femme lève les bras devant un joli lac dans lequel se reflètent des sapins et le ciel bleu - Photo by Priscilla Du Preez on Unsplash
Prière

Faut-il remercier Dieu ? Comment remercier Dieu ? Alors que certains n’ont pas les mêmes privilèges…

Par : pasteur Marc Pernot

femme lève les bras devant un joli lac dans lequel se reflètent des sapins et le ciel bleu - Photo by Priscilla Du Preez on Unsplash

La juste louange et la louange qui rend un petit peu plus juste, grâce à Dieu.

Question posée :

Bonjour Pasteur,

J’espère que vous allez bien.

Une question me taraude ces derniers jours. Si à tout hasard vous auriez quelques minutes à me consacrer, je vous en serais reconnaissant.

Je me lance.
Lorsque je remercie Dieu, par exemple pour ma bonne santé, ma sécurité financière, ou la réussite de mes projets…j’ai le sentiment que cela revient à dire à Dieu : « Merci de m’avoir accordé tel ou tel privilège… », comme si Dieu avait délibérément choisi de m’accorder ses bienfaits.

Puis je me demande : et les autres, alors?
Car remercier Dieu pour ses bienfaits, n’est-ce pas implicitement reconnaître le caractère discrétionnaire du concours Divin? S’il a la capacité d’agir dans nos vies, c’est bien qu’il est également capable de ne pas agir…c’est précisément pour cela que nous le remercions. Car il a « choisi » de faire plutôt que de ne rien faire…

Ainsi, je ne peux m’empêcher de penser aux moins chanceux qui n’auraient pas obtenu ces faveurs divines : comment concevoir que dans le cas d’un enfant victime de violences, par exemple, Dieu n’exprimerait pas sa capacité d’agir?
En remerciant Dieu pour ses bienfaits envers « MOI », cela fait donc de moi, quelque part, un privilégié.

Ainsi, il m’arrive de me sentir coupable, car parmi ceux qui souffrent, qui demandent à Dieu d’intervenir dans leur vie, beaucoup sont plus méritants que moi, qui bénéficie de bontés que je n’ai parfois même pas demandées.

Ainsi, ma question est la suivante : de quelle manière puis-je marquer ma reconnaissance vis-à-vis des choses positives qui m’arrivent, sans que cela ne conforte l’idée d’un Dieu « magicien » qui attribuerait ses bienfaits aléatoirement à quelques-uns de ses enfants?

Bien à vous,

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur,

Merci pour vos encouragements.

Manifestement, la prière vous réussit !

  • non seulement vous êtes porté vers la louange (ce qui fait un bien fou),
  • mais en plus vous pensez aux autres, aux malheureux,
  • et vous sentez dans la prière que Dieu aime certainement chaque personne, chaque peuple (non un Dieu arbitraire). Et que donc la misère ne peut pas venir de Dieu, ni l’injustice, ni aucune souffrance. Qu’il n’est sans doute pas le Dieu magicien.

La prière est exactement cela.
Le risque est que l’exaucement de cette prière soit de vous sentir personnellement concerné et vous sentir appelé à agir pour telle personne sans secours, telle situation d’injustice. L’exaucement peut être aussi de prendre courage et d’accepter d’être aidé, vous, à tel moment, sur tel point. Peut-être de frapper à la bonne porte.
Car oui, Dieu fait sa part du travail de création, d’évolution, seulement ce n’est pas un magicien tout puissant. Et il nous appelle à faire notre part dans ce chantier du monde. Comme le dit Jésus en voyant un aveugle de naissance, peu importe les causes de ce handicap, dans la mesure où nous voyons un peu clairement, cette situation nous appelle, personnellement et collectivement, à faire les œuvres de Celui (Dieu) qui l’a envoyé (Jean 9:4).

Je trouve pertinent de remercier Dieu pour ce qui est bon dans notre vie.

  • Il est possible que cette bonne chose soit le résultat direct d’un appel qu’il a adressé à telle personne de faire une bonne chose. Plus largement, Dieu est celui qui a fait et qui sans cesse continue à faire émerger du bon dans le chaos du monde. Ce n’est pas du tout une évidence qu’il existe autre chose que du chaos dans cet univers. Cette question est la première question fondamentale de la philosophie, pas seulement de la théologie. La louange est une saine démarche qui consiste à s’étonner qu’il existe du bon, du beau, du juste, du vivant, de belles relations, de belles attitudes. Ne pas les croiser sans s’en émerveiller, non seulement c’est juste de le faire, c’est aussi agréable et bienfaisant, c’est inspirant.
  • C’est bien de noter ce qui est bon dans notre monde, c’est encore mieux, ensuite, d’en chercher la source. Peut-être que Dieu n’est pas la cause directe, dans la joie d’un bon repas, c’est rarement Dieu qui nous l’a fait tomber du ciel cuit à point sur notre table, et nous pouvons certainement remercier effectivement les personnes qui ont cuisiné et produit cette nourriture, et les personnes avec qui nous partageons ce repas et qui en font un excellent moment. C’est honorer les causes directes de ce bon moment. Mais ces personnes non plus ne sont pas arrivées là « comme ça ». Au delà de toute cette chaîne, honorer Dieu c’est honorer l’origine ultime commune à tout ce qui existe, et donc notre origine. Faire louange à Dieu est dépasser l’hommage à ce qui est bon aujourd’hui, c’est honorer un mouvement vers le mieux, en chercher les traces plus larges, y compris en moi. C’est chercher la source de ce mieux que l’on espère. C’est faire le lien avec ce souffle en nous-même que nous étouffions peut-être un petit peu mais qui nous titille pour avancer. C’est reconnaître aussi, comme vous le faites, que nous sommes privilégié de quelque chose. Sans doute à plaindre par certains côtés, mais aussi un privilégié, d’être un peu vivant pour aimer cette vie, et d’être un peu aimé au moins par Dieu, le goûter et aimer le fait d’aimer.
  • Ce geste de la louange furtive est un extraordinaire sel de la vie. Personnellement, je ne m’en lasse pas.

Merci pour votre attitude spirituelle et sage.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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