jeune fille au volant d
Ethique

Paul dit que nous avons envie d’entendre des choses agréables et choisissons des docteurs comme ça.

Par : pasteur Marc Pernot

jeune fille au volant d'une voiture - Image par StockSnap de Pixabay

Prendre le volant de sa vie, ce n’est pas forcément faire n’importe quoi.

Question posée :

Bonjour,
J’espère que tout va bien pour vous . Je sais que je vous ai déjà posé une question, néanmoins, mon cerveau m’en proposant sans cesse de nouvelles, j’espère que vous me pardonnerez de vous en poser une seconde. Voilà, alors, petite remise en contexte. Il y a quelques mois, pendant le confinement, j’ai donc commencé à me poser des questions sur ma foi, et aussi sur ma religion.Et sur cette dernière, le manière dont elle considère l’homosexualité. J’avais toujours considéré cette façon d’aimer comme légitime et naturelle, on ne m’en avait jamais parlé autrement, aussi ai-je été sidérée lorsque que j’ai lu la doctrine officielle, le catéchisme de L’Eglise Catholique sur le sujet, qui bien que ne condamnant pas l’homosexualité,et incitant au respect et à la bienveillance vis à vis des homosexuels, condamne les actes homosexuels, les considérant comme des péchés et des « actes intrinsèquement désordonnés ». Je me suis donc renseignée, et j’ai visionné de nombreuses vidéos expliquant les versets bibliques sur lesquels s’appuient cette opinion. En dessous d’un commentaire rare, d’un catholique plus « progressiste » qui faisait une lecture de ces versets différente, moins littérale, en tenant compte des contextes, des époques au cours desquels ils avaient été écrit, une lecture come j’aurais eu moi aussi tendance à la faire. En dessous de ce commentaire, un catholique beaucoup plus traditionnel , qui semblait convaincu du fait que les actes homosexuels étaient diaboliques(lorsqu’un autre internaute lui a fait remarquer que l’homosexualité était naturelle, que c’était prouvé scientifiquement, ce catholique a répondu que cela avait été créé par le diable, le malin,et que le seul moyen pour les homosexuels de le combattre était de s’abstenir. J’ai personnellement du mal à croire en une entité « diable ».),ce catholique donc, répondit par ce verset :

2 Timothée 4:3 « Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs. »

Cela m’a interpellé. Je me demande comment interpréter ce verset. Et je me demande si je ne suis pas occupée de ré interpréter la Bible pour qu’elle colle à mon image de Dieu, au Dieu d’amour que l’on a voulu toute mon enfance me faire connaître. Si je n’essaye pas inconsciemment, de faire coller Dieu à mon image du beau, du bon, et du juste. Parce qu’il est impossible pour moi de voir la bonté dans un Dieu qui créerait des êtres d’une certaine manière pour accuser cette manière ensuite. Impossible pour moi, même en faisant des efforts, de concevoir un Dieu voyant une relation d’amour et de respect comme diabolique et abominable parce que différente. Impossible pour moi de voir autre chose que de la beauté dans la variété des êtres, dans les différences humaines. Tout comme il est impossible pour moi de penser à un Dieu demandant de lapider les enfants désobéissants, les gens qui mélangent deux sortes de plantes dans un même champ, qui considérait les mangeurs de fruits de mer comme des êtres commettant une abomination. Pourtant, si Paul veut effectivement dénoncer les hommes qui essayent de modifier la Bible à leur convenance, pour ne pas respecter cet ensemble de règles…Que je n’arrive pas à concevoir autrement qu’absurdes,jene sais pas que faire. Quel est votre avis sur la question ? Merci de m’avoir lue jusqu bout, et merci pour votre blog si utile,
Bien à vous,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Cela me semble pas très utile de discuter avec des personnes comme cela. Personnellement je tente de ne pas polémiquer sur les forums et autres réseaux sociaux.

Mais cette question est bien intéressante, elle me smble même intéressante car elle touche le moteur même de notre façon de prendre (ou non) les commandes de notre vie (et de notre pensée) en main.

