29 novembre 2024

Émerveillement - Photo prise du train entre Genève et Berne par Roger O.
Texte Biblique

Un théologien demande à Jésus : « Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (Luc 10:25)

La question de ce théologien montre une théologie très fine, elle apparaît comme un petit peu curieuse, paradoxale. En effet, « Que dois-je faire ? » suppose qu’il y aurait un devoir de faire quelque chose. Alors que « pour hériter », par définition, nous n’avons rien à faire, puisque l’héritage est une valeur que nous recevons sans avoir travaillé pour l’obtenir, c’est un don gratuit.

Alors, qu’est-ce que cela pourrait vouloir dire ? D’abord, effectivement, nous recevons la vie comme un héritage. Parmi tous les charismes (les talents) que nous avons reçus, le premier, vraiment, c’est d’être, c’est d’être nous et d’être vivants en ce monde. Il est bon de travailler cette conscience en commençant par l’émerveillement devant l’existence de l’univers. Il forme un tout depuis les grands amas de galaxies jusqu’à une petite fleur d’alpage, et cet ensemble est une splendeur en évolution. Nous sommes membres de tout cela, ni plus, ni moins que tout autre membre. Si notre existence était dévalorisée, cela reviendrait à dévaloriser l’univers entier.

Il n’y aurait donc rien à « faire » ? Oui, rien pour mériter l’infinie valeur de notre être et de notre vie, puisque nous la recevons en héritage. Nous recevons aussi d’autres talents, des charismes qui nous sont propres et que nous pouvons aussi découvrir. Ce théologien qui interroge Jésus se trompe donc, nous ne « devons » pas faire quoi que ce soit. Et pourtant, même si ce n’est pas un devoir, quand nous pourrons faire quelque chose, ce sera là encore une grâce et une joie.

Il existe un passage des évangiles où Jésus explique : « Moi, je suis venu afin qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (littéralement : en débordement) » (Jean 10:10). Jésus dit que son but est que nous ayons la vie, et si, en plus, notre vie pouvait déborder, rayonner de quelque chose qui nous est propre ; ce serait génial. Que cela vienne simplement de notre bon fond, tout naturellement, comme un pommier offre ses pommes, sans que personne ne l’ait obligé. C’est alors une grâce et joie pour nous, une grâce et une joie aussi pour ceux qui en bénéficient, et pour Dieu. Déjà notre verger est en fleurs.

par : pasteur Marc Pernot

verset médité prêt à être imprimé

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2 Commentaires

  1. Deodatus dit :

    Merci pour ce magnifique message qui nous invite à être promoteur de la vie et à la défendre. C’est ainsi qu’elle deviendra débordante. Merci de nous rappeler Saint Père cette grâce dont nous n’avons le plus souvent pas conscience, pensant que cela allait de soi. C’est une grâce offerte par Dieu.

  2. Lili dit :

    Ce qui est aussi étrange c’est que le théologien – censé s’y connaître en vie éternelle ou au moins y avoir réfléchi – pose cette question à Jésus, question qui vise à le piéger si j’ai saisi la suite. Ce dernier le prend vraiment bien à son piège en ne lui répondant pas mais en le renvoyant à lui-même avec une autre question : « Que dit la loi ?». Comme il s’adresse à un docteur de la Loi, cela pourrait sous-entendre : « Mais comment ? Tu ne sais pas ce qu’on doit faire pour obtenir la vie éternelle ? Quel piètre théologien tu es… ». Tel est pris qui croyait prendre… C’est plutôt savoureux, je trouve.

    Ce que je crois retenir de cette péricope, c’est que ce n’est pas parce que nous aimons les autres que nous allons vers eux mais au contraire que c’est parce que nous allons vers eux que nous les aimons. Le Samaritain ne connaissait pas cet homme quasi mourant avant de le croiser mais il reconnaît en lui qch d’aimable ou plutôt la capacité à aimer du Samaritain est mobilisée. Le prochain n’est donc pas une théorie, un truc abstrait, ni même une personne, je pense, mais une réaction ou un rapport (pourquoi pas une alliance…) de reconnaissance qui peut aussi, il me semble, se rapporter aux animaux, à la nature présente ou aux générations à venir dont il faut prendre soin.
    Et pourquoi cette réaction ? Les deux autres qui sont passés près de l’homme blessé sans réagir n’ont pas l’air de s’en porter plus mal. Pour moi, il n’y a pas tellement de réponse à cette question sinon que cela « intensifie la vie » (une formule à vous que je trouve adaptée ici), que c’est un choix possible.

    C’est que « l’amour » n’est pas sans cause, certes, mais fondamentalement, il est sans raison, hors du champ de la raison. Je ne sais pas si on peut aimer qq avec raison – il en faut quand même un peu mais je veux dire juste avec un bon raisonnement bien argumenté. Sinon on pourrait dire : « Je t’aime parce que 1, 2, 3 et 4. Voilà, n’en parlons plus. » Ce qui serait aimer en théorie et ne marcherait sûrement pas très longtemps car aimer renvoie à la sensibilité, à un être au monde bien sûr (idée que vous avez travaillée avec votre billet sur le corps) et les deux hommes indifférents semblent, eux, avoir des raisons d’aimer. Pas de chance pour le pauvre malheureux qui ne coche pas les bonnes cases.

    C’est pour cela qu’il y a quand même bien un devoir minimal, oui, celui de protéger cette disposition à aimer qui nous caractérise et qui peut se transformer en acte. Parce qu’on peut aussi facilement rendre quelqu’un insensible à toute détresse : humaine, animale, écologique, sociétale. Il suffira justement de ne pas l’aimer i.e. de l’affamer ou de le blesser ou de nourrir en lui le ressentiment ou de « l’éduquer » dans certaines limites ou tout cela ensemble. Les pires horreurs en sortiront. Sans aller toujours jusque là, des soucis personnels ou on s’est levé du mauvais pied, on est maussade ou il pleut du crachin et on ne trouve plus aimable qui que ce soit. C’est donc une corde très très sensible qu’il faut essayer sans doute de travailler.

    Ce qu’on voit dans ce récit en tout cas, c’est que sa mobilisation sauve la vie. Il y en a bien d’autres exemples autour de soi, masqués, il est vrai, par les monceaux d’horreur dont nous sommes entourés parfois.

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