25 juillet 2023

Trois fenêtres en ogives da,s l
Question

Jésus est la seconde personne de la Sainte-Trinité. La source est commune, mais chaque personne est distincte ?

Par : pasteur Marc Pernot

Trois fenêtres en ogives da,s l'abbaye de San Galgano - Photo de Simon Berger sur https://unsplash.com/fr/photos/vZsoojmXaB4

C’est pas si simple !

Question posée :

Bonjour,

Jésus est la seconde personne de la Sainte-Trinité. Il est donc Dieu.
En revanche : les trois personnes de la Trinité ont trois personnalités distinctes ? Certes, la source est commune, mais chaque personne est distincte ?

Merci

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Jésus n’est pas la 2e personne de la trinité

La théologie la plus officielle sur la « trinité » n’a jamais dit que Jésus serait la 2e personne de la trinité. Et le fait de dire que « Jésus est Dieu » a été officiellement rejeté par les conciles. Ce qui n’est bien entendu pas une référence absolue, mais quand même.

La 2e personne de la trinité, c’est la Parole de Dieu. Comme dans le prologue de Jean. Ce n’est pas sans rapport avec Jésus car en lui la Parole de Dieu est devenue chair. Mais entre les deux il y a un un saut ultime que l’on appelle l’incarnation. Et c’est pourquoi les théologiens de la trinité écartent l’idée de dire que Jésus est Dieu (ils traitent cela d’hérésie, ce qui n’engage qu’eux), ils insistent sur l’expression « vrai Dieu et vrai homme ». A la fois. Sinon, Jésus n’est plus notre frère, sa prière à Gethsémanée disant « Mon Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Matthieu 26:39), ainsi que sur la croix quand il prie « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27:46) : tout cela serait comme une mascarade. Alors que c’est précisément l’essentiel.

Dieu est complexe

Oui, selon la théologie de la trinité, les trois personnes sont à la fois différentes et le seul Dieu unique. C’est une théorie très complexe, extrêmement raffinée. Et précieuse en ce qu’elle affirme à la fois l’unicité de Dieu et refuse de l’enfermer dans une définition réductrice. Cette façon de parler de Dieu est peut-être un peu trop délicate à manier car le fidèle (et parfois le prêtre) pas très au fait de ces complexités font assez vite de cette théorie une triade de trois divinités. Ce qui est assez différent de ce que disent les évangiles, et aussi de ce que voulaient les théologiens qui ont élaboré progressivement la doctrine de la trinité du IIe au Ve siècle (et suivants).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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4 Commentaires

  1. Jésus est-il juste un humain ? dit :

    Bonjour,

    merci pour cette question et la réponse.

    Chaque « être », vivant ou non, a des composantes selon les notions d' »Essence », d' »Existence », et d' »Hypostase ».

    L' »Essence » de Dieu est de l’ordre de l’ineffable.
    Croire en l' »Existence » de Dieu est l’objet de la Foi.

    « Hypostase » renvoie à l’individuation, et quand il y a vie, être vivant, à une personne, à un sujet.
    La Trinité est alors un Dieu Un en Trois Hypostases, Un par la « dimension » Essence, en Trois Personnes par la « dimension » Hypostase (ces « dimensions » entre guillemets étant infinies).
    => Peut-être un peu comme par analogie un Triangle est Un en tant que figure, que surface, qu’ensemble, que relations et relationnel, et même temps un ensemble de Trois sommets reliés, et de Trois segments reliant ces Trois sommets.

    Jésus le Christ est identifié entre autres par le prologue de l’Évangile selon Jean au Logos. Ceci correspond à la Parole (au Verbe) si lu en araméen dans la langue de Jésus, et en grec, ce mot de Logos signifie également Parole, mais peut de plus renvoyer à la Raison Divine (le Logos) des stoïciens et de la philosophie grecque antique.
    Il est parfois également identifié à la Sagesse des 9 premiers chapitres du livre des Proverbes, notamment dans les chapitres 8 et 9, bien que la Sagesse puisse aussi être identifiée à la Spiration Sainte (l’Esprit Saint), de même que dans le prologue de la Genèse (Genèse 1:1-5).
    Jésus le Christ, Lumière intérieure selon les chants de Taizé, est selon la Trinité une de ces Trois Hypostases, et de plus toujours selon l’Évangile selon Jean, seul « Fils Engendré » de Dieu lors de l’Incarnation du Christ éternel en le Jésus historique. Seul « Fils Engendré » correspond à la profession de foi du Concile de Chalcédoine et à la traduction (entre autres) de la (New) King James Version (version toujours la plus répandue dans le monde anglophone) de « monogenos » dans le prologue de Jean (monogenos étant également souvent traduit dans la plupart des versions par Fils Unique, mais quid alors des enfants de Dieu ?).

