30 août 2023

Une personne vue de dos, comme auréolée de lumière sur un fond de grisailles - Photo de lucas Oliveira sur https://unsplash.com/fr/photos/plMKOV-zqsQ
Question

Entre notre mort et notre résurrection, en attendant, où va notre âme ?

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Question posée :

Bonjour pasteur je m’appelle Emmanuel j’ai 14ans et j’ai une question à la quelle j’aimerais avoir une réponse de votre part : Dans la bible on dit: En effet, si nous avons été unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne. Mais en attendant ou va notre âme ?

Réponse d’un pasteur :

Cher Emmanuel

Bravo de vous poser des questions théologiques. Surtout que la lettre de Paul aux Romains où se trouve ce texte n’est pas simple. Et que votre question, en une ligne touche des notions très riches.

Donc bravo de vous poser des questions, c’est comme cela que l’on avance, et il n’y a pas de question tabou. Je peux vous donner des informations et je peux aussi vous donner mon avis, mais bien entendu, votre réponse (votre opinion sur le sujet) vous appartient.

Vous faites bien de spécifier que vous avez 14 ans, mais je suppose qu’avec une telle question vous êtes déjà bien avancé dans la réflexion théologique, plus que bien des adultes (merci au passage, vous les mettez au défis de pousser leurs limites).

Notre mort et notre résurrection

Ce qui est délicat, c’est que pour bien des personnes, l’idée qu’elles se font de la trajectoire de la personne humaine vient largement des religions des anciens grecs et égyptiens, et cela a effacé en partie la façon de voir plus proche de l’évangile du Christ.

Des égyptiens et grecs de l’antiquité pensaient qu’après la vie en ce monde, nous passions par la mort physique, que venait alors un jugement où notre âme serait pesée, ceux qui sont retenus allant vers la vie éternelle, et les autres étant dévorés, ou envoyés aux enfers.

Dans l’évangile du Christ, la résurrection est à vivre non pas après la mort de notre corps mais commence au cours de notre vie en ce monde. La résurrection est un éveil à une vie plus intense, c’est le fait d’être mis debout et capable d’avancer. C’est quand la vie biologique est ouverte à une vie qui dépasse cette simple survie, en particulier en commençant à s’ouvrir à autre chose qu’à simplement notre vie cellulaire, par la foi, par l’espérance et par l’amour.

Ce que dit Jésus c’est que ce qui est vivant ainsi ne meurt pas à la mort du corps (voir Jean 11:25-26) . Et c’est ainsi que Jésus nous dit que nous passons dès maintenant de la mort à la vie : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne va pas en jugement, mais il est passé (déjà passé) de la mort à la vie. » (Jean 5:24).

Partant de ce que Jésus a dit et inspiré, venons en à l’apôtre Paul. Il parle aussi d’une résurrection à vivre au cours de notre vie présente. Si on fait attention aux temps des verbes  dans ce verset « Nous avons donc été ensevelis avec lui (Christ) par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. » (Romains 6:4-11).

  • « Nous avons été ensevelis » : c’est au passé. On pourrait dire : dans la mesure où une part de nous même est morte en Christ : morte à l’égoïsme pour aimer, morte au désespoir pour espérer, mort à la pure animalité pour être un animal spirituel. Ce n’est pas du tout oui / tout non mais quelque chose de relatif, c’est en partie, c’est progressivement que nous nous plongeons dans cette nouvelle façon d’être en laissant en arrière une ancienne façon d’être qui nous faisait un petit peu ressembler à un sanglier furieux.
  • Ce verbe est au passif « avons été ensevelis » : ce n’est pas nous qui sommes l’auteur de cette transformation, heureusement car c’est quasiment impossible à nous-même de changer notre caractère, impossible de nous forcer nous-même à aimer, à espérer… Cela vient comme une nouveauté de vie, quelque chose qui nous donne envie de nous ouvrir, et qui nous est donné par Dieu.
  • Ce n’est pas une question de baptême dans l’eau (Paul ne baptisait pratiquement pas) ni de rite à l’église (ce sont des signes utiles pour nous aider à saisir). Le baptême ici n’est pas une plongée dans l’eau mais une plongée dans la mort et la résurrection du Christ, dans ce changement de façon d’être. Pour le vivre aussi peu que ce soit, dès aujourd’hui, et un peu encore demain, puis après demain…

Cette mort et cette résurrection est donc déjà donnée, et Paul nous encourage à en vivre aujourd’hui, de cette vie nouvelle, de cette vie éternelle dans les versets suivants : « Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. »(Romains 6:11).

