Un sadhu saluant aimablement en mendiant - Photo by Ravi Bhardwaj on https://unsplash.com/photos/-tkPW_G0FJE
Question

Dieu serait il adhérent d’une des religions connue ou comme la Suisse, il serait dans une prudente neutralité ?

Par : pasteur Marc Pernot

Un sadhu saluant aimablement en mendiant - Photo by Ravi Bhardwaj on https://unsplash.com/photos/-tkPW_G0FJE

Comment oserait-on injurier la foi de ce saint homme ayant voué sa vie à sa recherche sincère ? Et si nous pouvons aimer et le respecter, Dieu ne le ferait-il pas ?

Question posée :

Bonjour cher Pasteur

Je suis les questions posées sur ce site attentivement, c’est toujours très enrichissant. De nombreux questionnement des intervenants m’interpellent: suis-je assez chrétien? comment faire pour devenir super-croyant ? Dieu peut il m’accepter ? Serais-je sauvé ? etc.

Je ne comprends pas, ou plutôt je ne comprends plus, comment, en ayant lu les écritures, on peut se poser ces questions, il me semble tellement évident que Dieu nous aime, et surtout nous accepte, tels que nous sommes . Ce qui conduit à la question de la religion.

Dans notre civilisation occidentale, nous sommes chrétiens au moins de culture, mais il y a le reste du monde qui n’est pas chrétien. Et bien sur « Jesus a dit, nul n’ira au père que par moi » et disons que si j’amalgame les religions abrahamiques qui ont le même Dieu, les chrétiens, les juifs et les musulmans seront sauvés…

Et tous les autres ? Je ne peux pas croire que Dieu les ignore, ou pire les rejette.

Mais alors, se pose la question de la religion de Dieu? Serait il adhérent d’une des religions connue, donc chrétienne, ou comme la Suisse il serait dans une prudente neutralité ? Considérerait-il les « non chretiens » ou non abrahamiques comme des « sous-croyants » ? De votre point de vue, comment se positionnerait-il et a quelle famille se rattacherait-il ?

A moins que justement, Dieu n’ai aucune religion et que les differentes traditions religieuses, quelles que soient leur forme, ne soient que la repésentation locale d’un angle spécifique de vue.

Qu’en pensez vous ?

Fraternellement

Réponse d’un pasteur :

Bher Monsieur

Bravo pour cette belle réflexion, et pour votre ouverture.

Dieu juge-t-il les personne sen fonction de leur religion ? La valeur d’une personne à ses yeux serait grandie si cette personne a bien reçu tous les sacrements de son église, si elle est sincèrement convaincue de toutes les doctrines enseignée par son église, et qu’il fait tout bien ce que l’église lui dit de faire ou de ne pas faire, dans sa vie et dans l’église ?

Je ne pense sincèrement pas que la foi chrétienne dise cela. La mesure de la valeur d’une personne pour Dieu, c’est l’amour qu’il a pour cette personne. Cela ne dépend donc pas de ce que nous faisons ou non, et en particulier pas de notre religion. Cela se retrouve par exemple dans ces versets :

  • Jean nous dit, dans sa première lettre « Dieu est amour, quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1Jean 4:7). Avec « aimer » au sens d’attention à l’autre. En cela, il n’est pas question de religion.
  • C’est aussi ce que dit l’apôtre Paul dans son fameux hymne de 1 Corinthiens 13, où il relativise la religion, la foi. la générosité par rapport à l’amour qui est de Dieu.
    Jésus lui-même place la religion comme étant un moyen, un simple moyen au service de l’humain dans cette phrase essentielle « le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2:27)
  • De tout cela, il me semble que nous pouvons déduire que pour Dieu, nous avons déjà une infinie valeur, premièrement. Et deuxièmement qu’il espère pouvoir nous aider à vivre selon cette même façon d’être, en aimant. C’est à cela que « sert » la religion. La question est que nous arrivions à aimer un peu, que cela n’est évident pour personne, que c’est un chemin, ou plutôt un accouchement où nous sommes enfantés par Dieu, une poursuite de la genèse de notre personne pour arriver à aimer un petit peu.

La religion entre dans ce processus comme un moyen. La question n’est pas que notre religion plaise à Dieu, la question est que notre religion nous aide à aimer, nous. Et donc que notre religion nous aide à ouvrir à l’action de Dieu afin qu’il puisse développer en nous cette fonction.