    Le Concile de Chalcédoine, ou troisième grand Concile, professe ainsi :
    Suivant donc les saints pères, […] nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché, avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité,

    Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, la propriété de l’une et l’autre nature étant bien plutôt gardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Parole, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l’ont enseigné de lui, que Jésus Christ lui-même nous l’a enseigné, et que le Symbole des pères nous l’a transmis.

    Cette profession de Foi du Concile exprime donc que l’enseignement de Jésus dans les différents Évangiles (ses paroles donc, ses actes éventuellement, mais non le reste des Évangiles) permet de retrouver ceci, au moins selon une certaine interprétation. En particulier dans l’Évangile selon Jean.

    Si Jésus n’était pas Dieu, Il aurait dit à ses disciples de ne pas l’adorer. De nombreux autres versets et passages des Écritures appuient la divinité de Jésus.

    Selon Jean 1.1, « la Parole était Dieu » et selon Jean 1.14 « la Parole s’est faite homme. » Ces versets pourraient être interprétés en disant que Jésus le Christ, une des Trois Hypostases, est une partie de Dieu qui s’est incarnée dans la nature et l’histoire humaines, tout en maintenant sa participation à la divinité Une relationnelle : « Le Père et moi, nous sommes un » (Jean 10.30).

    Thomas a dit en parlant de Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20.28).

    L’épître 1-Jean se conclue par « Nous sommes dans la vérité en son Fils Jésus-Christ. C’est lui le vrai Dieu, et la vie éternelle. »

    Ainsi le rédacteur de l’épître 1-Jean lui-même (l’évangéliste Jean ou des disciples de son école ?) utilise la suite de mots : « Jésus-Christ. C’est lui le vrai Dieu, et la vie éternelle. »

    Paul dans Colossiens professe à son tour :
    15. Il est l’image du Dieu invisible, Premier-né de toute créature,
    16. car en lui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles comme les invisibles, Trônes et Souverainetés, Autorités et Pouvoirs.
    Tout est créé par lui et pour lui,
    17. et il est, lui, par devant tout ; tout est maintenu en lui,
    18. et il est, lui, la tête du corps, qui est l’Eglise. Il est le commencement, Premier-né d’entre les morts,
    afin de tenir en tout, lui, le premier rang.
    19. Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute la plénitude
    20. et de tout réconcilier par lui et pour lui, et sur la terre et dans les cieux […].

    Jésus Christ est donc selon ces passages infiniment plus qu’un humain habituel.
    Même si le Psaume 82 dit au verset 6 : Je le déclare, vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut. Le mot hébreu pour dieux est ici Elohim.

    C’est ce que Jésus rappelle selon Jean 10 : 10:33. « Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème, parce que toi qui es un homme tu te fais Dieu. 34. Jésus leur répondit : « N’a-t-il pas été écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ?
    35. Il arrive donc à la Loi d’appeler dieux ceux auxquels la parole de Dieu fut adressée. Or nul ne peut abolir l’Ecriture.
    36. A celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai affirmé que je suis le Fils de Dieu.

    Selon Jean 10.14, Jésus enseigne : « 14. Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, 15. comme mon Père me connaît et que je connais mon Père. » Ces versets font écho au Psaume 23 : 1. Dieu (YHWH) est mon berger, je ne manque de rien.