Où est notre âme dans ce processus de résurrection ?

Question intéressante, elle aussi. Et là encore notre pensée est souvent issue de la pensée grecque sur l’humain, et non biblique. Dans la pensée grecque, l’âme est éternelle et bonne, elle n’est pas créée mais est une part du divin, est temporairement prisonnière de notre corps qui la rend lourde, avant qu’elle puisse être libérée et retourner à l’unité du divin. Cela donne une vision assez péjorative du corps et de la vie en ce monde. Alors que dan sla Bible, il n’est en réalité pas question d' »âme » : nous sommes un corps spirituel qui forme un tout, un être vivant. C’est parfois cela qui est malheureusement traduit parfois par le mot âme dans la Bible, ce qui prête à confusion, en hébreu, c’est le mot « néphesh », les animaux sont eux-même appelés des « néphesh rhaiah » : des êtres vivants. Nous sommes un être individuel, avec un corps, une personnalité, et un souffle divin qui nous rend capable de créer et d’être libre. C’est cela qu’active la résurrection que nous vivons en Christ dès notre vie présente en ce monde, dans ce corps qui est le nôtre. Un corps vivant, animé par l’Esprit de Dieu, pensant et aimant. Je dirais qu’au cours de cette résurrection (progressive) dont parlent Jésus et Paul, c’est une réorganisation de notre être, avec au-dessus des autres dimensions de notre être (animal, psychique), aux commandes de notre être, se trouve notre meilleur moi, en particulier l’amour (dit Paul dans sa lettre aux Corinthiens). Ou l’Esprit, ce qui revient au même, ce souffle divin qui nous anime.

Ensuite, à la mort de notre corps, c’est une autre question, et la Bible en parle beaucoup moins. C’est la vie présente qui l’intéresse principalement. Mais Jésus nous dit que ce meilleur de nous même reste en vie, seulement notre corps n’est plus un corps de chair, fait de molécules, il est un corps autrement mais nous restons un individu personnel. C’est Paul, toujours lui, qui s’aventure à parler de la nature de ce corps (1 Corinthiens 15),il dit que c’est un corps spirituel ou un corps glorieux, pas un corps pourrissable. Mais nous verrons bien en temps utile (le plus tard possible, merci bien) ce qu’il en est de notre façon d’être dans la vie future. C’est de toute façon difficile à imaginer, et ce n’est pas une question très importante. L’essentiel est notre personnalité dans la qualité de ses relations (avec Dieu, avec notre prochain et avec nous-même).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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5 Commentaires

  1. Chrétien aujourd'hui dit :

    La tradition catholique insistait exagérément sur le Purgatoire et les messes pour les défunts. En réaction à ces excès, la tradition réformée a toujours éprouvé des difficultés à établir un discours un peu étoffé sur la mort. Les personnes qui ont une sensibilité pour les liens existant entre ce monde et l’autre semblent témoigner d’un passage immédiat de cette vie à la vie en Dieu, pour toute personne qui accepte d’aller à Lui. La Lumière au bout du tunnel, c’est très certainement Dieu.

    1. Marc Pernot dit :

      Depuis la DCJ (déclaration commune sur la justification par la foi) de 1999 entre catholiques et protestants, nous sommes tous d’accord pour dire (si j’ai bien compris), qu’il n’y a rien que nous puissions faire sur terre pour augmenter les chances de salut de nos morts. Notre justification n’ayant pas d’autre cause que la grâce de Dieu lui-même. Par contre, il y a sur terre des choses que nous pouvons faire pour nous ouvrir à cette grâce, ce ne sont pas pour gagner des mérites, mais c’est une façon de participer à notre transformation par Dieu…
      Les messes pour les défunts me semble servir à replacer devant Dieu notre mémoire, notre rapport à la personne disparue, et que c’est très vivifiant pour nous qui sommes vivants sur terre. Mais ce n’est pas magique pour aider le mort à avancer dans son cursus au ciel. Sinon, d’ailleurs, ce serait assez cruel car un pauvre clochard dont personne ne connaît plus le nom aurait bien moins de chance dans le ciel qu’une personne d’un bon milieu sur terre avec plein de relations qui lui feront dire des messes. On serait loin du retournement entrevu par Marie dans le Magnificat.

