31 juillet 2018

Statue de Zeus aux Nations Unies (illustration - http://www.flickr.com/photos/28998362@N00/46684409 Found on flickrcc.net
Question

Est-ce vrai que Dieu ne punit pas ?

Par : pasteur Marc Pernot

Statue de Zeus aux Nations Unies (illustration - by Timothy Vogel https://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/ http://www.flickr.com/photos/28998362@N00/46684409

Une statue de Zus

Question posée :

Bonjour cher pasteur,

La question est dans le titre. J’aimerais savoir si Dieu ne punit jamais.

Si tel est le cas, comment comprendre dans l’AT que Myriam, la sœur d’Aaron soit atteinte de lèpre, ou dans le nouveau, la mort d’Ananias et de Saphira, par exemple.

Je vous remercie pour votre réponse.

Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Chère Madame

Je suis persuadé que Dieu ne punit pas. Au contraire, même. La réaction de Dieu face au péché et à l’insuffisance est de visiter, de nourrir, d’appeler, d’entourer, de bénir. C’est ce que l’on voit en Christ, et c’est ce que dit Jésus quand il nous appelle à aimer nos ennemis, bénir et prier pour ceux qui nous font du mal. Et il ajoute que c’est comme ça que Dieu agit envers le coupable,

Il y a plusieurs possibilités pour lire les passages où Dieu semble massacrer des personnes :

  • passer en se disant que l’on n’est pas d’accord avec ce point de théologie proposé ici par ce texte. On a le droit, la Bible est un livre pluraliste qui intègre différentes options théologiques et spirituelles. Et le Christ en privilégie certaines et en refuse d’autres.
  • lire ce passage en se disant que ce n’est pas vraiment Dieu qui veut la mort de telles personnes ou la lèpre de Myriam mais que c’est une simple conséquence de son péché. Quand on fait le mal, ce n’est pas simplement comme une faute dans un exercice de maths, mais quand nous faisons n’importe quoi dans la vie, cela fait effectivement du mal aux autres, au monde, et à nous-mêmes. Cela peut tuer et nous pourrir. Ce mal est donc là malgré la volonté de Dieu, mais il est bien une conséquence du mal (et non une punition pour le mal) que nous avons fait.
  • lire au sens figuré ce passage ou des pécheurs, des ennemis ou des étrangers sont massacrés. Par exemple dans l’épisode du déluge, chacun de nous est à la fois Noé le juste et l’humanité pleine de violence, le projet de Dieu est ainsi de sauver le meilleur de chacun de nous et de nous purifier de ce qui est souffrant en nous, de ce qui fait le mal. De même pour la traversée de la mer rouge, à la fois le peuple hébreu et les cavaliers égyptiens parlent de chacun de nous. L’action de Dieu consiste à nous libérer de ce qui, en nous, opprime le meilleur de nous-mêmes. Cette lecture est classique depuis 2 ou 3000 ans, voir http://marcpernot.net/predications/dieu-sauve-noe-ses-enfants-et-des-animaux.php . Ce jugement de Dieu est alors bien de l’amour, encore et toujours. Un amour actif, puissant.

Mais vous avez raison. L’image d’un Dieu vengeur, punisseur est tellement passé dans notre mythologie. C’est un levier bien commode pour faire avancer les ânes, parait-il, la carotte et le bâton. Des chefs d’église, voulant bien faire, possiblement, peuvent vouloir utiliser ce simple moyen pédagogique pour motiver leurs fidèles à écouter Dieu et à se comporter un peu correctement. Je me souviens des sculptures dans la cathédrale d’Albi, ces sculptures sont très crues pour figurer les peines infligées à chacun en fonction de son péché : le menteur est accroché par la langue à un croc de boucher, le fornicateur empalé… Désolé, mais si ce procédé est efficace pour remplir une secte de fidèles fervents, ce n’est pas l’Evangile du Christ qui est ainsi prêché, c’est même tout à fait l’inverse. L’incroyable nouvelle de la résurrection nous dit que même de ce mal, de cet anti-évangile, Dieu peut néanmoins faire surgir le bien, la vie, le souffle.

La mort d’Ananias et Saphira n’est certainement pas une punition de Dieu, ces deux personnes étant plutôt très généreuses, elles ont seulement eu peu du comportement tyrannique de Pierre, qui se comportait alors en chef de secte, confondant l’Esprit Saint avec la communauté des chefs de l’église. Tout cela est un drame. Nous savons qu’à un certain moment Pierre a perdu sa place de chef de l’église de Jérusalem, et a été rétrogradé à la place de simple témoin itinérant, c’est peut-être suite à ce terrible drame dont il est en partie responsable ?

