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Question

La vie sur terre serait une sorte de punition après le péché originel, ou une préparation ?

Par : pasteur Marc Pernot

une femme marche sur un chemin au lever du soleil - Photo by Emma Simpson on Unsplash

Question posée :

Bonjour
Je ne sais pas comment commencer. Pourquoi nous les humains, vivons-nous bien sur terre quand Dieu nous perfectionnera au Ciel après notre mort et qu’on aura « une vie abondante »? La plupart des site sur Internet parle de cette histoire du péché originel mais je ne peux pas absolument imaginer que notre vie sur terre serrait une sorte de punition. C’est une très grand consolation pour moi de savoir que Dieu m’a voulu et qu’il garantit la réussite de ma vie. Que ce n’est pas moi qui devrait avoir la force pour tous toute seule ou que tous dépendrait de mes efforts.
Beaucoup de remerciements d’Allemagne,

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Je suis tout à fait en phase avec ce que vous dites. Je suis en particulier bien d’accord avec vous sur cette histoire de « péché originel » qui aurait infecté l’humanité et qui se transmettrait depuis, et qui aurait été payé, remboursé par le sacrifice du Christ sur la croix. Cela n’a pas de sens, c’est même à mon avis nocif du point de vue spirituel et du point de vue éthique. Comment Dieu garderait-il rancune contre un péché de gourmandise et de rébellion contre lui, alors que Dieu est amour et pardon. Le propre même de la « grâce » est d’être gratuite, sans prix à payer. Et comment penser qu’il serait juste que les générations suivantes payent pour la fautes de leurs lointains ancêtres ? Comment penser qu’il serait juste qu’un innocent, Jésus, paye la note pour les autres et satisfaire qui, Dieu lui-même et sa justice implacable ? Ce serait un terrible modèle de justice, une terrible morale.

A mon avis, cette théorie a été tout juste développée pour tenir les fidèles dans la crainte d’un Dieu terrible. Rien de tel que la carotte et le bâton pour faire avancer un âne (paraît-il), il semble que certains ont appliqué cette méthode pour remplir leur église, imposer à leurs fidèles de ne pas se poser de question et à participer à la vie de l’église toujours plus. Je ne pense pas que ce soit une idée géniale. Car cela donne une mauvaise image de Dieu et fausse la relation qu’il veut établir avec nous en Christ, une relation de confiance selon laquelle nous n’avons absolument rien à craindre de lui mais une abondance de vie à recevoir.

Ce récit le « la chute », avec Adam et Eve, le fruit défendu et le serpent qui parle, cette histoire est essentielle. Cette histoire ne parle pas du passé, mais elle parle du présent de chacun de nous, de ce péché non pas originel mais le péché ordinaire qui consiste à se prendre soi-même pour Dieu et finalement prendre son propre plaisir de l’instant comme critère du bien et du mal. Ce n’est pas que cela fâche Dieu (il ne garde pas de rancune) mais c’est un problème pour nous développer, pour évoluer, pour être dans une juste relation avec les autres, avec Dieu, avec notre propre vie et avec ce monde.

C’est un état qui est pour tout être vivant assez naturel, d’avoir pour vocation essentielle de perpétuer dans sa propre vie en profitant de son environnement. Quand nous n’étions que quelques cellules se développant et se multipliant nous étions ainsi car les cellules ne pensent qu’à se nourrir du milieu ambiant pour profiter, c’est normal. Cependant nous sommes capables et appelés à plus que cela. Nous connaissons une évolution extraordinaire qui se poursuit tout au long de notre vie, comme vous le dites, en particulier dans le domaine spirituel. La question n’est donc pas d’atteindre un jour « la vie abondante » à 100%, mais de travailler et de recevoir cette évolution qui rend notre vie plus abondante, plus ample, plus vivante et vivifiante. Cela prend toute une vie, je pense que cette évolution se poursuit encore, autrement, au delà de la mort. Mais ceci est une autre question, dont il est inutile de nous préoccuper maintenant. Pour aujourd’hui, la question est celle de discerner et de vivre de cette « abondance » qui est déjà en nous et dans ce monde. Et pour cela, l’apport du Christ est vraiment essentiel, il nous ouvre à cette dynamique et à sa source, en Dieu.

Et donc oui, cette vie n’est pas une punition, elle est faite pour être une bénédiction. Cette vie en ce monde que Dieu aime, avec ces personnes, ces êtres vivants que Dieu aime et bénit. La vie en abondance est pour maintenant (et nous verrons bien en temps utile ce qu’il en est de la vie future).

Personne ne sait réellement ce que sera la vie future. Seulement, la vie est mouvement et évolution, donc je suppose que la vie future aussi. Elle devrait être aussi un chemin d’évolution, une montée, un perfectionnement. Une vie en abondance croissante. Donc autant commencer maintenant.

