Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Par : pasteur Marc Pernot

On a pu avoir peur du jugement de Dieu. On a malheureusement fait peur aux gens avec cela dans le but (louable) de les amener à se tourner vers Dieu, mais ce moyen n’est pas compatible avec le message central de l’Évangile.

Jésus-Christ, par ses paroles mais également par chacun de ses actes, nous assure que Dieu regarde avec bienveillance l’être humain. Il n’y a donc rien à craindre de son jugement, parce que le jugement de Dieu c’est l’amour. Qu’est-ce que c’est qu’aimer ? C’est avoir un regard positif sur l’autre et lui vouloir du bien. C’est une façon de regarder qui retient ce qu’il y a de beau, de merveilleux et de vivant dans une personne, en passant par-dessus ce qui ne va pas trop bien. Aimer quelqu’un c’est voir aussi les progrès qu’il pourrait faire et être prêt à l’aider pour cela. Une telle attitude est courante entre les personnes. Dieu est le premier à aimer, le seul à le faire parfaitement. Le jugement de Dieu est de la bienveillance active, qui voit le bien, qui espère et cherche à mettre en valeur le meilleur de chacun.

On a souvent présenté le jugement de Dieu comme une sélection entre les personnes pour retenir ceux qui ont la moyenne et recaler les autres, un petit peu comme le soldat SS qui était chargé de la sélection à l’entrée des camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale, envoyant à la mort ceux qui ne sont pas en forme suffisante ! Certains textes bibliques peuvent être interprétés ainsi, mais ce n’est pas la seule façon de les comprendre.

Le bien et le mal sont mêlés en chacun de nous, à un degré divers, mais c’est toujours le cas. Chacun de nous est donc concerné par les descriptions de ce qui arrive au pécheur et de ce qui arrive au juste. Le jugement de Dieu voit, aime ce qui est bon en chacun et il le sauve, il rejette ce qui est mauvais et il nous en purifie. Ce tri entre l’homme bon et l’homme mauvais traverse chaque être humain. Et les descriptions de la disparition du pécheur, du méchant est alors une excellente nouvelle, celle de notre salut accompli par Dieu en Jésus-Christ.

Cela est confirmé par les images utilisées dans la Bible pour parler du jugement de Dieu, ces images font en général appel à cette notion de purification (de l’individu), plus qu’à la notion de sélection des individus :

  • Le jugement est parfois comparé aux vendanges de la vigne et au pressoir dans lequel on met les grappes pour recueillir le jus en écartant ce qui n’est plus utile (la peau et les branches du raisin).
  • Le jugement de Dieu est parfois comparé au feu qui purifie le minerai pour en tirer l’or et rejeter les scories
  • Le jugement est comparé aux moissons et au vannage du blé pour recueillir le bon grain, et retirer les mauvais ainsi que la paille qui a porté le grain mais qui n’est pas comestible.
  • Le jugement est comparé à l’élagage d’un arbre afin de l’aider à mieux se développer…

Il n’y a donc rien à craindre du jugement de Dieu, au contraire, il y a tout à en espérer. Il est promesse de progrès et de vie. Ce jugement intervient dans la fin des temps, nous dit souvent la Bible, mais cela ne veut pas dire qu’il n’interviendrait qu’après la mort de notre corps, ou à la fin de l’histoire de notre monde actuel. En effet, dans la façon de parler du peuple de la Bible, avec la venue du Christ nous sommes dans cette période que l’on appelle « la fin des temps », et c’est donc immédiatement que le jugement de Dieu survient, et ce n’est pas une menace pour nous en tant que personne, mais une menace pour ce qui est mauvais en nous et qui nous fait mourir. Ce jugement est un excellent service à recevoir de Dieu aujourd’hui, nous libérant, nous aidant à avancer, nous faisant naître et ressusciter.

Cette façon qu’a Dieu de nous juger nous est proposée comme modèle dans notre façon de regarder les autres (et nous-même) avec bienveillance et optimisme, une générosité active qui les grandit.

Le jugement de Dieu est donc l’amour, et nous n’avons rien à craindre de lui1 , mais tout à espérer. La bonne volonté de Dieu n’a pas de faille, mais c’est notre bonne volonté à nous qui manque souvent. C’est cela qui est le plus problématique. Dieu ne cesse de vouloir nous donner la vie, mais si nous ne voulons pas la recevoir cela rend sa tâche terriblement difficile. Qu’arrive-t-il à celui qui refuse de prendre la vie que Dieu offre ? Dieu ne le condamne pas à mort, bien entendu, mais cette personne n’a tout simplement pas la vie. C’est comme ces gens qui ont gagné au loto et qui ne vont jamais chercher les dizaines de millions qui leur sont réservés, c’est juste tant pis pour eux.

Il y a là comme un jugement sans juge ni tribunal. Le Royaume de Dieu est grand ouvert et quiconque le désire peut y entrer, celui qui le fait est dedans, celui qui n’entre pas reste dehors. La vie éternelle est offerte, celui qui la prend est vivant celui qui ne la prend pas reste mort.

L’Évangile est la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu, de son amour et du Royaume qui nous est réservé. C’est le premier point du témoignage du Christ. Le second est un appel à la conversion, un appel à nous saisir maintenant de ce qui nous est offert par Dieu pour naître à la vie, un appel pour nous laisser soigner par Dieu et guérir de ce qui ne va pas dans notre existence souffrante. Personne ne peut répondre à la place d’un autre.

Voir aussi, si vous le désirez :

 

1 Romains 8:15 ; 1 Jean 4:18

 

Marc Pernot

Suite :

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