elle était divine), contre l’intolérance et le fanatisme. Mais bon, celui qui désire absolument, vivre comme cela y arrive.
Option 1 : nous sommes tous « perdus », et « évangéliser » (annoncer la bonne nouvelle) consiste à sortir les gens de l' »enfer » pour les mener au « paradis » ?
On peut effectivement trouver des passages bibliques qui peuvent être interprétés ainsi.
Ensuite, tout dépend ce que l’on entend par ce genre de théorie.
- L’enfer et le paradis sont souvent compris comme des lieux où vont les personnes dans la vie après la mort, c’est plus le cas dans les religions égyptiennes ou grecques de l’antiquité. Selon Jésus, c’est maintenant, alors que nous sommes encore vivant en ce monde que notre vie peut prendre une dimension qui est plus forte que la mort et qui reste vivante même quand notre cœur meurt. C’est ce que l’on voit dans cette première promesse de Jésus « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.! (Matthieu 5:3). Dieu nous a donné un peu de son Esprit lors de notre création, donc même un tout petit peu, nous sommes au bénéfice de cela.
- L’enfer, lieu de purification, est à vivre comme une libération de ce qui nous empêche de vivre et d’être épanoui, heureux. C’est à vivre aussi maintenant.
Il serait invraisemblable que Dieu, ce Dieu que Christ montre comme source de vie, ait inventé un espace de souffrance éternelle pour les personnes peu performantes. La parabole de la brebis perdue en Luc 15 montre que même la plus perdue des brebis perdue est cherchée par le Berger (Dieu), et Jésus ne doute pas une seconde qu’il finisse d’une manière ou d’une autre de la retrouver, ce qui mène à la joie de tous.
Option 2 : nous sommes tous « sauvés », et « évangéliser » consiste à le dire aux autres, pour les rassurer (comme un médecin qui rassure son patient concernant des symptômes inquiétants) ?
Oui, l’Évangile nous dit le pardon et l’amour de Dieu, et nous sommes envoyés pour dire l’amour de Dieu et son pardon à chacun, c’est-à-dire assurer que la personne est digne, humaine et aimée, que sa vie est précieuse même si elle est problématique par certains côtés.
Mais à mon avis, ce n’est pas seulement de la réassurance. Si le médecin reçoit un patient, lui dit « ça va aller », et le renvoie chez lui sans le soigner… je ne suis pas certain que ce soit la meilleure des solutions.
Le « salut » est un soin, comme Jésus le montre à tout bout de champ. Dans le grec des évangiles, c’est le même mot sozo qui dit « guérir » et sauver. Et chaque fois qu’une personne se lève dans un ce ces récits, on pourrait traduire qu’elle « ressuscite », Ces histoires de soins qu’apporte Jésus, histoire de miracles et de guérisons sont ainsi à double sens. Elles nous parlent aussi du travail de Jésus, travail de Dieu pour nous sauver, c’est à dire nous apporter des soins afin que nous nous portions mieux, que notre personnalité (infiniment aimée par Dieu) puise s’épanouir se développer, et si possible porter des fruits. Pour que cela soit possible, c’est vrai que ça aide de savoir que Dieu nous veut uniquement et toujours du bien, car c’est dans cette confiance que nous nous prêtons le mieux à ses bons soins.
Bravo encore pour vos recherches.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
Articles récents de la même catégorie
- Quelle est la différence entre les éditions de la Bible Segond ? Que pensez-vous d’une déclaration anticipée d’euthanasie ?
- Demande de traduction littérale du Psaume 139:16, notre vie et notre mort aurait-elles été déterminées par avance ?
- Jésus fils unique de Dieu, pourtant nous sommes enfants de Dieu nous aussi ? Pourquoi prier « au nom de Jésus », ou prier Jésus ?
Articles récents avec des étiquettes similaires
- « L’Éternel ton Dieu est au milieu de toi comme un héros qui sauve, il fait de toi sa plus grande joie » (Sophonie 3:17)
- Demande de traduction littérale du Psaume 139:16, notre vie et notre mort aurait-elles été déterminées par avance ?
- Jésus fils unique de Dieu, pourtant nous sommes enfants de Dieu nous aussi ? Pourquoi prier « au nom de Jésus », ou prier Jésus ?
Bravo Marc Pernot, comme tjs❤! Ma définition du salut, influencée par la lecture de François Varone (« Ce Dieu absent qui fait problème », et « Ce Dieu censé aimer la souffrance »), c’est que nous sommes tous sauvés! Si qqn n’avait pas pris soin de nous à notre naissance, nous serions tous morts à l’heure qu’il est, et c’est une particularité de l’être humain. Il est bcp moins autonome à sa naissance qu’un petit gorille ou qu’un petit chimpanzé. Nous sommes donc tous sauvés dès notre naissance, parce qqn a pris soin de nous. Est-ce que cette définition du « salut » vous parle aussi? 🙂
Merci pour les encouragements. Et merci pour cette remarque concernant notre vie comme petit nourrisson, cela me parle d’autant plus que c’est pour cela que j’ai accompagné l’article de cette image. Si les humains sont capables de prendre soin de ce petit être pas très performant qu’est un nourrisson, combien plus Dieu peut s’occuper de nous même si nous ne sommes pas vraiment (ou vraiment pas) fini comme humain (au sens où le Christ est l’Homme).