  • Quelles qualités doit avoir une religion pour nous donner d’aimer ?Il me semble que pour aimer, il faut avoir été aimé. Or, entre humain, nous ne sommes jamais parfaitement aimé, bien sûr. C’est pourquoi il est tellement important de sentir l’amour de Dieu, ou au moins de de se savoir aimé par Dieu, aimé sans condition (car l’amour est sans condition, sinon c’est du marchandage, pas de l’amour).
  • Quelles qualités doit avoir une religion pour nous ouvrir aux soins de Dieu ? Sentir que Dieu nous veut du bien, uniquement du bien, que jamais il ne nous abandonnera, et encore moins nous fera du mal. Quand on sent cela, ou au moins qu’on l’apprend, qu’on le sait : cela nous permet de baisser nos défenses vis à vis de lui, de prendre sa main comme un enfant apprenant à marcher, ou d’aller le consulter comme on va consulter un bon médecin de famille en qui on a toute confiance.

Personnellement, c’est dans la foi chrétienne que je trouve le plus ces caractéristiques. particulièrement dans le protestantisme qui a remis au cœur de notre foi ce principe essentiel de la grâce seule (l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun en particulier). grâce de Dieu qui est donc annoncée au début de tout culte, qui est aussi le dernier mot du culte (sous forme d’une bénédiction annoncée comme déjà accordée), et encore tout au long du culte dans l’annonce du pardon, et dans la prédication.

Mais bon, vous allez me dire que, comme par hasard, ma démonstration en arrive à la conclusion que la religion la plus géniale du monde est le christianisme et particulièrement le christianisme protestant réformé. Et que cela tombe précisément sur la chapelle où je sévis. Comme c’est étrange. En fait c’est normal. Et c’est bien ainsi. Il est bon, il est essentiel d’être sincère, tout particulièrement dans le domaine de la foi. Et donc de la religion. Heureusement que je pratique précisément la religion que je trouve être la meilleure. Sinon je marcherais à côté de mes chaussures. Et même de mes chaussettes. Mais je sais bien que d’autres personnes partent avec d’autres présupposés, ont d’autres références importantes pour eux, ont d’autres priorités dans leur vie. C’est ce que vous dites en parlant de « représentation locale d’un angle spécifique de vue. » propre à chacun. J’espère alors que ces personnes seront fidèles, elles aussi, à leurs convictions. Et les nourriront encore.

Devant le temple de Vandœuvres où nous étions dimanche dernier pour le culte, il y a un buste de Sébastien Castellion qui prêchait en ce lieu au XVIe siècle avec cette citation de lui « Apprenez de vos propres consciences à ne forcer celles d’autrui. » C’est très inspirant en ce qui concerne notre question. Celui qui aime sa propre façon de chercher Dieu pour des raisons qui lui semblent essentielles, cela peut et cela devrait lui faire comprendre qu’un autre est dans la même disposition que lui, aimant lui aussi sa religion pour d’excellentes raisons. Nous avons la même démarche : s’attacher à ce qui nous semble essentiel pour avancer vers Dieu.

Ce n’est pas la diversité des religions qui est un scandale, c’est de se croire possesseur de la vérité sur Dieu (qui est alors réduit un très petit tout petit dieu). Et accessoirement (car c’est une conséquence), de refuser l’autre dnas une dimension essentiel de sa personne.

Dieu nous soit en aide.

par : pasteur Marc Pernot

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3 Commentaires

  1. Catherine dit :

    Après tant de recherches je crois que l’Amour est le révélateur de Dieu le plus vrai.
    Je suis catholique car c’est la où j’ai mes racines mais je trouve aussi dans d’autres religions des chemin dès vie qui me font grandir .

  2. Pascale dit :

    Quel remarquable équilibre entre des convictions fortes, assumées, et un profond respect de la différence ! De quoi se laisser inspirer.

    1. Marc Pernot dit :

      Grand merci.
      Effectivement, l’alternative ne comprend pas seulement ces deux termes : soit l’intégrisme soit le relativisme.
      Il existe un troisième terme, alliant : conviction personnelle, ouverture et bienveillance.
      Dans l’éducation des jeunes, c’est cette voie que nous essayons de présenter dans nos groupes en paroisse.

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