image chrétienne des premiers siècles : Christ en philosophe, entouré d
Bible

Comment est-ce que Jésus a sauvé le monde ?

Par : pasteur Marc Pernot

image chrétienne des premiers siècles : Christ en philosophe, entouré d'alpha et oméga

Christ représenté en philosophe. Le A et le W (Alpha et Oméga,première et dernière lettre de l’alphabet grec) témoignent que son enseignement est à la fois une source de vie et la finalité.

Question posée :

Bonjour Marc,

Je suis allée à l’école du Dimanche, j’ai été catéchumène et j’ai fait ma confirmation. Je me suis mariée au temple et je lis la Bible tant bien que mal, je prie comme je peux… Et pourtant, voilà qu’en fait, je n’ai jamais vraiment bien compris comment la venue de Jésus est supposée sauver le monde, pourquoi Jésus est mort pour nous ! Est-ce que c’est par rapport au message de Jésus, celui qui est que si nous voulons bien suivre Sa parole, nous serons sauvés grâce à la foi ? Mais en quoi sa mort nous sauve-t-elle ?

Merci de m’éclairer sur une question qui en fait n’a jamais été une évidence pour moi…

Amicalement,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir et excellente année à vous !

Bravo de chercher, de creuser, de vous poser des questions. Car c’est comme cela que l’on avance. Bravo de lire la Bible tant bien que mal et de prier comme vous pouvez. Avec en plus le fait de vous poser des questions : on a un joli programme bien complet.

Votre question en ce qui concerne le salut est à la fois essentielle, évidemment, et pas facile du tout. Car « être chrétien » est par définition espérer qu’il y a quelque chose de déterminant dans cet homme en ce qui concerne notre vie. Mais selon les personnes et selon les églises, ce que l’on attend, ce que l’on reçoit dans cette recherche est assez divers.

Cette diversité ne date pas d’aujourd’hui, elle se retrouve par exemple dans les représentations de Jésus dans les premiers siècles de l’histoire du christianisme (voir ici). Certains représentent Jésus comme un enseignant, un philosophe (avec une grosse barbe) et cela montre que pour eux l’essentiel est dans son enseignement. D’autres le représentent en berger ce qui veut dire que pour eux l’essentiel est qu’il nous apporte le pardon, le salut pour la vie éternelle. D’autres le représentent en prière ce qui manifeste qu’en lui nous pouvons avoir accès à Dieu. D’autres le représentent en jeune homme pour dire qu’avec lui nous avons comme une nouveauté de vie, en pleine force et croissance, d’autres le représentent en train de faire un miracle pour exprimer leur confiance dans sa puissance de guérison. Les représentations de Jésus en croix n’arrivent par contre que plus tard, vers la fin du IVe siècle…

Par conséquent :
Vous avez donc bien le droit de vous faire votre propre opinion, sans vous laisser impressionner par tel ou tel chrétien qui serait persuadé que pour être chrétien il faut absolument penser ceci mais surtout ne pas penser cela… C’est son opinion, mais le fait même de penser que tout le monde devrait avoir la même est suspect, révélateur plutôt de la psychologie de cette personne que de l’Evangile du Christ.
Et ce qu’apporte le Christ est riche et touche diverses dimensions de la vie humaine. Selon notre personnalité, notre histoire personnelle mais aussi le moment de notre vie nous serons peut-être plus sensible à tel aspect.

Le Christ enseignant

Ce qui est certain, c’est en tout cas la richesse de son enseignement, son message. Vous avez raison. Les commentaires, débats et études sur les quatre évangiles retenus remplissent des bibliothèques entière, bien plus que les commentaires et études pour toute la philosophie grecque qui est pourtant un autre monument d’une grande richesse. L’Evangile du Christ a profondément influé sur des valeurs qui nous semblent évidentes aujourd’hui comme celle de l’amour, du respect, de droits de la personne… Du point de vue théologique aussi, son enseignement créatif, par les gestes, les paroles perturbantes, les petites histoires qui posent question… tout cela apporte aussi une formation riche à celui qui se prête au jeu. Jésus apporte aussi une certaine façon de lire la Bible hébraïque, un angle d’interprétation où Dieu est uniquement source de grâce, de salut et de vie.

