Gros plan sur une pomme avec une femme nue derrière se prenant la tête - Photo by engin akyurt on https://unsplash.com/fr/photos/femme-se-couvrant-le-visage-avec-de-la-pomme-rouge-ZeuDhLpjgsA
Bible

Dieu aurait dû mieux entourer Adam et Eve face au serpent ? Peut-on oser se poser la question ?

Par : pasteur Marc Pernot

Gros plan sur une pomme avec une femme nue derrière se prenant la tête - Photo by engin akyurt on Unsplash

Question posée :

Bonjour Pasteur, et merci encore pour vos réponses sur le site.

J’ai fait la catéchèse pendant 6 ans environ. Un jour un jeune garçon de 10 ans me dit  » maman veut bien que je vienne au KT mais pas papa. Papa m’a dit que  » Dieu n’a pas sauvegardé l’innocence de ses enfants  » M’ayant dit cela à la fin du cours alors que les autres élèves étaient partis, il m’a donné quelques explications très succintes relatives au déroulement des faits à l' » arbre défendu  » . J’ai compris que son père relatait qu’effectivement Adam et Eve avaient mangé la pomme mais que Dieu les a laissés dans le jardin , en quelque sorte sans surveillance , alors qu’Adam et Eve n’avaient pas l’intelligence pour comprendre le résultat désastreux de leur désobéissance .

Réfléchissant à cela depuis , effectivement , tout parent ayant une notion du danger à l’extérieur de sa maison, va non seulement instruire du danger, du soin d’être vigilant , mais aussi accompagner et surveiller l’enfant puisqu’il est en apprentissage du danger. Et d’autant plus que son parent va l’accompagner puisqu’il l’aime abondamment . Et de surcroît, accompagner pour éviter le drame , dont on serait particulièrement affecté avec de la culpabilité .

A cela , un soir , à la Cure, alors qu’on était environ une vingtaine à débattre sur des sujets, ce thème , de la pomme croquée est venu. Et dans l’Assemblée, un homme d’à peu près mon âge, a indiqué comme quoi , l’action d’Adam et Eve était certes volontaire de croquer la pomme , mais premièrement par abus psychologique sur eux mêmes par le Malin beaucoup plus intelligent, et deuxièmement grâce au concours de l’absence de Dieu qui aurait pù intervenir pour sauver ses enfants qu’il ne désire pas aller à leur perte. Insistant bien que l’on ne soulève pas l’hypothèse d’accuser directement Dieu , ça reste quand même une interrogation.

Pou ma part, je crois que s’il est intéressant de lire la Bible , il vaut mieux la comprendre.Et ce que l’on ne comprend pas , peut être vaut il mieux avancer sur d’autres écritures .Sur ce sujet , je préfère m’abstenir de trouver une réponse logique car j’estime que Dieu a sa juste raison et qu’il est inutile de l’accuser de quoi que ce soit . D’autant plus qu’il a dit  » ne vous appuyer pas sur votre intelligence  » .

S’agit-il d’une métaphore, bien que les écritures parlent bien d’une richesse céleste incomparable avec ce que nous vivons ici bas ?.
Merci beaucoup pour votre réponse

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur

Bravo à cet enfant de 10 ans, d’abord, qui réagit si bien à cette difficulté d’être entre ses deux parents qui n’ont pas su se mettre d’accord entre eux. Je comprends le papa qui a dû être traumatisé par un enseignement religieux donnant une image terrible de Dieu, seulement, il devrait prendre du recul et ne pas chercher à transmettre ce trouble à son fils (je ne suis pas certain que ce soit génial), et rester plus neutre par respect pour la mère de son fils.

Bravo à vous de vous poser des questions.

  • D’accord pour votre affirmation « Dieu a sa juste raison et qu’il est inutile de l’accuser de quoi que ce soit ». A condition de prendre cette affirmation comme une confiance que Dieu est amour, qu’il ne peut venir de lui que du bien, du soin de chaque personne même coupable, qu’il est toujours source de vie, de lumière, de bonheur, de libération… jamais de choses négatives, de peines, de souffrance et de mort. C’est le cœur même de l’Evangile du Christ, et vous avez donc raison, en chrétien, de prendre cela comme clé d’interprétation de la lecture de tout passage de la Bible, même de la Bible hébraïque qui est parfois difficile.
  • Ensuite, quand vous rencontrer un passage où vous ne trouvez pas comment le rendre compatible avec « l’amour de Dieu manifesté en Christ » (comme le dit l’apôtre Paul), vous avez raison, faites confiance à Dieu, ne soupçonnez pas qu’il puisse abandonner son enfant à la mort, ou faire du mal. Donc si vous ne voyez pas la solution, passez simplement (comme vous le suggérez) ou cherchez une solution (comme vous le faites en posant cette question). Ou simplement ne soyez pas d’accord avec ce passage et laissez le de côté pour une autre fois (il y a de multiples courants accueillis dans la Bible, et chacun est amené à composer selon sa sensibilité, en retenant ceci, en relativisant telle autre façon de voir selon un autre passage).

