Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Par : pasteur Marc Pernot

Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Dieu est au ciel, mais ce n’est pas un lieu

Quand on dit que Dieu est au ciel, ou que les personnes que nous aimons et qui sont mortes sont « au ciel », ou qu’à l’Ascension Christ monte au ciel… est-ce que le ciel est alors un lieu ? Non, c’est plutôt un état.

Jésus prie Dieu en disant « Notre Père qui est aux cieux », or Dieu n’appartient pas à l’univers matériel, il n’est pas plus au ciel que sur terre, pas plus à tel endroit que dans notre cuisine. Dieu est d’un autre ordre que celui de l’univers physique, et je pense que c’est comme cela que l’on peut comprendre cette expression « Dieu est au ciel ».

C’est vrai que quand la Genèse commence en disant qu' »Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre« , ou quand Salomon reconnaît devant l’Éternel que « Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir : combien moins cette maison que je t’ai bâtie !« , « les cieux » dont parle Salomon est effectivement ce que nous appellerions cette partie de l’univers au-delà de la terre, avec les étoiles, le soleil et la lune, et l’eau qui tombe des nuages. Et précisément, Salomon sait bien que Dieu n’est pas plus dans le temple de Jérusalem qu’il vient de faire construire qu’ailleurs, que Dieu n’est pas plus sur terre que dans cet espace de l’univers qui est autour de la terre (le ciel). Salomon reconnaît que Dieu dépasse l’univers, qu’il n’est pas dans l’univers, qu’il ne se confond pas avec l’univers, ni une sorte d’âme de l’univers. Dieu est d’un autre ordre. Lors de la création dont parle la Genèse, au début, Dieu crée la terre et les cieux en leur faisant une place, cela veut bien dire que Dieu n’habite pas dans les cieux car alors où aurait été Dieu avant qu’il crée les cieux ? Effectivement, dans tous ces textes, comme dans le « Notre Père qui est aux cieux » de Jésus, quand on parle des cieux c’est d’autre chose que l’on parle, ce n’est pas le ciel en tant que partie de notre univers qui n’est pas notre terre. « Le ciel », alors, désigne autre chose.

Dieu est au ciel : il est transcendant, d’un autre ordre

Quand on dit que Dieu est au ciel, j’y verrais plutôt une affirmation de la « transcendance » de Dieu, c’est à dire que Dieu est d’une autre dimension que notre univers, qu’il est source de ce qui existe de bon. Jésus parle indistinctement du « royaume des cieux » ou du « royaume de Dieu ». Ce « royaume » n’est pas non plus un lieu comme le royaume de Charlemagne avec ses frontières, c’est plutôt « le règne » de Dieu ou des cieux : son action puissante, efficace en ce monde, dans notre univers et en nous. Avoir « le règne (royaume) de Dieu » : c’est être au bénéfice de l’action de Dieu, de sa dynamique positive, de son efficacité réelle dans la sphère qui est la nôtre. Le « royaume des cieux » n’est donc pas dans ce langage un lieu, mais une sphère d’influence. Jésus ajoute que « le Royaume de Dieu (ou des cieux) » est au dedans de nous : c’est l’Esprit créateur de Dieu travaillant au fond de notre être, le ciel est alors en nous, en quelque sorte, cette force qui nous donne d’aimer un peu, d’espérer, et d’être en lien profond avec Dieu.

Quand Youri Gagarine, le premier homme ayant voyagé dans l’espace, est revenu en se moquant des croyants disant qu’il n’avait pas vu Dieu (ni Jésus) dans le ciel, ce n’est évidemment pas la question. Il aurait suffi que Youri Gagarine en parle à n’importe quel théologien pour comprendre que nous n’avons jamais imaginé que Dieu habitait physiquement dans le ciel (l’espace).

Un langage mythologique à interpréter

Mais il faut reconnaître, à la décharge de Gagarine, qu’un fort imaginaire s’est développé en reprenant pas mal de la mythologie très ancienne, avec des histoires d’anges et même d’archanges, avec des personnes vivant après la mort « au ciel » bien gardé par une porte avec à l’entrée une sélection des personnes les plus performantes. Ce sorte de film n’aide à mon avis pas à saisir la profondeur de ce qui est promis dans l’Evangile du Christ. Les anges qui sont aux cieux évoquent en réalité Dieu qui nous communique quelque chose qui vient au fond de notre conscience, de nos forces, quelque chose qui ne vient pas de nous-même mais de plus que nous-même (c’est pour cela que l’on a parfois parlé de façon imagée « du ciel »). La vie au ciel nous dit que nous ne sommes pas seulement un amas de cellule mais une personne animée par une dimension supérieure ; en particulier par l’amour. Et la porte d’entrée nous rappelle que tout en nous n’est pas divin, qu’il y a aussi du mal et du souffrant qui ne sont pas de l’ordre du ciel en nous.

Nous sommes ainsi à la fois du ciel et de la terre. Sans oublier ni l’un ni l’autre. C’est une grande richesse d’avoir cette double dimension (même si c’est aussi un petit peu compliqué parfois).

Marc Pernot

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