salade de fruits frais dans des coupes en forme de cœur - Image par silviarita de Pixabay
Ethique

Comment nous autres chrétiens donnons si peu d’importance au monde animal ?

Par : pasteur Marc Pernot

salade de fruits frais dans des coupes en forme de cœur - Image par silviarita de Pixabay

Si on a le droit de manger des framboises (de saison) tous les jours, je veux bien essayer de devenir végétarien 😉

Question posée :

Bonjour Pasteur,

Depuis si longtemps je voudrais vous poser ma question, mais avant tout je voudrais vous remercier pour vos sermons, depuis que j’ai le bonheur
vous écouter j’ai reçu tant de réponses. Certains passages des évangiles deviennent plus limpides, plus compréhensibles. Non que j’aie douté, non, mais j’avais faim de ces explications. Les enregistrements de conférences et des études des textes fondamentaux de la traversée de la Bible sont pour
moi un cadeau inestimable, ma reconnaissance envers vous est sans limite.

Ma question; comment nous autres chrétiens donnons si peu d’importance au monde animal, car :

Genèse 1:29-31 « Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit et portant de la semence: ce sera votre nourriture. » ( par la suite il y eut le déluge et il n’y avait plus d’autres nourriture, je comprends, mais après?

Tout a repoussé…

Également: Ecclésiaste 3:19 « Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle; car tout est vanité. »

Le même sort? Vraiment, il me semble que le sort de la bête est bien misérable en raison de l’exploitation et de l’irrespect de l’homme envers les animaux: Élevage intensif, broyage des poussins mâles, castrations des porcelets sous d’affreuses souffrances, méthodes de tuerie abominables
dans certains abattoirs, etc.

Je suis végétarienne, mais je ne m’offusque pas que l’on mange de la viande, les animaux nous l’offrent, mais ils devraient être traiter correctement
afin de les remercier de nous offrir leur chair.

Pour revenir à Ecclésiaste 3:19
« La supériorité de l’homme sur la bête est nulle. » Il y a maintenant des chiens qui avisent, ou réveillent, des personnes lorsqu’une crise épileptique est imminentes ou pour des diabétiques lorsque leur taux d’insuline est trop bas. Des chiens ou des chats sont capables de retrouver leur maitres
en parcourant des distances incroyables sans GPS !

En réitérant mes remerciements, je vous prie de recevoir mes très respectueuses et reconnaissantes salutations,

Réponse d’un pasteur :

Chère madame, c’est vous qui êtes une bénédiction, par vos encouragements et vos réflexions !

Votre préoccupation en ce qui concerne les animaux pose à mon avis parfaitement la question. La maltraitance, l’exploitation, l’irrespect de la vie et des conditions de vie des animaux est une offense à la justice, à la bonté, à la vie, et donc à Dieu lui-même. J’ajouterais le gâchis, je ne sais pas quelle proportion de la nourriture achetée part à la poubelle sans même être consommée, mais il me semble que c’est considérable, bien bien au delà des petites erreurs inévitables.

C’est vrai qu’il y a des animaux qui sont très performants, et des humains qui ne le sont pas du tout. Seulement, pour nous, ce n’est pas la performance qui fait la valeur d’un individu. C’est le fait qu’il est aimé, reconnu, nommé. Même le ver de terre, qui n’est peut-être pas d’une intelligence particulièrement vive au sens où nous l’entendons, a une place très importante sur la planète. Et quand bien même il n’en aurait pas, c’est l’ensemble du biotope qui est extraordinaire, et qui est dans l’espérance de le devenir sans cesse plus. C’est en ce sens que l’on peut dire, comme vous le soulignez dans Ecclésiaste 3:19 que « La supériorité de l’homme sur la bête est nulle. » Chacun a sa place aux yeux de Dieu, c’est pourquoi Dieu passe une alliance à la fin du déluge avec les humains et tous les êtres vivants. Il y a même au moins un passage de la Bible qui dit que l’Eternel « sauve l’humain et les animaux » (Psaume 36:7).

Du point de vue de la nature, il me semble qu’il y a une continuité entre les différents ordres : minéral – végétal – animal. Personnellement, ce qui me semble signifiant, c’est de distinguer ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas. Je me souviens avoir été choqué douloureusement, un jour, en voyant un enfant qui, ayant ramassé une branche dans la forêt, s’amusait à décapiter des fleurs en les frappant au passage avec ce bâton. J’en ai été choqué comme si ces fleurs m’étaient proches. Elles le sont. Et pourtant, comme tout ce qui est vivant je dois manger du vivant pour vivre moi-même. Même les vers de terre ne vivent pas en se nourrissant exclusivement de terre mais des matières organiques présentes dans la terre. Nous sommes donc tous (nous qui sommes animaux) dépendants des plantes par le fait qu’elles sont capables, elles, de faire du vivant à partir d’énergie et de minéral non-vivant, et cela me semble être un talent miraculeux.

J’admire votre façon d’être végétarienne, en conséquence, et de l’être sans extrémisme, et sans intégrisme avec respect pour ceux qui ne le sont pas. Quelle belle façon d’être avec les autres et dans la société. C’est comme cela que nous devrions nous engager personnellement dans tous les domaines,

En ce qui concerne l’herbe, et Genèse 1:29-31, comme bien des passages de la Bible, il me semble que cela peut être lu à de multiples niveaux.

  • Le sens moral est possible, disant que cela pose un global ayant pour visée, une espérance de vie sans la violence du sang versé. Peut-être en devenant végétarien, ou économisant au maximum la violence, la maltraitance, pour nous nourrir, sans oublier pour autant notre propre condition d’animal omnivore, et non d’ange du ciel.
  • Le sens spirituel pourrait être de se nourrir sans cesse de cette faculté extraordinaire du végétal de grandir sans cesse, cela nous invite à nous sentir en genèse. se nourrir « de toute herbe portant semence et de tout arbre portant du fruit » c’est nourrir notre propre capacité à porter notre propre fruit pour ensemencer le monde.

Votre conclusion me semble parfaite : « je ne m’offusque pas que l’on mange de la viande, les animaux nous l’offrent, mais ils devraient être traités correctement afin de les remercier de nous offrir leur chair. » Oui, et même plus : en les consommant nous devrions, je pense, sentir notre responsabilité de le faire en conscience et dans la gratitude afin d’honorer la vie qui est la nôtre, et les vies des êtres vivants que nous avons consommés pour vivre. A contrario, la culpabilité n’est pas de mise, nous sommes ainsi faits que nous devons consommer du vivant pour vivre, les animaux comme nous-même.

Comme vous le dites, cela demande du respect, de la conscience, de la gratitude pour vivre d’une belle façon en ce monde.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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