Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Par : pasteur Marc Pernot

Certains croient qu’il existe une puissance négative personnifiée (ayant une volonté propre) : le Diable, ou Satan, ou le Malin. D’autres (dont je suis) pensent qu’il y a une seule et unique puissance transcendante, un seul Dieu, et qu’il est bon. Ce seul Dieu suffit à comprendre l’existence de l’univers, et ce qui s’y passe.

Quelques textes de la Bible parlent du diable ou de satan. Il y en a fort peu, et l’on n’est pas obligé de comprendre ces textes comme parlant d’une personne individuelle.

À l’époque de la Bible une théologie assez répandue était dualiste (avec deux dieux, un bon qui construit et un mauvais qui démolit, avec des anges dans chaque camp). La plupart des personnes qui ont écrit la Bible connaissaient cette façon de voir, mais ils s’en distinguent délibérément par leur compréhension du monde avec un Dieu unique. Pour eux, la création du monde ne se fait pas dans une lutte entre une puissance du bien (Dieu) et une puissance du mal (diable, esprit du mal, ou dieu des ténèbres), mais Dieu crée le bien en mettant de l’ordre dans le chaos 1.

Peut-être que certains auteurs de la Bible ont gardé dans un coin de leur théologie des traces de pensée dualiste, comme on voit quelques traces de polythéisme dans certains des textes les plus anciens de la Bible 2. Mais ce n’est pas certain du tout qu’ils aient cru un jour à l’existence d’une personne maléfique dans le ciel ou sous la terre…

 » Satan  » veut dire tout simplement l’ennemi, et  » diable  » cela veut dire ce qui divise, ce qui éparpille. Dans les deux cas, nous n’avons pas besoin d’aller chercher bien loin pour nous sentir personnellement concernés. Nous avons nos ennemis intérieurs, parfois terribles. Il nous arrive aussi de lutter contre le bien, de blesser ou de tuer, il nous arrive donc d’être une force qui divise et produit du chaos. Nous sommes divins, mais aussi sataniques et diaboliques par certains côtés, nous sommes tous ainsi, plus ou moins.

Mais, hors de l’homme, je ne vois pas où serait dans l’univers l’œuvre d’un mal personnifié. Si une sorte de dieu méchant (ou un ange déchu, si l’on veut l’appeler comme ça) cherchait à faire le mal, il enverrait des cancers ou des coups de foudre sur les personnes les plus merveilleuses. Or, nous observons que les catastrophes naturelles frappent au hasard, indépendamment de la valeur spirituelle et morale de la personne.

Il n’y a dans le monde que l’être humain pour combiner volontairement le mal. Il n’y a que l’homme pour être, parfois, satanique. L’animal ou la nature n’en sont pas capables.

En bonus :

cette interprétation de l’ange et du démon par Hergé, dans cet album de Tintin (un des plus touchants). L’ange est notre bonne conscience exprimant la voix de Dieu en nous, celle de notre vocation. Et le démon est la figure de ce qui nous divise, ce serpent qui parle de la Genèse poussant l’homme à choisir comme dieu son propre désir pour écouter sa voix :

Ange et Démon de Milou, extrait d'un album de Tintin par Hergé

 

1 Genèse 1:1-5

2 par exemple : Psaume 82:1 ; Psaume 136:2

 

Marc Pernot

Suite :

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4 Commentaires

  1. Laura dit :

    Je suis plutôt d’accord avec vous : une force négative, cela voudrait dire, pour moi, qu’il y a quelqu’un d’aussi puissant que Dieu ou presque, et effectivement s’il existait il gâcherait la vie de tout le monde. Mais dans ce cas pourquoi Jésus exorcise-t-il des personnes dans les Évangiles ? Est-ce une « métaphore » pour dire qu’il guérit la personne ?

    1. Marc Pernot dit :

      Oui.
      Mais c’est même plus sympa que cela : cela dit à la personne que ce qui ne va pas chez elle n’est pas dans sa nature. Que cette personne est bonne et bien aimée de Dieu.
      Par exemple, on dit d’une personne : c’est un aveugle. Ce n’est pas sympa, cela met sa cécité dans sa propre nature. Alors que c’est une personne avec un nom, une personnalité. Par ailleurs, cette personne est frappée par quelque chose qui l’empêche un petit peu d’exprimer pleinement sa personnalité.

  2. Djigaba dit :

    Bonjour Monsieur, je lis tout cela avec beaucoup de discernement mais je désirerais vous demander âpres moult lectures pour vous q’est ce que la fornication et est ce que la bible en parle ? Merci

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      A mon avis, c’est quand on couche avec une personne sans que ce soit dans une vraie relation mutuelle, où chacun des deux pense à l’autre, est engagé vis à vis de l’autre dans un couple.
      Dans un couple marié, quand une des deux personnes impose du sexe à l’autre, ou une pratique qui n’est pas vraiment désirée par l’autre : c’est de la fornication, et même parfois du viol. Quand un homme ou une femme trompe son conjoint c’est de la fornication. Quand une personne célibataire couche dans des rencontre éphémères, c’est de la fornication.
      Ce n’est pas que Dieu soit fâché, bien entendu. C’est simplement que l’on vit de façon chaotique, et que ce n’est pas comme cela que l’on se construit une belle vie, une belle personnalité.

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