Avec mes amitiés fraternelles

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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6 Commentaires

  1. Rood dit :

    Bonsoir Pasteur ,
    Je suis chretien, J’aime Dieu . Je fais de graves Pechés dans ma vie ,mais Je ne suis pas chatié par aucune maladie, est ce que cela veut dire que je ne suis pas enfant de Dieu ?

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      Dieu n’envoie jamais de malheur.
      Ce n’est pas son genre. La Christ n’a pas frappé la femme adultère, il l’a pardonné, relevée, envoyée en paix.
      Dieu a d’autres moyens pédagogiques que les humains. Etmême en ce qui concerne les parents sur leurs enfants, les sévices corporels ne sont pas un bonne pratique.

  2. Jonathan dit :

    Bonjour, j’ai lu cet article qui parlait que Dieu ne puni pas, mais je suis pas trop Sûr de comprendre.
    Dieu n’a pas créé le mal et ne peut être l’auteur de ce mal et accepte que le mal se déroule ainsi donne le choix a l’humain de choisir le bien et le mal.
    Par contre, je voudrais savoir si Dieu ne puni pas, qui a détruit Sodome et Gomorrhe ?

    Merci de votre réponse,

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour Monsieur

      Bravo de vous intéresser à la Bible.

      C’est vrai que l’on peut lire ce texte de Sodome et Gomorrhe comme vous le dites, avec Dieu détruisant des personnes ayant un mauvais comportement, de violence.

      Néanmoins, il est possible de lire ce texte différemment. En particulier à la lumière de ce qu’a révélé le Christ. Il n’a pas exécuté ni permis d’exécuter la femme adultère. Au contraire. Jésus amène les accusateurs de la femme à réfléchir sur leurs propres péchés.

      Cela induit une autre interprétation de l’histoire de Sodome et Gomorrhe. Une lecture matérialiste de ce récit affirme que Dieu détruirait une personen qui a fauté, que Dieu aurait exécuté à mort la femme adultère. Jésus propose une façon différente d’interpréter ce récit, non pas pour exécuter à mort une personne qui aurait fauté, mais pour supprimer en chacun de nous la racine de ce qui est infidèle, à supprimer l’infidélité en nous. Or, imaginer qu’il puisse être juste de tuer quelqu’un, ou même de condamner quelqu’un est en soi une infidélité à Dieu. En effet, Dieu aime la personne, et il ne la confond pas avec ses actes. Un mauvais acte est mauvais, et il est signe d’un problème plus profond. Dieu s’occupe de cela, bien sûr, car il n’aime pas le mal, ni la méchanceté, ni l’infidélité. Cependant, la personne est, ou pourrait être bien mieux que ce que sont ses actes. C’est ce que nous voyons quand Jésus s’adresse à Dieu en faveur des soldats romains qui viennent de le crucifier, Jésus dit « Père pardonne leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Ce n’est donc pas l’homme méchant qu’il faut supprimer, mais plutôt supprimer la méchanceté dans l’homme. Et protéger les victimes passées et potentielles, bien sûr.

      Ensuite, comment est-ce que Dieu essaye de nous éduquer, de nous élever ? pas en faisant le mal lui-même (violence, souffrance, mort), mais en surmontant le mal par le bien, comme le dit Paul (Romains 12) et Jésus lui-même « Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Matthieu 5:44-45).

      En ce qui concerne le feu qui tombe du ciel, cela demande seulement de se familiariser avec ce type de langage. Le feu évoque la purification du minerai pour garder l’or qui est caché dans le cailloux. Compte tenu de l’amour de Dieu pour chaque personne, il ne s’agit donc pas d’une sélection de quelques personnes plus performantes, mais de mettre en valeur la moindre paillette d’or qui est parfois invisible dans le minerai. C’est donc une image de l’amour, non de destruction.

      Dieu vous bénit et vous accompagne

  3. Fanny dit :

    Bonjour,

    Je rebondis sur cette question.
    Dans le deuxième livre de Samuel, Dieu fait mourir le fils qui naît de l’union adultérine entre Bethsabee et David (2 Samuel 12:13-18).

    J’ai envie, comme vous l’expliquiez, dans votre réponse, de lire ce passage au sens figuré : une mauvaise action à toujours des conséquences y compris sur des innocents. Cependant, j’ai tout de même du mal à m’enlever de la tête que Dieu décrète la mort de l’enfant pour punir David au vu des propos prononcés par le prophète : « Mais, puisque dans cette affaire, tu as gravement outragé le Seigneur – ou plutôt ses ennemis- le fils qui t’est naît, lui mourra ». Auquel cas, la « pédagogie » de Dieu est plutôt violente.

    Vous avez une clé de lecture pour ce passage?

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour

      Excellente question. Très douloureuse.
      J’ai partagé votre question et une réponse ici : Dans le 2e livre de Samuel, Dieu fait mourir le fils qui naît du viol de Bethsabée par David : terrible pédagogie de Dieu ?

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