Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Par : pasteur Marc Pernot

Cette notion a eu une certaine importance dans l’histoire de la théologie, particulièrement au XVIe siècle. Certains théologiens ont tellement voulu insister sur la puissance de Dieu qu’ils ont soutenu que si un homme se perd c’est qu’il était  » prédestiné  » à se perdre, Dieu l’ayant décidé ainsi par avance, comme il décide de sauver ceux qu’il a  » prédestinés  » au salut.

Du point de vue théologique cette notion est assez épouvantable si l’on pense que certaines personnes seraient ainsi totalement rejetées, et que finalement nous ne sommes que des pions dans la main de Dieu. Ce serait assez contradictoire, à mon avis, du Dieu que révèle Jésus-Christ.

Mais, heureusement, on peut comprendre autrement les textes bibliques utilisés par ces théologiens de la prédestination. C’est un fait d’expérience qu’il y a en chaque personne une part de bien et une part de mal, qu’il y a une dimension temporaire et qu’il y a également cette dimension d’éternité en chaque enfant de Dieu. Si l’on interprète les textes bibliques parlant du salut en tenant compte de cette réalité, alors, oui, la prédestination existe mais ce n’est plus une menace, mais une bonne nouvelle pour tous (ce qui est normal, avec l’Évangile). Il y a une part de bien en chacun de nous qui est ” prédestinée ” (si l’on veut utiliser ce terme) à être sauvée par Dieu, et il y a aussi une part de mal qui est ” prédestinée ” à être éliminée, ce qui est un bon débarras, car cette part est ce qui nous fait souffrir, des blessures anciennes et un manque d’évolution, par exemple. Un peu comme en arrivant chez un bon médecin : la personne ressort en forme, la souffrance et la maladie ont été éliminées.
Calvin considérait que sa conception de la prédestination était joyeuse, agréable et utile. Comment ? Il trouvait que cela nous dé-préoccupait de notre propre salut, s’en remettant à Dieu pour cela nous pouvions nous concentrer l’esprit libre sur le fait de vivre notre vie présente de la plus belle et bonne façon possible. C’est effectivement, je le reconnais, quelque chose d’intéressant et de juste. Car si l’on faisait le bien en vue d’assurer son avenir éternel, ce serait en réalité encore de l’égocentrisme, nullement motivé par le bien en lui-même, ni motivé par l’intérêt que mérite la personne qui est à côté de nous et a besoin de notre secours. De même pour la relation à Dieu, Christ nous invite à l’aimer, l’aimer pour lui-même, l’aimer car il est bon. Si c’était dans un calcul vénal, ce ne serait plus aimer.

Marc Pernot

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