La « pastorale de la peur » est une technique de manipulation des personnes. Déjà Nicolas Machiavel, au XVIe siècle, aurait dit « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.“ Mais cette grosse ficelle de la manipulation était déjà utilisée bien avant. Elle marche tellement bien. Il est utile de l’avoir repérée.

L’argument consistant à sortir 2 Timothée 4:3 ne tient absolument pas. Ce n’est pas parce que quelque chose nous apparaît comme bon et agréable que ce serait faux et mauvais. Quelle théologie ! Cela fait un bien extraordinaire de boire un verre d’eau, de respirer un bol d’air ? Ce serait la preuve que boire de l’eau et respirer de l’air serait un désir pervers, et que le fait même d’écouter ce désir en nous serait un signe de plus que nous sommes pécheurs et que nous avons un immense besoin de la saine et sainte raideur de la morale et des dogmes ?

Donc ni le fait que cela soit agréable, ni le fait que cela soit désagréable n’est une preuve qu’une chose serait bonne ou mauvaise, juste ou fausse. Il faut chercher ailleurs, plus haut dans la réflexion, plus profond dans la prière pour en juger soi-même, en sincérité, sans œillères. Et pour pouvoir le faire, une chose essentielle est rendue possible par l’Evangile du Christ, c’est l’amour inconditionnel de Dieu, son pardon. Cela rend possible d’être sincère et libre dans cette recherche, dans ce discernement. Cela ne veut pas dire que tout se vaudrait, mais que l’on peut chercher vraiment ce qui nous semble juste et bon, pour nous, dans le temps présent, dans le contexte. Quand on est ainsi soi-même devant Dieu, se sentant libre et responsable, encouragé à voir, à discerner soi-même, cela n’est pas du tout une solution de facilité. C’est même plutôt impressionnant, comme si l’on nous confiait pour la première fois le volant et les pédales d’une voiture, même l’on a son père ou sa mère sur le siège à côté.

Vous vous posez la question de savoir si par hasard si vous n’êtes pas en train d’interpréter la Bible pour qu’elle colle à mon image de Dieu ? Le fait que vous vous posiez la question est bon signe. C’est normal de le faire un peu, et en même temps de se laisser surprendre, choquer, et convertir un peu. Dans une lecture sincère de la Bible, une lecture sincère et priante, cela arrive sans arrêt. La Bible est faite pour cela, avec ces récits, ces miracles et ses héros loin d’être parfaits. Et les paroles & paraboles de Jésus en particulier. Quant au compliment consistant à dire que l’autre interprète la Bible pour confirmer sa propre opinion et son propre désir, cela menace aussi ce monsieur, tout autant que vous et moi. Bien sûr. C’est même un des grands avantage de ne pas se bunkeriser dans son petit club, sa seule église.

Avec la menace d’un Dieu terrible contre la personne qui se tromperait, comment oserait-on s’approcher d’un tel tyran en ouvrant son cœur ? Comment oserait-on faire un pas pour avancer ou même pour réfléchir ? C’est comme cela que certaines religions tiennent leurs fidèles bien en main. C’est bien plus étonnant dans le contexte de la foi chrétienne, cela semble diamétralement opposé à la vie du Christ, jusqu’à sa prière de pardon pour ceux qui le crucifient.

Quand au fait de dire que l’on aime la personne homosexuelle c’est le minimum puisque l’Evangile nous appelle à aimer toute personne sans condition. Donc cela n’apporte donc rien comme information, car Dieu aime aussi l’assassin. C’est le principe même de la grâce.
Et vous avez raison, quand on dit qu’en elle-même la pratique homosexuelle est un péché, cela fait des dégâts psychologiques et spirituels immenses pour la personne. Des jeunes se mettent à se haïr eux-même, à se sentir viscéralement pécheurs, non pas par leurs actes mais par ce qu’ils sont. Cela engendre des dépressions et même des morts. Ce n’est donc pas seulement très discutable bibliquement, théologiquement et scientifiquement, c’est en plus criminel.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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