29 décembre 2022

étoiles et galaxie - Photo de Alexander Andrews sur https://unsplash.com/fr/photos/HzT5Du-UFW8
Question

Je pense que Dieu tente de casser les murs d’une prison construite pour nous par le diable.

Par : pasteur Marc Pernot

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La question du mal taraude notre regard sur la vie et sur Dieu.

Question posée :

Bonjour monsieur,

Il me semble que pour beaucoup d’entre nous la vie est souvent détestable, y compris pour des raisons si totales que leur parler de prendre la vie du bon côté est obscène.
Du reste des choses dotées de systèmes nerveux pour souffrir sont dévorées encore vivantes depuis des centaines de millions d’années.
Depuis le début de ma conversion je suis taraudé par une idée gnostique, il me semble problématique que Dieu se contente de ce monde / en soit à l’origine/ veuille nous y maintenir , rien de tout ceci ne paraissant à coup sûr à son honneur. J’ai l’impression qu’il serait plus logique qu’il tente de casser les murs d’une prison construite pour nous par le diable. Comment percevez-vous ce problème ?

Merci beaucoup

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Le dualisme est une option qui existe depuis au moins quatre mil ans. C’est tout à fait honorable.

Personnellement, cela me semble moins satisfaisant que l’hypothèse d’un dieu unique en train de poursuivre une œuvre de création au long cours, partant d’un chaos qui n’a pas de cause première. En effet, il me semble que le chaos est aveugle, n’a pas de sens. Contrairement à une organisation qui sans cesse doit s’opposer au principe d’entropie (2nd principe de la thermodynamique), simplement naturel.

Ce que vous dite d’un combat de Dieu contre des murs construits pour nous par le diable je le verrais plus s’appliquer à la folie, l’hubris humaine. En effet, il me semble qu’il y a là, dans l’humain l’unique volonté de l’univers de faire du mal, au sens d’un projet construit, délibéré. Le mot « diable » ne désigne pas en grec une nature mais une fonction, celle d’avoir le projet de déconstruire de dispersé ce qui était assemblé, organisé. Je ne vois rien d’autre dans la nature que l’enchaînement des causes et des effets selon les lois de la nature, et le chaos résiduel existant depuis toujours, et le chaos venant par l’entropie. Mais je ne vois point en dehors de l’humain quelque cause délibérée de faire du mal. Le lion qui rode, ou la foudre qui tombe et tue un enfant est source d’un drame invraisemblable, mais c’est juste le hasard, le lion cherche de la viande qui ne court pas trop vite, et la foudre aurait pu tomber sur un arbre. Il n’y a aucun projet derrière le lion ou la foudre de faire du mal.

Par contre, l’humain a reçu un pouvoir de créer, un certain degré de liberté, de faire des projets. C’est un pouvoir divin, celui d’être une source de nouveauté. Pour le meilleur et pour le pire. Cela peut effectivement lui donner le goût du pouvoir. C’est l’objet des tentations de Jésus avant même de commencer son service public : tentation d’exercer son propre pouvoir sur la nature, sur les autres et même sur Dieu. Il y a là, effectivement, du diabolique qui fait comme une prison qui peut nous enfermer, et dont Dieu peut nous aider à nosu affranchir. C’est effectivement cette libération dont il est question, au fond, dans la Bible. Notre liberté est à venir, elle est un don et une conquête contre cette prison là. Et c’est ce que dit la fête juive de Pâque et celle de Pâques pour les chrétiens.

Mais le monde ne se porte pas si mal. Il est une merveille absolument prodigieuse et unique.

  • Il ne s’agit pas de prendre seulement la vie du bon côté en faisant comme si les mauvais côtés n’existaient pas. Ce serait aveugle. Ce serait indigne. Les mauvais choses sont à prendre en compte avec sérieux, avec indignation, D’abord par compassion pour ceux et pour ce qui souffre. Et aussi pour voir quelle part nous pourrions prendre pour plus de justice et de paix, de vie et de beauté, d’épanouissement.
  • Il est bon, il me semble essentiel aussi de ne pas oublier pour autant les bons côtés de ce qui est en ce monde et dans la vie. Ne serait-ce que pour le valoriser et le protéger, car il est fragile. Toujours improbable. Et aussi parce que c’est juste de voir, de relever et de dire, de rendre grâce pour ce qui est bon, beau, juste et bien.

Donc d’accord dans un sens avec votre description.
A condition de voir ce qui est « diabolique » en nous-même, en tant que personne et en tant que collectif. Et non dans une sorte de dieu-méchant.

Et un grand oui pour voir, comme vous le suggérez, Dieu comme purement bon et opposé au mal (le dysthéisme me semble une option théologique funeste) Et de s’ouvrir à Dieu non pas malgré l’existence du mal, mais parce qu’il est la source transcendante du bien. Dans ce monde que nous connaissons et probablement bien au delà.

Merci pour ce partage, cette réflexion.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

PS. Voir, si vous le désirez, c’est article sur la question de l’existence du mal et de la souffrance.

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