une dame âgée lit un poème de Saint Saens avec une loupe - Photo by Clément Falize on Unsplash
Développement

Pourquoi Dieu a mis autant de temps à se manifester ? Et ceux qui n’ont pas connu le Christ ? Et après la mort ?

Par : pasteur Marc Pernot

une dame âgée lit un poème de Saint Saens avec une loupe - Photo by Clément Falize on Unsplash

À y regarder de plus près, avec sincérité et fidélité, quelle merveilleuse histoire celle de la vie, celle de la foi, celle de ce monde, non ?

Question posée :

Bonjour
Arrivée à un âge avancé, j’ai passé mon temps à essayer de comprendre pourquoi Dieu, qui avait créé le monde il y a des milliards d’années ne s’est adressé que tardivement à un seul peuple, qu’il a élu, à qui il a envoyé ses prophètes, son Fils, qu’il a défendu contre d’autres peuples qu’il a massacrés. Il ne les aimait pas ? Pourtant Dieu a tellement aimé le monde… Et pourquoi Jésus a envoyé ses apôtres sur les routes en leur recommandant de ne pas aller chez les païens ? j’ai lu ça dans Matthieu.

Et nous alors ? Et ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus ?

Tout cela me paraît invraisemblable.

J’ai gardé la foi, mais je ne sais pas trop en qui et j’espère qu’il n’y a pas de vie éternelle. Pourquoi faire d’ailleurs ?

Merci pour votre éventuelle réponse que je lirai avec intérêt. Vous serez le seul à m’avoir répondu car j’ai interrogé d’autres personnes qui ne m’ont même pas répondu.

Mais il n’y a pas de réponse, je les comprends.

Avec mes salutations

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir madame

Bravo d’avoir cherché Dieu ainsi, et de ne vous êtres pas lassée de cette recherche. C’est une belle attitude, faite à la fois de sincérité et de fidélité.

La tâche de Dieu n’est pas facile, contrairement à ce que l’on pense il n’a pas de mains pour façonner la matière, il n’a pas de ficelles pour manipuler les choses et les êtres vivant. Il est dans une autre dimension, dans les profondeurs comme une source, dans les hauteurs comme un horizon, il est comme une inspiration en nous, comme une envie de se poser des questions, d’explorer, de chercher, de faire des projets et d’aimer.

Dieu aime tous les peuples, et chaque personne de toute l’humanité, comme un mère parfaite ou un professeur parfait aime et cherche à élever (dans le sens premier du terme) chacun de « ses » enfants, le plus sympa comme le plus turbulent. Je suis bioen du même avis que vous : la justice c’est cela, la justice de celui qui aime. Ensuite, Dieu est comme ce professeur ou comme cette maman. Peuvent-il déverser dans cet enfant la sagesse ? La joie ? La capacité à espérer, à aimer ? Peuvent-ils mettre dans le cerveau d’un enfant d’un an « La théorie de la relativité restreinte et générale » d’Albert Einstein ? Bien sûr que non. C’est un éveil progressif, c’est selon les talents et les goûts de chacun. En ce qui concerne l’humanité, c’est encore plus compliqué car chaque individu doit revivre en accéléré l’évolution de notre espèce depuis la cellule jusqu’à devenir nous-même, cela demande d’arriver à tirer quelque chose des générations passées, à commencer par le fait de marcher sur deux pattes (il y a quelques millions d’années), l’apprentissage des outils, du langage, de l’écriture (il y a 4 mil ans seulement) ! Donc oui, l’humanité apprend lentement, nous avons une vie si brève. Dieu fait ce qu’il peut.

Pourquoi les hébreux et pas un autre peuple ? Les autres peuples ont bien participé à l’aventure. C’est même précisément, je pense, un des atouts des hébreux : ils étaient un peuple faits de personnes venant d’horizons divers, installés à un carrefour étroit entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe, sur le passage entre deux immenses civilisations en Egypte et en Mésopotamie. Et puis c’est comme cela, il y a parfois une époque où il y a comme une étincelle dans un domaine. C’est dû à une époque, à une personne géniale, à la rencontre de deux personnes géniales, c’est dû aussi à un appel de Dieu et à son souffle. En tout cas, c’est vrai, il y a eu un miracle hébreu avec cette théologie et cette bibliothèque qu’est la Bible, comme il y a eu aussi un miracle grec avec la philosophie. A peu près à la même époque, d’ailleurs, entre -VIIe siècle avant Jésus-Christ et le Ier siècle après. Puis 2000 ans de débats entre ces deux bibliothèques hébraïques et grecques.