  2. Pécheur en repentance dit :

    Dieu connaît parfaitement les plans qu’il a sur chacun de nous. Il sait qu’untel aura l’envie et/ou le besoin de se tourner vers Lui, et qu’un tel autre non.

    Lors de notre première naissance (celle charnelle), le corps que nous arborons est destiné à mourir à un moment ou à un autre.
    D’où la nécessité de la seconde naissance (celle de l’esprit), et ce avant la mort de notre corps, car notre esprit est ce qui subsistera de notre chair ; si cette seconde naissance n’a pas lieu au moment où nous mourons, nous ne pourrons jamais hériter du Royaume de Dieu.
    Et il est inutile de demander l’organisation de cérémonies de funérailles pour le salut des morts ensuite, car les morts une fois morts, Jésus-Christ ne peut plus rien pour eux.

    Lettre de Paul aux Romains, chap. 3, verset 10.

    1. Marc Pernot dit :

      Dieu garde chacun dans son amour de toute façon, et comme le dit Paul « rien de nous séparera de cet amour de Dieu manifesté en Christ ». Faisons donc confiance à Dieu pour se débrouiller de retrouver la brebis perdue, comme le dit Jésus. Ce salut sans condition s’appelle « la grâce de Dieu », la grâce surrabondante.

  3. Rosset Claire-Lise dit :

    Bonjour,
    Je me permets de mettre deux extraits de livres qui, pour moi, ont la saveur de la plénitude de notre être en Dieu après notre mort :

    Au sujet de la mort subite de son mari, Claude, Christine Pedotti écrit :
    « Il a fallu deux années entières pour que l’obstacle de l’incompréhension de la mort ne me tourmente plus. Je ne sais toujours pas ce que signifie être mort. Je ne dirais pas non plus que je m’y suis habituée, ni même que je suis consolée. Je dirais plutôt que je me suis déplacée. J’ai tourné le dos à ce mur contre lequel ma raison se brisait et j’ai recommencé à habiter l’espace des vivants. Je médite sur ce retournement de l’être qui se tourne vers la vie après avoir été comme fasciné par la mort. »

    « Quelle que soit la foi en une vie après la mort, elle n’atténue rien ni de l’absence ni du manque, sauf à caresser des chimères. La mort est irrémédiablement une séparation, une béance et un vertige. »

    « Est-ce que j’ai perdu cette foi ? Non. La brutalité de la mort de Claude m’a dévastée, mais le coeur de ma foi n’a pas été atteint. Je continue à dire et croire que ceux et celles qui sont morts ne vont pas au néant. Je continue à croire qu’ils traversent la mort mais que leur être intime n’est pas dissous, pas aboli. Que deviennent-ils alors ? Je crois qu’ils deviennent eux-mêmes, profondément et intimement eux-mêmes, ressuscités dans l’être même de « Dieu. »
    (L’ inconsolée, Christine Pedotti, Albin Michel, 2022, p. 36, 37, 74, 76, 77)

    “Paul évoque ainsi la continuité qui caractérisera le corps que nous sommes aujourd’hui et celui que nous deviendrons, une fois ressuscités, tout en soulignant la nouveauté que représentera ce corps pleinement investi par l’Esprit de Dieu. Dans ce contexte, il risque l’expression de corps spirituel (1 Cor. 15 : 44), c’est -à-dire de corps totalement renouvelé par l’Esprit de Dieu, à l’image de la corporéité du Christ, devenu, depuis sa résurrection, « homme céleste » (1 Cor. 15 : 49). »
    (Ce que dit la Bible sur… Le corps, Pierre Debergé, Nouvelle Cité, 2015, p. 118, 119)

    Bien cordialement
    Claire-Lise Rosset

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