Je me demande si Jésus n’était pas à la fois génial dans sa vision mais aussi fragile psychologiquement ?
Question posée :
Bonjour
j’ai rencontré il y a deux ans un homme merveilleux (lors d’une retraite où j’allais essayer de puiser les dernières forces de vie qui me restaient face au chagrin de ce que ma fille avait fait et dont j’ai ma part de responsabilité. Re-mort..). Cet homme s’est fait baptisé il y a une petite dizaine d’années et écoute l’Evangile tous les jours (chose que je ne faisais pas, j’allais juste à la messe le dimanche). C’est donc ainsi que j’entends de plus en plus souvent la Parole mais qu’elle me pose de plus en plus question ;
Je vais aller droit au but : je me demande si Jésus n’était pas à la fois hyper solide dans sa vision humanitaire mais aussi fragile dans sa vision du Père (je pense à certaines psychoses comme la schizophrénie -pardonnez-moi cette hypothèse mais elle devient tellement nette à mon esprit et je fais confiance à votre ouverture fraternelle et bienveillante- et de temps à autre la mégalomanie malgré tant d’humilité).
Voilà la Grosse interrogation qui vient à moi chaque jour. Elle est à la fois source d’espérance et de souffrance.
Que l' »Esprit de Vérité nous guide dans toute la Vérité », comme disait St Jean.
Dans mon for intérieur, je me demande si Marie n’a pas un « secret » sur le père biologique de son fils Jésus (qui aurait été tout de même accueilli -et elle aussi- par Joseph). Cela aurait développé comme une sorte de « mystère-tabou » que Jésus aurait ressenti et aurait peut-être « par compensation », si je puis dire, cherché un Père. C’est une hypothèse que je me permets de vous livrer car je garde tout cela au fond de mon coeur. Mais ç’est de plus en plus prégnant face à la « Jésulâtrie » (sans méchanceté aucune) que je ressens de plus en plus en allant à la messe.
J’espère vivement que je ne vous aurai pas choqué en vous livrant cette question et que vous comprendrez combien je ne veux pas faire de mal. Au contraire.
Avec beaucoup d’amitié et de confiance.
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Il n’y a pas de question qui serait un tabou. Comme vous le dites, Dieu n’a rien à craindre de la vérité, évidemment. Et donc toute recherche de vérité va dans son sens. Ce serait triste pour l’auteur de la question si son but était de démolir la foi d’un autre. Alors que si la même question est posée dans un esprit d’approfondissement de notre propre recherche de l’essentiel qui fait vivre, alors c’est vivifiant. Je sais que votre recherche va dans ce sens.
Il est effectivement bien possible que ce qui était dans la tête de Jésus soit un petit peu compliqué, voire souffrant. Être génial est toujours un petit peu comme cela, probablement. Je pense à Paul, Saint-Augustin, Spinoza, Pascal, Kierkegaard, Dostoïevski, Nietzsche… Il faudrait interroger des spécialistes de la psychiatrie et leur demander comment fonctionnaient vraisemblablement ces géants… Mais bon, cela n’enlève rien à leur valeur, au contraire, cela m’inspire du respect et de la compassion. Et peut-être une responsabilité devant ce qu’ils nous ont offert à grand prix. Et savoir que pour eux non plus tout n’était pas si facile et simple, permet de se sentir leur frère ou leur sœur. En particulier de Jésus, de l’homme Jésus de Nazareth. D’ailleurs, cette question que vous vous posez, Marie sa mère accompagnée de frères et sœurs de Jésus se la sont posée : « Les parents de Jésus vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient: Il est hors de sens. » (Marc 3:21).
En ce qui concerne Marie, il me semble qu’effectivement, il y a une sorte de « secret de famille » autour de la conception de Jésus.
L’évangile selon Matthieu dit exactement ce que vous proposez comme piste sur Marie enceinte d’une façon peu conventionnelle et de Joseph qui adopte néanmoins et Marie comme épouse et Jésus comme fils. Le Talmud rapporte que Marie aurait été enceinte d’un soldat romain du nom de Pandéra ou Panthéra, sans préciser s’il s’agit d’un flirt ou d’un viol de Marie. Le héros de l’histoire est alors Joseph, sa foi inspirée qui le conduit à aimer et à pardonner. Il est bien entendu impossible de savoir si cette version du Talmud est une médisance ou une calomnie. Peu importe, cette version matthéenne de l’origine de Jésus me semble belle. Et dans l’ensemble il est vraisemblable qu’il y a eu historiquement quelque chose de pas tout à fait « casher » dans la façon dont Marie est devenue enceinte. Matthieu et Luc ont chacun tiré de ce fait une prédication différente, toutes deux fort intéressantes et significatives pour nous, complémentaires. Matthieu mettant au cœur de l’Evangile la relation directe personnelle avec Dieu, inspirant un pardon en actes. Luc mettant lui aussi au cœur de l’Evangile la relation directe personnelle avec Dieu, faisant naître en nous une dimension christique.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
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