Comme vous dites, c’est une chose extraordinairement positive et vivifiante de se savoir, et peut-être de sentir, que Dieu nous a connu, reconnu, choisi, personnellement et individuellement, qu’il nous bénit et qu’il espère pour nous et qu’il espère en nous. Cela fait que la vie n’est pas un examen de passage, ou que nous avons déjà passé l’examen et que nous avons déjà été reçu. La suite de notre vie est donc joyeuse et libre, tout beau geste est pour la beauté du geste, par amour pour notre prochain, par amour pour la vie, pour cette planète, pour l’instant présent, pour Dieu. Cela aussi tranche avec la vision bouddhiste qui relativise l’importance de l’individu personnel, et qui voit un peu la vie présente comme un temps d’épreuve pour mieux réussir l’examen (en quelque sorte)?

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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4 Commentaires

  1. Pascale dit :

    Quelle tristesse ce serait de vivre avec l’idée que la vie est une punition ! Je suis persuadée que la vie sur terre est une finalité en soi. Franchement, vivre dans une espèce de paradis perdu tel qu’on le voit parfois sur des images, ce serait bien ennuyeux. Bien entendu il faut tout faire pour faire reculer le mal, mais il arrive tout de même que, dans bien des situations, c’est le mal qui donne toute sa saveur au bien.

    1. Marc Pernot dit :

      Grand grand merci.
      Cette affirmation que la vie sur terre a une finalité en soi est excellente à souligner, très inspirante pour être et pour vivre. Cette affirmation est fondamentale dans la Bible, et elle n’est pourtant pas une évidence car bien des théologiens se sont ensuite laissé influencé par une vision plus néoplatonicienne de la vie, relativisant la valeur de la vie en ce monde et en ce corps, un peu comme le font aussi certaines pensées orientales.

  2. GAELLE dit :

    Merci beaucoup pour votre réponse qui m’apporte une sorte de soulagement. En ce moment je ressens de la culpabilité à l’idée d’aimer la vie. Culpabilité qui, est en parfaite opposition avec l’attitude de celui qui aime Dieu. Toutefois une question subsiste. De nombreuses religions mettent en garde contre l’attachement au monde. Je pense à l’islam, les religions orientales et le christianisme.
    La bible dit d’ailleurs :
    « N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. »
    Qu’est ce que cela signifie selon vous ?
    Au plaisir de vous lire
    Gaelle

    1. Marc Pernot dit :

      Hélas, comment pourrait-on être culpabilisé d’aimer la vie en ce monde au nom de Dieu ? Alors que Dieu est le Dieu de la vie, qu’il nous a donné la vie en ce monde comme une bénédiction.

      Jésus dit que « Dieu a tellement aimé le monde » (Jean 3:16), ce monde, qu’il fait tout pour nous donner la vie éternelle : la vie qui commence en ce monde et qu’il enrichit encore par l’Esprit.

      Jésus ne nous demande pas de sortir du monde (Jean 17:15-16), mais donc, à la suite de Dieu, d’aimer ce monde. Être humain c’est cela : être à la fois, comme Jésus, fils de l’homme et fils de Dieu. Fils ou fille de l’homme c’est littéralement être enfant d’Adam, enfant de l’humus qu’est la terre des champs. Et aussi enfant de Dieu. Nous sommes les deux et c’est particulièrement riche comme position, avec ces deux dimensions du corps et de l’Esprit en nous.

      Vous avez raison, ce sont plus les religions et philosophies orientales qui appellent à se détacher du monde, des joies de ce monde. Pas la Bible. Comme le dit Blaise Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. » Notre vocation est d’assumer, de réconcilier l’humain entier, animal spirituel (et social, et pensant, et créant).

      Que veut dire alors « n’aimez point le monde ? », comment le vivre puisque, selon Jésus lui-même « Dieu aime tellement le monde » ? c’est une question de priorité ultime de notre existence. Quand il y a conflit en nous-même entre l’Esprit et le monde, que choisirons-nous ? Est-on prêt à sacrifier la fidélité, l’honnêteté et l’amour pour une tartine de confiture ? Ou pour le plaisir, le pouvoir, la richesse ? Ce serait effectivement nous laisser gouverner par notre côté animal, par notre chair. Au contraire, en Christ nous voyons que la Parole de Dieu est faite chair, c’est à dire que notre chair, notre vie terrestre en ce mone est sanctifiée, inspirée, transcendée par l’Esprit. La joie de vivre en ce monde fait partie des bénédictions de Dieu. C’est pourquoi Jésus transforme l’eau en vin et même en bon vin, c’est son premier geste dans l’Évangile selon Jean.

      Le but de notre vie n’est pas de manger. Ce serait pas favorable. Par contre : un bon repas peut être une occasion de louange, il peut être une occasion de partage avec d’autres (comme si souvent Jésus le fait), et alors le bon repas est gouverné par l’Esprit, est au service de l’Esprit.

      Dieu vous bénit ainsi

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