Soeur Emmanuelle - photo wikicommons - Gauthier Fabri - Nuptial Pictures
Question

Quelle conception avez-vous du paradis et de l’enfer ?

Par : pasteur Marc Pernot

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« Le paradis, c’est les autres » soeur Emmanuelle

Question posée :

Bonjour

Je crains que ma question soit assez complexe, mais j’aimerais avoir votre vision du paradis et de l’enfer. Ces deux mots étant décrits dans votre dictionnaire comme des lieux symbolique, j’aimerait connaître votre point de vue, vous qui êtes pasteur. Si la vie continue après la mort, quelle forme pourrait-elle avoir ? en seront nous conscient ?
La réincarnation ? ou un autre monde ?

Merci encore pour votre temps.

Ps : Comment doit-on appeler un pasteur ? un prêtre étant « mon père », je me demandais qu’en était-il pour les pasteurs.

Fraternellement

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

La question de la vie future est passionnante, mais potentiellement assez toxique. Car si l’on vit en fonction de cela on a bien des chances de passer à côté des véritables enjeux de la vie présente. Et si l’on faisait du bien et priait durant la vie présente pour avoir une meilleure vie future, ces efforts seraient alors encore tout marqués par la vénalité, par l’égocentrisme.

C’est à mon avis ce que veut éviter la Bible. C’est un des points géniaux du peuple hébreu et donc de Jésus de nous détourner de cette préoccupation vers la recherche d’un embellissement de la vie présente.

C’est ainsi que l’Evangile ne parle que peu de la vie future, l’idée est de faire confiance pour la suite et de s’occuper de vivre vraiment le temps présent en ce monde de la plus belle des façons possibles. Dans l’Evangile, le Royaume de Dieu s’est approché, il est « au dedans de nous » et « au milieu de nous », selon Jésus. Cela veut dire que nous sommes déjà participants à la vie éternelle.

Tout ce qui concerne la vie future est bien évidemment hypothétique et tout langage pour parler de ce ce qui nous est inconnu est évidemment en grande partie impropre. Et ça ne doit pas être trop trop important pour nous, en cette période où nous sommes actuellement. Mais bon, essayons.

A mon avis, oui toute personne sera sauvée, individuellement. Mais tout de la personne n’est pas bon, et donc ce qui sera sauvé n’est pas tout dans la personne, elle sera, nous dit Paul « purifiée comme au travers du feu ». Cela fait heureusement que, dans les allées du paradis, nous ne croiserons pas l’Hitler le führer mais un petit bout de l’enfant qu’il a peut-être été ou pourrait avoir été ? Ce jugement est ainsi non pas une menace mais un formidable service, celui d’un amour actif qui nous purifie et nous délivre de ce qui nous enchaîne et nous fait souffrir, ce qui fait aussi de nous malheureusement une source de souffrance pour les autres. Nous sommes donc déjà à la fois au paradis et dans ce lieu de purification qu’est l’enfer.

Pour ce qui est de la vie future, encore, ce n’est pas seulement notre petite personne qui est vivante. L’amour est plus fort que la mort, les relations avec les personnes que nous aimons resteront donc vivantes. Mais évidemment ce ne seront pas « les mêmes relations que celles que nous entretenons ici-bas », car la situation n’est pas la même, notre regard sera transformé, mais ce sera encore nous et ce sera eux et ce sera encore notre histoire et notre relation commune. Je pense, en tout cas. Idem pour notre vie, à mon avis elle sera dans une certaine mesure le prolongement de ce que nous vivons, avec encore l’effort du cheminement et de la créativité (puisque c’est le propre de la vie et que sans cela ce ne serait pas la vie mais la mort éternel que nous trouverions au delà). Mais les conditions seront bien évidemment quelque chose qu’il n’est pas possible même d’imaginer ici bas.

La réincarnation n’est pas tellement dans l’idée du christianisme, même s’il y a des chrétiens qui y croient (chacun est libre). Personnellement, il me semble que c’est une idée qui ne valorise pas tellement la journée qui s’ouvre devant moi, ni même ma personne et ma vie. Tout cela prend alors une importance toute relative. L’Evangile valorise au contraire chaque personne comme une merveille unique et irremplaçable aux yeux de Dieu, et chaque journée comme un don et une occasion de vivre de belles et bonnes choses.

Question tout aussi compliquée : comment appelle-t-on un pasteur ? La première fois, on peut lui donner du Monsieur le Pasteur (ou Madame la Pasteur(e)), la seconde fois du Monsieur ou Madame, et la troisième fois qu’on le rencontre on peut l’appeler par son prénom.

Amitiés fraternelles

par : pasteur Marc Pernot

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4 Commentaires

  1. sanchez dit :

    moi je me pose cette question sic’est vrai que le paradis existe alors je suppose que quand on décède on retrouve notre famille mais si dans la famille il y a des personnes que l’on aime pas on les retrouve aussi alors merci du cadeau car cela devra etre définitive et supporter éclarer ma lanterne sur ce sujet merci

    1. Marc Pernot dit :

      Je comprends tout à fait cette remarque. Les sondages montrent combien le repas de famille (quasiment obligatoire) de Noël est une angoisse, une souffrance, ou au moins une épreuve pénible pour une part importante de la population. Alors vous avez raison, si la vie future ressemblait à un repas de famille, ce ne serait pas une bonne surprise pour tout le monde (et on se demanderait bien à quoi ressemblerait l’enfer ! Peut-être que l’on se retrouve avec sa famille mais en plus avec seulement les plus mauvais côtés de chacun ?)

      Mais ce n’est pas cela du tout (je pense). Ce qui est éternel, ce qui reste après la mort du corps, c’est l’amour. Par conséquent, nous ne « retrouvons » pas ceux que nous aimons, mais notre amour reste vivant, nous restons en relation avec les personnes que nous aimons, que ces personnes soient parties avant nous, ou que ce soit nous qui partions avant. Et par conséquent, le frère pénible, l’oncle raciste, la mère maltraitante ne seront pas « retrouvés », à moins que nous les aimions quand même malgré tout un petit peu, et alors ils auront été purifiés par l’amour de leurs travers nocifs.

      Ensuite, personne n’en sait rien, et personne ne peut en réalité imaginer une seconde ce que ce sera (ou serait) de vivre sans corps.

      Reste qu’effectivement, l’amour est plus fort que la mort. Et cela, nous pouvons le toucher du doigt (ou plutôt, le toucher du cœur et de la tête), par notre amour et nos pensées bienveillantes pour une personne que nous aimons et qui est loin sur terre, ou qui n’est plus vivante sur terre. Cela nous aide à nous concentrer sur ce meilleur tant que nous sommes ensemble sur terre, et même au delà.

  2. FB dit :

    Je me pose une simple question, si dieu pardonne tout l’enfer existe il vraiment ?

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      Oui, l’enfer est réel, c’est là où Dieu espère envoyer nos faiblesses, nos maladies, nos égoïsmes, nos mauvais sentiments.
      Pour le reste, effectivement, je pense que Dieu garde la personne de chacun de ses enfants, par son amour
      Il vous bénit ainsi.

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