En ce qui concerne Jésus-Christ, c’est à la base l’espérance de Dieu, avec aussi des circonstances, celle d’une attente d’un Sauveur ultime (le Messie, le Christ) dans le peuple hébreu, la paix Romaine et le commerce dans l’empire favorisant une ébullition et une ouverture à la nouveauté. Et puis cet homme génial né dans un patelin improbable. Vous avez raison, c’est incroyable, improbable, miraculeux. Mais cela arrive : Pourquoi Jean-Sébastien Bach à ce moment là dans ce pays là ?! Il y a quelques raisons sans doute mais cela aurait pu ne pas arriver.

Par définition même, la mission du Christ est universelle pour tous les peuples de la terre comme il est dit en Genèse 12 dans la promesse faite à Abraham. Pourquoi alors Jésus a-t-il l’air de se limiter la plupart du temps à quelques personnes juives ? C’est une question de stratégie, il avait peu de temps (notre vie est si brève, encore plus à l’époque), c’est si difficile de faire évoluer ne serait-ce qu’un petit groupe de personnes, il a apparemment pensé qu’il était mieux de former le mieux possible une poignée d’hommes et de femmes, pour qu’ensuite cela fasse « tache d’huile » ou « boule de neige », se diffusant dans le monde entier. Il n’aurait de toute façon pas eu le temps de former en plus des esquimauds, des chinois et des papous. Les juifs étaient mieux préparés en théologie, en Bible, en espérance.

Alors, pour ceux qui n’ont pas entendu parler de Jésus, parce qu’ils vivaient avant ou vivaient loin ? Oui, c’est triste, dommage et injuste. Mais cela ne veut pas dire que leur vie et leur personen ne vaut rien !!! Bien sûr. Dieu aime et garde chaque personne dans son amour. Et la vie peut être belle sous tous les horizons. Je pense que l’artiste spirituel qui a peint les grottes de Lascaux a eu une vie exaltante, belle et féconde. Lui aussi.

La question qui se pose aujourd’hui pour nous qui avons Jésus Christ est plus de savoir ce que nous faisons de ce don que nous avons reçu. Et cette question était valable aussi pour l’artiste de Lascaux. Il aurait pu rester à faire la sieste dan sla fraîcheur de la grotte plutôt que de se casser le dos à peindre… Nous avons dans les mains, la tête et le cœur un trésor en Christ, c’est vrai. Cela fait donc partie de notre vocation.

Pour ce qui est de la vie future éventuelle, je comprends votre positions. Déjà, nous avons tendance à nous ennuyer quand il pleut un dimanche après midi et que nous avons fini notre livre. Alors l’éternité…
De toute façon, l’idée même d’une vie au-delà de ce monde sort de ce que nous pouvons saisir. Et ce n’est pas si important, je pense. Nous mourrons un jours, c’est vrai, seulement, tous les autres jours nous ne mourrons pas, nous vivrons. C’est là que nous sommes, c’est là que nous avons à vivre et à faire ce que nous pouvons.? Pour la suite, faisons confiance.
Demain s’occupera de lui-même. Je n’y mettrais pas ma main à couper, et je comprends qu’on pense qu’il n’y ait rien après la mort, mais personnellement, je pense qu’il y a quelque chose. Le miracle le plus improbable de tout ce qui est invraisemblable est que nous soyons vivant avec une personnalité, une capacité à aimer et un peu de liberté d’action. Ce qui ou celui qui a fait cela pourrait se débrouiller pour que cette merveille évolue ensuite sous d’autres cieux. En tout cas, nous verrons bien, je fais confiance et en cette source de la vie, que nous avons appris à aimer en Christ.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. Ichtyostega dit :

    Bonjour,

    je me suis posé la même question. Merci pour la question et cette belle réponse.
    Par exemple j’ai particulièrement apprécié le passage suivant entre autres :
    « En tout cas, c’est vrai, il y a eu un miracle hébreu avec cette théologie et cette bibliothèque qu’est la Bible, comme il y a eu aussi un miracle grec avec la philosophie. A peu près à la même époque, d’ailleurs, entre -VIIe siècle avant Jésus-Christ et le Ier siècle après. Puis 2000 ans de débats entre ces deux bibliothèques hébraïques et grecques. »

    Voici une suggestion complémentaire, je ne sais pas si c’est correct.

