Ombre d'une main tenant un pistolet menaçant une victime - Photo de Maxim Hopman sur https://unsplash.com/fr/photos/PEJHULxUHZs
Bible

Dans le 2e livre de Samuel, Dieu fait mourir le fils qui naît du viol de Bethsabée par David : terrible pédagogie de Dieu ?

Ombre d'une main tenant un pistolet menaçant une victime - Photo de Maxim Hopman sur https://unsplash.com/fr/photos/PEJHULxUHZs

Question posée :

Bonjour

Je rebondis sur cette question « Est-ce vrai que Dieu ne punit pas ?« 

Dans le deuxième livre de Samuel, Dieu fait mourir le fils qui naît de l’union adultérine entre Bethsabee et David (2 Samuel 12:13-18).

J’ai envie, comme vous l’expliquiez, dans votre réponse, de lire ce passage au sens figuré : une mauvaise action à toujours des conséquences y compris sur des innocents. Cependant, j’ai tout de même du mal à m’enlever de la tête que Dieu décrète la mort de l’enfant pour punir David au vu des propos prononcés par le prophète : « Mais, puisque dans cette affaire, tu as gravement outragé le Seigneur – ou plutôt ses ennemis- le fils qui t’est naît, lui mourra ». Auquel cas, la « pédagogie » de Dieu est plutôt violente.

Vous avez une clé de lecture pour ce passage?

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Excellente question. Très douloureuse.

Christ a montré que Dieu n’est source que de bien

En Christ, nous savons avec certitude que Dieu est lumière, uniquement lumière et qu’il n’y a pas de ténèbre en lui. C’est ce que dit Jean au début de sa première lettre. C’est qu’effectivement la question se posait alors, avant le Christ. Certains disaient que Dieu est source de vie et source de mort, source de bonheur comme source de souffrances, source du bien comme du mal. Vraiment nous sommes délivré de ce genre de théologie par le Christ, comme nous voyons Jésus ne jamais blesser ni tuer personne, mais toujours soigner, faire vivre, relever et sauver, instruire les gens.

Mais c’est vrai que jusqu’au Christ on pouvait se poser la question, cela apparait dans certains textes bibliques. Et c’est normal, dans un sens. Pour certaines personnes, Dieu était identifié comme maître total de ce qui arrive : il pleut était interprété par Dieu fait pleuvoir. Et donc quand un enfant mourrait on pensait parfois que Dieu avait tué l’enfant. C’est épouvantable et gravissime de charger ainsi Dieu des pires horreurs. C’est précisément ce qui est arrivé à Jésus qui s’est précisément fait exécuter, lui qui est le juste, comme s’il était un pécheur. C’est ce que cette théologie fait subir à Dieu. Non Dieu n’est jamais coupable de la mort d’un enfant, et il n’est jamais du côté de la maladie ni du côté du bourreau. Dieu est toujours du côté de la vie, accompagnant la victime, cherchant à améliorer le coupable de sa folie.

Quand nous faisons du mal, cela fait de la souffrance et de la mort

Ce que nous dit cette histoire de David, effectivement, c’est que l’épouvantable comportement de David est source de souffrances, de mort, d’injustices épouvantables. C’est une mauvaise interprétation, impossible. Par contre, c’est vrai, notre vie n’est pas un jeu virtuel et quand nous faisons le mal ça fait du mal, de la souffrance et de la mort. Ce n’est pas tant la question que Dieu pardonne ou non. Dieu pardonne mais les conséquences de nos mauvaises actions existent et cela demande un travail de restauration de la réalité, un travail de soin qui prend du temps, comme toute œuvre de création, même pour Dieu. Effectivement, Dieu soigne et malgré l’épouvantable comportement de David avec Bethsabée, la violant et faisant mourir Uri, son mari : le Christ sera descendant de David et de la femme d’Urie, nous dit la généalogie de Jésus dans l’Evangile selon Matthieu (1:6).

Ce n’est pas Dieu qui a tué cet enfant innocent. C’est une mauvaise interprétation de ce qui est arrivé.

