
J’ai l’impression que Dieu s’acharne sur moi depuis ma naissance…
Question posée :
Bonjour
Voilà, je suis né dans une famille qui pratiquait sa foi de manière normale jusqu’au décès de ma mère (et à une succession de malheurs) ; à l’âge de 6 ans, mon père a fini par renoncer à la foi et ne m’emmenait plus à l’Église. J’ai fini par me dire, en fixant ma Bible » Bon, pas grave, je me convertirai quand je serai un peu plus grand.» Mon père a fini au chômage et j’ai connu le harcèlement scolaire. Les années ont passé. À 16 ans, j’ai pris la décision de me convertir et de commencer à fréquenter une église baptiste. Je fus pendant un temps assez déterminé mais ma santé a fini par se dégrader et mes problèmes ont empiré . J’ai comme l’impression d’avoir toujours été enfermé dans un cycle infernal sans aucune issue de secours et je ne vois pas comment je dois interpréter cela, honnêtement…
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Désolé, sincèrement, pour tous ces malheurs qui vous frappent.
Je vous assure absolument que ce n’est pas la volonté de Dieu. Il ne veut pour vous que le bonheur, la santé, une vie belle. Tout ce qui arrive de mauvais arrive malgré la volonté de Dieu.
Il est possible que, dans certaines églises baptistes, on vous ait dit que Dieu serait tout puissant, qu’il donne la santé et le bonheur à qui il veut, que, s’il y a du malheur qui nous frappe, soit cela vient de Dieu pour une raison obscure, soit c’est notre faute qui avons raté de saisir son salut. Ces théories sont épouvantables, elles font perdre la foi à bien des personnes, leur faisant craindre Dieu, ou les culpabilisant du malheur qui leur arrive. C’est très cruel.
Le malheur ne vient jamais de Dieu, il ne fait que du bien, du bon, de la vie. Et il nous accompagne.
D’où vient le malheur ? De deux sources : 1) Il reste du chaos dans le monde, 2) l’humain fait parfois des bêtises et des méchancetés. Mais Dieu est toujours, uniquement, et partout source de vie de mieux, de bonheur, de bien, de bon et de beau.
La mort d’une mère d’un enfant de 6 ans n’est absolument pas, ne peut pas être dans la volonté de Dieu. C’est pour lui une catastrophe.
Mais certaines personnes ont affirmé que tout était dans la main de Dieu, la santé comme la maladie, le bonheur comme le malheur : cette théorie n’est pas juste et elle fait perdre la foi à bien des personnes, en particulier des personnes qui souffrent. Jésus ne dit pas cela : il nous apprend à prier pour que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel, c’est donc que sa volonté n’est pas entièrement faite : qu’il y a un écart scandaleux entre le bien que Dieu espère et ce qui arrive effectivement en ce monde.
Mais Dieu y travaille, et prier « que ta volonté soit faite », c’est se préparer à entrer dans son équipe pour participer à faire un monde meilleur.
En attendant, oui, il existe du malheur. des mères qui meurent en laissant leur enfant orphelin, il y a de la pauvreté, du chômage, de la méchanceté à l’école, dans la rue, au travail, dans les familles, avec le voisinage, dans des pays troublés par des guerres, des terroristes, des accidents, de la maladie, de la dépression. Cela fait un immense champ de souffrances et de peines. D’un autre côté, il y a aussi une beauté incroyable de l’univers, de ce monde qui est le nôtre, beauté de chaque personnalité, de chaque cœur qui espère, qui aime, beauté infinie d’un enfant qui se dit « Bon pas grave, je me convertirai quand je serai un peu plus grand », et qui se tourne vers Dieu quand il est devenu grand.
Il importe, vous avez raison, de relire ce qui nous arrive, pour l’analyser, pour en faire quelque chose si possible. La prière est d’un grand secours pour cela, dès lors que c’est vers un Dieu qui n’est qu’amour, pas vers un Dieu que l’on craint plus ou moins comme responsable potentiel du mal. En premier lieu : méditer sur Dieu comme source de tout ce qui est bon et beau en nous, et dans ce monde. Puis repasser ce que nous avons sur le cœur, sans oublier ce qui est bon.
Tout n’a pas de sens dans ce qui nous arrive :
- Le mal qui vient du chaos n’a pas de sens, par principe. Et ce serait mauvais de lui donner un sens, car cela justifierait en quelque sorte le malheur. Qu’en faire alors ? En disant notre plainte à Dieu, nous nous ouvrons à son soin qui est en faveur de ceux qui souffrent. Ce n’est pas magique, mais comme un soin qui favorise notre cicatrisation. Et nous rappelle que, même blessé, même diminué (parfois), nous sommes son enfant chéri et il ne nous a pas oublié.
- Le mal qui vient de la méchanceté humaine est un mal pire, dans un sens, car en plus de la blessure, il y a la méchanceté, la haine que cela appelle. Prier permet à Dieu, encore, de nous aider à avancer et à laisser le mal comme un temps de notre histoire, mais de faire que ce mal ne revienne pas sans cesse nous persécuter.
- Le mal qui vient plus ou moins de notre faute est un mal encore pire, car en plus de la souffrance, il peut y avoir une culpabilité, une honte, une perte de confiance. Prier Dieu, là encore, peut nous aider progressivement à nous pardonner à nous-mêmes, à relever la tête et à avancer.
Dieu n’est pas « tout puissant », il n’est pas un magicien, comme on vous l’a peut-être dit et répété. Dieu est un souffle d’évolution et de force extraordinaire dans notre vie. Vous pouvez encore et encore compter sur lui. Compter sur lui pour ce qu’il peut vous apporter, c’est irremplaçable. intérieurement, mais aussi dans votre vie concrète : il est source de bonnes surprises absolument inattendues. De rencontres, de bonnes personnes, de services à rendre. Pour cela, il convient de ne pas être trop fixé sur ce que l’on attend de lui, de la vie. Dieu a pour vous des projets de vie, d’avenir, de bonheur.
- Pour ce qui est des catastrophes, il arrive que l’on subisse une série de maux, c’est le hasard, et le hasard est injuste. Ensuite, il peut arriver une série de dizaines d’années avec zéro malheur. Sans que nous y soyons non plus pour rien.
- Pour ce qui est des méchancetés, il est bon de faire selon nos propres forces, d’éviter les méchants, on ne les change pas. Se concentrer sur les personnes qui nous font du bien et auxquelles nous faisons du bien.
- Pour ce qui est de nous-mêmes : il est bon de prendre soin de soi-même, pour ce qui est du physique, du spirituel, de l’intellectuel, du bon moral, des relations : ne pas négliger les petits bonheurs, les reconnaître et les savourer. Et chercher, enfin, si par bonheur nous pouvons être utile à quelques personnes : dans une association, en visitant des personnes âgées, en balisant des sentiers de randonnée… ce que l’on trouve, ce qui nous inspire. Et être ainsi du côté des acteurs pour le bien. En ayant de bonnes raisons, hélas, de savoir ce que c’est que le malheur : cela vous donne une particulière compassion pour ceux qui sont eux aussi frappés.
C’est pour vous aussi, que j’ai écrit ce billet biblique
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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