    Peut-être que Dieu attendait que les humains « trouvent » par eux-même, pour que Jésus soit compris par son entourage lorsqu’il fera la synthèse dy meilleur de ces recherches en une nouvelle synthèse ? Autrement, il y aurait risque de précher dans le désert, de n’être pas compris, pas reçu, pas repris, de ne pas initier un élan apostolique à sa suite…

    Le texte des évangiles me paraît en effet composé en grande partie à partir :
    – d’une part des livres des Prophètes, de certains psaumes et de la Torah et autres écrits bibliques de sagesse ou historiques ; cette Bible hébraïque étant elle-même entre autres le fruit d’une maturation par le peuple hébreu de certaines influences égyptiennes (alphabet hébreu dérivé à partir de l’écriture égyptienne…), babyloniennes (légende de Gilgamesh…), perses (zoroastrisme de Cyrus le Grand qui est aussi une sorte de monothéisme avec des puissances intermédiaires entre Dieu et les humains, le symbole du feu de vérité… ?)…
    – un peu d’influences grecques peut-être passées via Philon d’Alexandrie de la communauté juive hellénophone d’Egypte (et la famille de Jésus a séjourné en Egypte selon les Evangiles…), avec Philon qui fait une synthèse entre philosophie grecque stoïcienne, platonicienne et néoplaoticienne et Bible hébraïque interprétée allégoriquement ; par exemple le Logos du prologue de Jean pourrait être issu de ce type d’influence : Jean 1:1 Au commencement était le Logos (la Parole/le Verbe/la Raison divine…), et le Logos était avec Dieu… : l’Univers et le microcosme humain dérivent du Logos comme dans la philosophie stoïcienne antique il me semble
    – d’autre part d’influences esséniennes et plus largement intertestamentaires (communauté de Qumran, thérapeutes en Egypte…) dont certains points de doctrine sont repris, d’autres repris et transformés avec une complètement nouvelle perspective, d’autres enfin inversés. Par exemple, la Règle de la Communauté (premier livre dans La Bible (des humanistes), écrits intertestamentaires, Bibliothèque de la Pléïade), relate un partage du pain et du vin : « Et quand ils se réuniront pour la table de la communauté et pour boire le vin et qu’ils disposeront de la table de la communauté et mêleront le vin pour le boire, que personne n’étende sa main sur les prémices du pain et du vin avant le Prêtre ; car c’est lui qui bénira les prémices du pain et du vin en premier. Et ensuite le Messie d’Israël étendra ses mains sur le pain. Et ensuite toute la congrégation de la Communauté bénira, chacun selon sa dignité. » Le pain et le vin sont des thèmes bibliques dans la Bible hébraïque/l’Ancien Testament, et sont les accompagnements des repas. La bénédiction devrait donc signifier la bénédiction des repas. Jésus dans les évangiles synoptiques (pas dans celui de Jean notablement) instaure une eucharistie qui est proche de cette cérémonie de la Communauté de Qumran, mais en en transformant complètement le sens : le pain devient symboliquement son Corps, nourriture spirituelle (pain) associé à la Parole de Dieu (Corps du Christ), et le vin son sang, et comme le vin représente la vie dans l’Ancien Testament (cf sacrifices animaux dans le Pentateuque…), donc le vin de l’eucharistie représente la Vie du Christ, donc la vie en Christ. Et cette Cène devient un acte en mémoire de Jésus (Faites ceci en mémoire de moi), Agneau de Dieu livré en sacrifice comme un agneau de la Pâque juive comme lors d’une prière expiatoire dont la fonction est de chercher à rétablir la Communion du peuple avec Dieu (selon le livre de l’Exode…) en mémoire de la fuite libératoire hors d’Egypte, la libération étant ici celle de la culpabilité du péché ou de l’angoisse de la culpabilité.

    Et ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres de transfert de sens, de reprise de symboles de l’Ancien Testament ou des communautés contemporaines comme celles des esséniens (qui devaient être suffisamment connus) pour le convertir en un autre sens et le renouveler ainsi que son enseignement. Tout ceci n’est possible que si des personnes peuvent comprendre ces symboles, sont prêtes, préparées par leur culture et leur religion.

    1. Marc Pernot dit :

      Grand merci pour cet apport.
      Je ne suis pas certain que le geste de la Cène soit repris des rites des Esséniens, il est possible que cela dérive simplement du repas pascal familial. La Cène et le rite Essénien seraient alors cousins, si je puis dire.

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