Comme vous le dites il y a là : dans ces paroles mais aussi dans la personnalité de cet homme Jésus, quelque chose qui est propre à nourrir notre vie, notre évolution, notre philosophie, notre façon d’être avec les autres en ce monde, notre façon de concevoir Dieu et donc de prier, d’espérer… et je pense qu’il y a là déjà une source de salut. Rendant notre vie plus vivante et belle, dans les bons comme dans les mauvais jours. D’autant plus que cet enseignement de Jésus ne nous coupe pas des autres, n’a pas d’étroitesse, comme on le voit dans la façon qu’a eu, par exemple, Jésus d’admirer la foi d’un centurion romain, pourtant adorant l’empereur de Rome comme un de ses dieux…

Dans ce cadre là, quelle place de la mort de Jésus en croix ? Elle est un geste, un des plus forts, qu’il a offert pour nous faire comprendre son enseignement. Car son enseignement n’est pas seulement, pas d’abord un discours mais une façon d’être, une foi, une vie. Cela montre qu’il était prêt à tout donner pour apporter son message de vie, comme Dieu est prêt à tout donner pour nous faire vivre, nous, personnellement. Mais Jésus n’a pas souhaité mourir, ni Dieu que Jésus meure. Ce sont simplement ses contemporains qui n’ont pas supporté Jésus et les bouleversements que son message apportaient. Cela dit, il n’était malheureusement ni le premier ni le dernier à se faire exécuter pour ses idées trop exprimées.

Pour recevoir le salut de ce Christ enseignant, je ne dirais pas que c’est par la foi (elle est plutôt une conséquence de ce que Jésus peut nous apporter), ni même par une adhésion à ce qu’il enseigne (c’est difficile, car bien de ses paroles sont impossibles comme « ne résistez pas au méchant » ou « soyez parfaits »). Ce qu’appelle ce Christ enseignant, c’est que nous nous formions dans un dialogue avec ces paroles et ses gestes. Et pour cela, ce que fous faites est exactement dans ce registre : lire comme on peut la Bible, butter sur des difficultés, se poser des questions, continuer, revenir différent…

Cette façon de considérer le Christ est déjà une bonne première étape. Et dans les évangiles, c’est souvent comme ça que Jésus est présenté.

Le Christ faisant des miracles

image chrétienne des premiers siècles : scènes de vie du Christ

Sorte de bande dessinée des miracles de Jésus (panneau des premiers siècles)

Dans les évangiles on voit souvent Jésus guérir, multiplier les pains, marcher sur l’eau et même ressusciter des personnes. Personne n’est obligé de penser que ces récits sont à lire au sens matériel du terme. Pas plus que quand on dit que Jésus est la lumière du monde (il n’est pas un champ électromagnétique). Mais ce qui est certain c’est que ces textes disent qua dans le contact avec cet homme, des existence sont été transformées, qu’une puissance créatrice plus grande que les capacités humaines se manifestaient. Ces récits disent que dans ce ce qu’apporte Jésus il y avait plus que ce que peut nous apporter d’avoir une meilleure philosophie de la vie, une théologie plus fine et aimante, un bonheur plus profond que de simplement voir la vie en rose. Pour exprimer ce que le Christ leur a apporté, les témoins, et les croyants des générations suivantes ont dit que c’était comparable à ce qui arrive à quelqu’un qui était aveugle de naissance et qui se met à voir clair. Que c’est parfois comme d’être sorti de la mort vers la vie…

Cela, oui appelle à la foi, c’est à dire à une confiance où l’on s’implique personnellement. Cela demande de la prière en pensant au Christ, pour qu’effectivement Dieu travaille en nous pour travailler à cela.

Comment comprendre alors la croix dans ce domaine ? Après avoir dit la valeur formidable de l’enseignement de Jésus, et la puissance transcendante de ce qu’apporte Dieu en Christ pour faire des miracles dans notre cœur, notre vie, nos relations… La croix vient utilement apporter un contrepoint en manifestant la faiblesse de Dieu qui n’a pas pu sauver Jésus des griffes des méchants, Dieu qui nous accompagne mais qui n’est pas un magicien procurant chance, amour, gloire et fortune à ses chouchous et ceux qui prient assez fort et bien. La croix manifeste la faiblesse de Dieu mais aussi la victoire dans la « résurrection », c’est à dire dans la fait que la vie belle et vivante, la vie par la foi a une dimension telle que notre vie dépasse notre simple petite survie de quelques dizaines d’années sur cette terre. Et cela aussi appelle à être médité, prié, cela aussi appelle à la foi pour en vivre.