Par contre, il ne me semble cet appel à « ne pas s’appuyer sur son intelligence » ne me semble pas correct. Notre intelligence est une des merveilleuses bénédictions de Dieu. Que cela ne nous amène pas à nous prendre nous même pour Dieu, on est d’accord, mais cela ne veut pas dire qu’il faudrait renoncer à notre sens critique, à notre pouvoir de réfléchir, de chercher, de démasquer les incohérences de certaines théories. C’est dans les mouvements sectaires que l’on enseigne à sacrifier son intelligence, afin que les fidèles obéissent les yeux fermés à l’enseignement du chef, surtout sans se poser de questions, et bien être soumis à ce que l’on présente comme venant de Dieu, se concentrer sur l’unité du groupe, l’émotion partagée en groupe, etc.

Au contraire, Jésus passe son temps à chercher à éveiller l’intelligence des foules, par ses paraboles déstabilisantes, faites tout exprès pour faire réfléchir, avec de multiples sens possibles. Et il n’enchaîne pas les gens dans son groupe de disciples, une fois la personne aidée, délivrée, il l’envoie retourner dans sa vie à sa façon, confiant dans l’aide de Dieu.

Dans le verset que vous citez « ne vous appuyer pas sur votre intelligence « , il est tiré du livre des Proverbes, ce passage n’encourage pas à abandonner la réflexion personnelle, ce n’est pas ce qui est marqué, il est dit « ne t’endort pas sur ta sagesse », et pour cela, aie confiance en l’Eternel ton Dieu, dans ses chemins, il aplanira tes sentiers (voir Proverbes 3:5-6). Effectivement, cela encourage à avancer, à ne pas s’arrêter sur ce que l’on pense aujourd’hui et ce que l’on nous a enseigné, ne pas s’endormir là dessus et à avancer, avec l’aide de Dieu, à avancer sur « tes sentiers », c’est à dire de multiples sentiers possibles rendus possibles par Dieu devant chacun, le libérant pour ses choix personnels, et tracer son propre sentier.

Peinture de Rubens : Adam et Eve vont manger le fruit défendu - wikicommonsEn ce qui concerne l’histoire d’Adam et Ève, il ne faut pas comprendre cela comme un reportage sur un drame familial ancien. Il s’agit de la tension qui est en chacun de nous entre la tentation de faire n’importe quoi et d’aller plutôt dans le sens de ce qui fait grandir la vie. C’est un texte qui parle de l’actualité de notre propre psychologie, de notre spiritualité, du souffle de l’Esprit en nous et de la voix tortueuse de nos instincts primaires, de blessures anciennes, d’émotions instantanées, et autres rêves plus ou moins conscients. Ce n’est donc pas que Dieu nous abandonnerait ! Il y a va de tout son Esprit pour nous inspirer, Esprit qu’il met en nous. Seulement cet Esprit n’est pas une programmation chassant toute personnalité, au contraire, elle est un souffle de vie pour cette personnalité. L’exercice est certes périlleux, il est indispensable pour créer l’humain. C’est un acte d’amour. D’ailleurs ce texte de la Genèse parle avec respect, presque tendresse de cette figure du serpent en Genèse 3:1, il est dit être  » le plus subtil de tous les animaux des champs que l’Eternel Dieu avait faits ».

Finalement, nous sommes comme ce Milou dans Tintin au Tibet, avec en tête deux voix, une voix angélique en nous et une voix démoniaque, l’ange et le démon sont en nous, en chacun de nous, le souffle de Dieu et le serpent sont deux dimensions de notre être. Voir https://jecherchedieu.ch/dictionnaire-de-theologie/tentation/

Dieu vous bénit et vous accompagne

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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Un commentaire

  1. Julie dit :

    Bonjour Pasteur,

    Je viens d’avoir une très longue discussion avec une proche. Parmi les sujets couverts il y avait : l’intelligence et croire que toute la Bible est vraie.

    J’ai donc cherché cette présente page après coup. L’argument qu’elle avançait c’était que tout ce qui pouvait la dépasser, ou les choses qu’elles trouvaient invraisemblables venant de Dieu (création de la vie dans la Genèse par exemple), c’était le signe que c’était vrai.
    Je lui ai demandé comment elle pouvait affirmer cela en dépit de ce que la réalité est ? On est d’accord pour dire que le sable ou une pierre précieuse met des centaines voire des milliers d’années à se créer, et pourtant affirmer que le monde s’est créé en 6 jours ?

    Ma lecture c’est de me dire : et si la description faite de la création n’était qu’un point de vue de l’auteur ? Pourquoi pas envisager que cette description est fausse, qu’elle n’est qu’une imagination de ce qu’a été le début de tout ou qu’elle n’est qu’une leçon ?

    Pourtant ma proche persiste en disant que si elle utilise son intelligence, alors elle occulte ce que peut lui dire Dieu par le Saint Esprit.
    Plus tard, elle a lu certains versets parlant de l’intelligence, et elle a constaté qu’en effet Dieu (ou les auteurs) conseille d’utiliser son intelligence, sa réflexion. On s’est mis d’accord sur le fait qu’écouter Dieu n’est pas incompatible avec l’intelligence.
    Pour autant, ça ne change rien au fait qu’elle pense que Dieu lui parle uniquement que quand elle tait son intelligence.

    Même si j’ai des difficultés avec les non-sens de certaines croyances même fondamentales pour certains, alors je suis encouragée par vos écrits qui poussent à aller de l’avant.
    Alors si je peux contribuer à ce que ma proche aille au-delà de ses certitudes qui me condamnent, s’ouvre, recherche, expérimente, et si je peux moi-même me dire que ses certitudes n’ont aucun pouvoir sur ce que Dieu (quel qu’il soit) peut penser de moi, alors je crois que ça ne peut que nous emmener vers du mieux.

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