    Paul en 2-Corinthiens 3 dit : 3:17. Car le Seigneur est l’Esprit, et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.
    Être n’est pas ici à entendre au sens d’égalité ou de bijection mathématique, mais au sens de « partie de », participation à.
    Le Seigneur est la Spiration peut signifier à la fois : « le Seigneur Dieu est Esprit « et « le Seigneur Jésus-Christ est Spiration », et donc « le Seigneur Dieu est le Seigneur Jésus-Christ » ou encore « le Seigneur Jésus-Christ est le Seigneur Dieu », soit « Jésus-Christ est Dieu ». Être n’est pas ici à entendre au sens d’égalité mathématique, mais au sens de « être partie de », « faire partie de », comme un sommet d’un triangle relié aux deux autres sommets. Ceci revient à dire de façon imagée : un sommet d’un Triangle relié aux deux autres sommets est Triangle, un sommet relié est ouverture au Triangle, porte du Triangle. Selon Jean 10:9, Jésus a dit : « Je suis » la porte. Il n’y a pas confusion, mais appartenance et participation à un Ensemble.

    Selon Luc, Matthieu et Marc, Jésus enseigne la parabole des serviteurs et du Fils bien aimé envoyé chez les vignerons par le seigneur de la vigne. Cette parabole peut être interprétée ainsi : Le Seigneur de la Vigne a planté la Vigne (l’enseignement qui produit des fruits de vie) et l’a comme louée à des vignerons (la religion juive), puis a envoyé ses prophètes (ses serviteurs), qui ont été rejetés, puis son Fils bien aimé (Jésus, incarnation du Christ, seul Fils engendré selon Jean). Il n’y a pas confusion entre Jésus et Dieu, mais appartenance et participation à Un Ensemble.

    Selon Luc 20:41-44 et les parallèles de Matthieu (22:41-46) et Marc (12:35-37), Jésus cite le Psaume 110 verset 1 : 41. « Comment peut-on dire que le Messie est fils de David, 42. puisque David lui-même dit au livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite, 43. jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau sous tes pieds ? 44. Ainsi David l’appelle Seigneur. Alors, comment est-il son fils ? »
    Ceci peut s’interpréter en disant que le psalmiste reconnaît une personne spéciale appelée Adonaï dans le psaume à qui le Seigneur YHWH a donné un pouvoir qui traverse l’histoire. La relecture par Jésus devient : Jésus = Adonaï. Jésus serait le Seigneur Adonaï de la Bible hébraïque, pendant que son Père et notre Père serait YHWH ? Et l’expression parfois rencontrée YHWH Adonaï renverrait à une action commune des deux hypostases YHWH et Adonaï ?

  2. Marc Pernot dit :

    Apparemment vous êtes très convaincu que Jésus = Adonaï. C’est votre foi et c’est très bien.
    Vous avez choisi les versets et les interprétations qui soutiennent cette foi. C’est une option. Il y a d’autres options possibles, tout aussi légitimement, bien sûr. c’est ce qui fait la belle diversité des chrétiens.
    Dieu vous bénit et vous accompagne.

    1. Le Jésus historique a-t-il enseigné principalement en araméen ? dit :

      Merci beaucoup !

      En fait je ne suis pas sûr, je me pose la question, et je cherche en m’appuyant en partie sur ce site de « recherche théologique » ! Merci beaucoup pour offrir cette possibilité de recherche et pour tout les articles que vous avez écrit et toutes les questions auxquelles vous avez répondu ! Et même si les points de vue divergent en certains points, dialoguer m’aide à progresser, et aussi je peux reprendre et intégrer certaines idées, certaines de vos conceptions et façons de faire, dans la façon de construire, reformuler et réagencer mes idées et croyances. C’est pourquoi c’est très précieux. Merci infiniment pour cela.

      [J’en profite pour me rectifier concernant le concile de Chalcédoine : il s’agit du quatrième concile dit « oecuménique », le troisième étant celui d’Éphèse.]

      Jésus =? Adonaï est vraiment une question, une hypothèse de relecture de la Bible hébraïque selon la question posée par Jésus lui-même selon les évangiles « synoptiques » (le Christ et David, Luc 20:41-44…), et cela peut surout ne concerner que certains passages de la Bible hébraïque. Sinon dans cette Bible hébraïque, les auteurs signifient a priori juste « Adonaï = le Seigneur Dieu » la plupart du temps, sans référence à un nouveau personnage messianique comme cela pourrait être le cas dans ce psaume 110.

