Est-ce que le protestantisme a changé entre le XVIe siècle et le XXIe ?
Question posée :
Bonjour
Nouvelle convertie, j’aimerais savoir qu’est-ce qui a changé entre le protestantisme du XVIe siècle et protestantisme du XXIe? Merci beaucoup en avance.
Réponse d’un pasteur :
Chère Madame
Bravo pour votre démarche de foi libre, sincère et intelligente.
Cette question que vous apportez est bien intéressante. Effectivement, dans notre église de l’église protestante en particulier et dans l’église protestante de type « réformé » ou « presbytérien », nous ne sommes pas lié par ce que pensent les réformateurs et autres théologiens du XVIe siècle, mais plutôt au meilleur de ce que fut leur méthode. C’est d’ailleurs pourquoi notre église, même à Genève, ne se dit pas « calviniste », alors que dans un sens nous sommes dans la suite du mouvement de Calvin, lui-même cherchant à être dans la suite de Jésus Christ, bien sûr.
Jésus s’est présenté lui-même comme cheminement, cheminement de fidélité et de vie. C’est dans cette inspiration que la « Réforme » se place, la théologie et l’église étant appelées à être réformées sans cesse.
En effet :
- Tout dogme est d’une pertinence relative, Dieu étant toujours au delà de ce que l’on peut penser et dire de lui.
- La vie humaine est complexe, et finalement chaque personne, chaque situation est un cas particulier. Le meilleur chemin est sans cesse à chercher, l’Evangile nous aide à questionner notre situation, et nous invite à chercher avec Dieu les meilleures solutions possibles.
- De plus, chaque génération a ses questions propres, ses défis à relever, son langage. C’est donc à nouveaux frais qu’il convient de réfléchir.
- Les générations passées ont apporté leur pierre à l’édifice, il revient ensuite à chaque génération de reprendre cet héritage, de le réformer éventuellement pour ce qui lui semble devoir l’être, et ajouter ses propres avancées. Il en est ainsi en science, en culture, et aussi en théologie, en éthique, et dans l’expérience de la vie humaine avec Dieu.
Nous ne gardons par conséquent pas tout de la théologie, de la morale et de la façon de prier des réformateurs du XVIe siècle. Cependant, des points essentiels de leur méthode sont de pleine actualité encore :
- L’accès de chaque personne à la Bible pour une interprétation personnelle, ce qui demande de l’aider à se former
- Le sacerdoce universel (s’il y a des théologiens professionnels, ils n’en sont pas plus proches de Dieu pour autant, tout croyant étant appelé à être prêtre, prophète et roi en Christ). Cela veut dire encourager chaque personne à avoir sa propre relation avec Dieu, sa prière intime, en confiance.
- L’église, les sacrements et les rites sont des outils pédagogiques destinés à aider le croyant dans son cheminement de foi. Cela demande à l’église de se rendre disponible pour ce service de chaque personne.
Tout cela fait que la théologie et la lecture de la Bible ont bien évoluées au cours des siècles. Et fort heureusement. Cela donne effectivement un grande diversité de sensibilité théologique et spirituelle parmi les fidèles d’une même paroisse, et aussi entre deux paroisses, entre deux pasteurs. C’est normal, c’est une richesse. Cette diversité existait déjà parmi les apôtres de Jésus, entre les courants de l’église de la 1ère génération. Cette diversité est une richesse pour tous. Ce n’est pas une doctrine qui nous unit, mais une recherche personnelle faite en rapport avec la personne de Jésus, le Christ. Ce qui rend possible cette liberté et donc cette sincérité, c’est la confiance dans l’amour de Dieu. C’est cela, manifesté en Christ, qui est notre sécurité, notre assurance, pas une doctrine. Et cela nous libère (ou devrait nous libérer) pour faire de la théologie, beaucoup, en n’ayant peur d’aucun questionnement, d’aucune découverte. Et prier Dieu, avec passion. Et chercher ce que nous pouvons faire au mieux, avec enthousiasme et créativité.
Cette diversité rend difficile de dire ce qui aurait vraiment changé entre le protestantisme de Calvin et celui d’aujourd’hui. Car il y aura toujours un « protestant » pour me dire que « mais pas du tout », mais tant pis, j’ose dire qu’aujourd’hui nous ne parlons plus de prédestination, que les paroissiens ne sont pas obligés de confesser leur foi de façon trinitaire, que la toute-puissance de Dieu est bien remise en cause dans la théologie contemporaine, que la mort de Jésus sur la croix n’est pas pour payer une rançon, que la musique est venue compléter les chants dans le culte…
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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