Lecture allégorique : l’enfant représente les conséquences de nos actes

J’ai vraiment du mal avec une autre façon de comprendre cette histoire qui existe, dans une lecture symbolique. Non que cette lecture soit mauvaise mais elle peut être dangereusement mal reçue par certaines personnes. Cette lecture consiste à considérer que nos nos actes et leurs conséquences sont comparables à des enfants que nous avons, car dans un sens : ce que nous avons fait a des suites qui vivent leur vie indépendamment de nous. La mort de l’enfant pourrait signifier ainsi l’extinction de la conséquence de nos mauvais actes nous échappent de façon dramatique. D’accord. Sauf que j’ai connu bien des personnes qui sont blessées par une telle lecture symbolique considérant, même sous forme d’image, le mal et un enfant né dans des circonstances problématiques. Il est essentiel de dire qu’un tel enfant est et reste absolument toujours totalement aimé par Dieu, bien sûr. Au pire, il est victime du mal qui a entouré sa conception et son enfance. Mais même pas nécessairement. En tout cas il est absolument béni par Dieu, au moins autant que tout autre enfant, et éventuellement encore plus accompagné par Dieu s’il s’avère qu’il subit encore des conséquences mauvaises de ses origines, dont il est évidemment totalement innocent.

C’est pourquoi, il me semble que la meilleure lecture de cet épouvantable récit du premier enfant de David avec Bethsabée, la femme d’Urie, est de dire que l’enfant, hélas, est victime des conséquences de la folie de David, terribles conséquences, et que Dieu a aimé et gardé au maximum cet enfant du mal, souffrant avec lui, et l’accompagnant dans son amour pour la suite.

La pédagogie de Dieu c’est l’amour actif

Dieu a absolument d’autres moyens « pédagogique » pour nous aider à avancer vers le bien : ce n’est pas en punissant le coupable, c’est encore moins en torturant des innocents à la place des coupables !!! La pédagogie de Dieu pour celui qui fait le mal, nous dit Jésus : c’est d’aimer son ennemi, de bénir celui qui maudit, c’est de faire du bien à celui qui fait preuve de haine, c’est de chercher à parler, convaincre, supplier celui qui maltraite et qui persécute. C’est comme cela qu’est Dieu, nous dit Jésus, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Matthieu 5:44-45). Et oui, cela choque notre instinct de chevalier de la vengeance, qui aimerait régler les comptes. Mais la justice de Dieu n’est pas la justice de ce monde, elle est la justice d’un père ou d’une mère parfaitement aimante pour son enfant. La justice de Dieu travaille à nous rendre un petit peu plus juste. Ce qui n’est pas toujours une promenade de santé.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

PS. Voir l’article « dysthéisme » sur ce site.

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4 Commentaires

  1. Guy dit :

    Difficile de lire ce passage comme factuel selon une approche moralisante . Par contre selon une grille de lecture symbolique , il signifie que la vie ne peut pas se développer dans un situation qui n’est pas pleinement assumée par l’auteur de la faute .Quand David aura pris conscience de sa faute , qu’il en aura assuré les conséquences et qu’il se sera repenti alors il pourra avoir un enfant avec cette même Bethsabée dont il a tué l’époux qui non seulement vivra mais sera beni de YHWH puisqu’il s’agit de Salomon .

  2. Paule dit :

    Quand va-t-on se mettre à lire vraiment ces textes pour ce qu’ils disent ? Les lire dans des trad. au plus près de l’hébreu ouvre des champ immenses grâce à la polysémie des textes et à une pensée qui avance plutôt et qu’en ou.
    L’Atelier de lecture biblique” s’y attache à partir de Genèse et nul besoin de prérequis !

  3. Pascale dit :

    « En effet, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »
    Je suppose que dans cette phrase, il faut voir à la fois la pluie et le soleil comme des bienfaits. Car, cela aussi, peut prêter à confusion.

    1. Marc Pernot dit :

      Oui, « pleuvoir » est extrêmement positif, c’est une bénédiction, une promesse de fruits.
      « le soleil », dans ces contrées, est souvent une brûlure, un dessèchement. Mais ici il me semble que c’est un lever de soleil dont il est question, comme l’aube d’un nouveau jour, un avenir.

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