Dans l’Evangile selon Jean, il est question du « prince de ce monde » comment entendre cela ?
Question posée :
Bonjour Marc !
A partir de Jean 14_30 jusqu’à Jean 17 à peu près dans la version » TOB » il est beaucoup question du « prince de ce monde » , « le monde vous dira ceci moi je vous dis cela », car le prince de ce monde vient, etc…
Est ce que l’on doit entendre « prince de ce monde » comme le diable ( chao) ou un de ces sous fifres ? Ou bien encore autre chose ?
Car après, 14_30 Jésus ne dis plus prince de ce monde mais le monde tout court… Parle t-il de la même chose ou sont ce 2 choses différentes ?
Merci et bonne journée à vous et je ne sais pas si les Suisses fêtent la St Nicolas, mais si c’est le cas joyeuse St Nicolas en retard !
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
« Le monde » est une réalité positive en elle-même dans la philosophie biblique, et particulièrement dans l’évangile selon Jean. Le fait que Dieu aime ce monde est présentée comme la motivation de Dieu pour le sauver, non pour le condamner, lui apporter la lumière, le salut. C’est ce que l’on voit en particulier dans ce sublime et célèbre verset « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque ait foi par lui ne meurt pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3:16).
Seulement, si le monde a besoin d’être sauvé, c’est qu’il y a une petite difficulté. Difficultés que nous connaissons tous par cœur, sources d’aliénation qui nous empêchent de vivre, de créer, d’être en paix, d’aimer, d’espérer, d’avancer… ce quelque chose ne vient pas de Dieu et pourtant fait partie de notre monde créé et aimé par Dieu. Dans l’Evangile selon Jean, Jésus parle effectivement deux fois de « prince de ce monde », on pourrait traduire plus simplement « chef de ce monde », c’est comme une personnalisation de ce qui gouverne ce monde et n’a rien du Christ, rien de Dieu. Je ne pense pas que Jésus soit dualiste (ayant deux Dieu, le Dieu bon source de vie et une autre puissance transcendante mauvaise). C’est à mon avis une façon imagée de dire ce qui est source de mal en ce monde, et particulièrement en nous. Jésus ne sauve pas le monde en travaillant sur les symptômes, mais il cherche à travailler à la racine, nous ouvrant, nous recentrant sur le souffle de Dieu, l’Esprit qui est Dieu se rendant présent pour insuffler la vie, la vie bonne. Pour telle personne ce « prince de ce monde » peut s’appeler dépression, souffrance, colère ou addiction, ornières profondes dans lesquelles on retombe sans cesse…
Il est donc un peu délicat d’appeler cette négativité « prince de ce monde », car cela pourrait faire penser qu’il s’agit d’une sorte de diable ou de dieu méchant, alors que c’est une part de ce que nous sommes, quelque chose que l’on pourrait comparer à un cancer, ou un manque de développement. C’est peut-être pourquoi Jésus parle souvent dans cet évangile tout simplement de sauver le monde, de nous sauver, car nous sommes dans ce monde sans que notre origine soit en ce monde, mais en Dieu.
Bref, cette annonce de jugement du « prince de ce monde » par Jésus est un bon soin que Dieu opère en nous pour nous libérer, libérer le meilleur en nous : le souffle animant notre personnalité profonde.
Il y a quelques apparition de saint nicolas avec sa barbe en acrylique et sa mitre et sa crosse de pacotille, l’avantage, mais moins qu’à Nancy où je fus pasteur au début du siècle. Ici, nous célébrons plutôt Jésus Christ, ce que je trouve pas mal.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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