      Mais en tout cas Philon d’Alexandrie, juif de la diaspora grecque pétri de double culture hébreu-grecque, explorait déjà une sorte de conception prétrinitaire de Dieu avec le Logos des grecs et la Sophia – Sagesse de Proverbes (chapitres 1 à 9) : cf l’ouvrage (téléchargeable sur arxiv) « Les idées philosophiques et religieuses de Philon d’Alexandrie » d’Émile Bréhier (sa thèse).

      Comme relecture de toutes les interprétations concernant Jésus Christ apparues au cours de l’historie, j’envisage de les classer en deux grandes familles d’interprétation de la Bible Ancien et Nouveau Testament : Jésus membre de la Trinité, et Jésus simple humain avec rôle historique et même théologique très spécial. Il semble effectivement que mon argumentation ci-dessus penche dans un seul sens. Devrais-je écrire une sorte de dissertation un peu plus dialectique avec des arguments en faveur de chacune de ces grandes familles d’interprétation ? Les deux me semblent bien en tout cas, il devrait être possible de s’en inspirer pour sa vie personnelle, et selon l’histoire, des civilisations entières s’en sont déjà inspirées.

      *******

      Je voudrais signaler aussi l’excellente traduction des Évangiles : Les Évangiles, traduits du texte araméen, par Joachim Elie et Patrick Calame. J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à les lire et les recommande vivement ! C’est traduit de la Pshitta, la version commune en araméen/syriaque.

      L’araméen était a priori la langue orale de Jésus et des apôtres la plupart du temps. Si les évangiles ont été écrits d’abord en grec, puis traduits en araméen, alors l’araméen permet-il de retrouver certains sens enfouis de l’enseignement oral de Jésus et non restitués en grec ? En effet, de nouvelles interprétations apparaissent, de nouveaux jeux de mots et sens possibles. Et quand Papias d’Hiérapolis témoigne (via Eusèbe de Césarée) que Matthieu a d’abord écrit son Évangile ou des loggias en hébreu, cela peut être compris de la façon suivante : il aurait écrit en utilisant un des alphabets hébreux, par exemple l’hébreu carré qui est aussi l’araméen carré, mais il aurait écrit dans la langue orale de Jésus et de la Galilée et d’une grande partie du peuple juif depuis l’exode à Babylone : l’araméen, l’autre langue des hébreux. Plus tard, le Talmud a été écrit en majeure partie en araméen, seule la Mishnah est en hébreu. [Parmi les manuscrits retrouvés Qumran, environ 17% des textes sont en araméen, et 3% en grec, et donc 80% en hébreu.]

      Peut-être une façon d’entendre ainsi une sorte d’écho de l’enseignement du Jésus historique ?

  3. andiran nathan dit :

    Ainsi s’exprime un auteur, dont j’ai voulu du moins soumettre les idées à la réflexion du lecteur. Et certes, si je pouvais défendre Athanase, je le ferais. Mais je dois confesser franchement que je ne puis. Si quelqu’un le peut, je l’approuverai de le faire. Loin de moi la pensée d’étouffer la vérité. Pour ce qui est de ma foi, je crois en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ son Fils unique, notre Seigneur, et au Saint Esprit. C’est dans cette foi que je vis, et que je m’efforcerai, avec l’aide de Dieu, de vivre jusqu’à la fin. Je suis persuadé que ceux qui gardent cette foi simple, que l’on estime nous avoir été transmise par les apôtres, sont dans la voie du salut, même s’ils ne professent et ne croient pas je ne sais quelles subtilités inexplicables, introduites dans l’Église par quelque excès de zèle, après les temps de la simplicité apostolique. Si certains possèdent un esprit assez aigu, pour saisir ce que moi et ceux qui me ressemblent ne saisissons pas, tant mieux, je n’en suis pas jaloux. Mais exiger que cette acuité de l’esprit de tous ceux qui doivent être sauvés, ce serait — du moins à mon sens — fermer la voie du salut à la plus grande partie des hommes.

    Sébastien Castellion, De l’art de douter et de croire, d’ignorer et de savoir *, extraits – (un ouvrage, 2 livres)

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