Le Christ dans la théologie plus tardive…

Il y a bien d’autres conceptions encore de ce salut en Christ, certaines très inspirantes, d’autres qui ne me convainquent pas tellement, d’autres que je trouve absolument épouvantables. la pire à mon avis est celle qui consiste à penser que Dieu aurait eu besoin de voir Jésus torturé et tué, que cela était nécessaire pour que sa « justice » soit satisfaite, une justice ayant donc besoin du sang et de la vie d’un innocent ?! C’est à mon avis absolument l’inverse de tout ce qu’a manifesté Jésus sur l’amour de Dieu. C’est une abominable notion de « justice » pire que dans les pire pays pratiquant la peine de mort… mais bon, si cela donne confiance à certaines personnes dans le fait que Dieu leur pardonne, c’est déjà ça (en espérant que ces personnes ne retienne pas la notion de justice qui est derrière pour l’appliquer dans leur vie quotidienne…)

Vous trouverez sur le site pas mal d’autres éléments de réponses sur cette question si riche et si essentielle.
Par exemple dans le petit dictionnaire de théologie

Dieu vous bénisse pour cette nouvelle année !

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

2 Commentaires

  1. Marine dit :

    Bonjour,

    Merci pour cet article très éclairant. Je ne comprends toutefois pas le passage (dernier paragraphe avant le dernier point et qui commence par « Comment comprendre alors la croix dans ce domaine? », où vous écrivez que la croix manifeste la « faiblesse de dieu », qui n’a pas pu sauver Jésus. Quel intérêt de présenter dieu comme ayant une faiblesse qui a coûté la vie à l’un des meilleurs hommes, alors que Jésus nous incite à avoir foi en la puissance de dieu qui pourvoiera à nos besoins et à une bonne vie si on lui fait confiance?

    Je comprends qu’il ne s’agit pas de le voir comme ayant une baguette magique qui exaucera tout, mais là, sa « faiblesse » a quand même eu une conséquence considérable et Jésus parle bien d’abandon d’ailleurs…

    Pourriez-vous m’expliquer s’il vous plaît?

    Bonne journée à vous.

    1. Marc Pernot dit :

      Effectivement, c’est ça qui est choquant et qui a choqué bien des soutiens de Jésus parmi ses disciples et apôtres après les rameaux.
      Un salut qui passe par la faiblesse et non par la force.
      Comment est-ce que cela nous sauve ?

          D’abord par ce que cela nous fait découvrir qui est Dieu réellement et comment il agit. C’est essentiel pour se mettre en phase avec lui et mieux accueillir sa puissance de salut telle qu’elle est. Dieu n’est pas une sorte de Zeus, il n’est pas une sorte de père noël tout puissant. Il agit comme source d’évolution dans le monde et en nous.
          C’est aussi une inspiration pour nous. L’usage de la force doit être en dernier recours, comme un moindre mal mais cela reste un mal. La solution à long terme est l’amour, la justice, le respect, la douceur, la compassion.

      C’est vrai que nous sommes parfois déçu que Dieu n’utilise pas cette force de dernier recours, par exemple en foudroyant instantanément un dictateur sanguinaire, un violeur, un pédophile. Ce serait fort pratique. Je pense sincèrement que Dieu ne peut tout simplement pas. Car il n’a pas de télécommande pour la foudre ou la maladie, parce que son action sur les événemetns est moins directe que cela, parce qu’il n’est source que de lumière et de vie, en aucun cas de ténèbres et de mort. Par principe même.
      Ce salut n’est pas efficace ? A court terme, sans doute. Mais à long terme, il n’y a pas d’autre issue pour aller vers un monde plus juste. Napoléon aurait, parait-il, fait ce bilan de sa vie à Saint-Hélène :

      Oh quelle différence entre la destinée prochaine de Napoléon et celle de Jésus-Christ !… Avant même que je sois mort, mon œuvre est détruite ; tandis que le Christ, mort depuis dix-huit siècles, est aussi vivant qu’au moment de son ministère… En quelque endroit du monde que vous alliez, vous trouverez Jésus prêché, aimé, adoré… Je suis encore vivant, et pourtant mes armées m’ont oublié : Alexandre, César, Charlemagne, moi-même, nous avons fondé des empires, mais sur quoi avons-nous fait reposer notre pouvoir ? Sur la force, tandis que Jésus-Christ a fondé son empire sur l’amour, et des milliers d’hommes donneraient joyeusement à cette heure même leur vie pour lui… L’union qui unit Jésus-Christ à ses rachetés est plus sacrée, plus impérieuse que quelque union que ce soit. Tous ceux qui croient sérieusement en lui ressentent cet amour surnaturel. Ils aiment quelqu’un qu’ils n’ont pas vu. C’est un fait inexplicable à la raison, impossible aux forces de l’homme ; et pourtant il a été accompli. Voilà ce que j’admire au-dessus de toutes choses, moi, Napoléon ; plus j’y pense, plus je suis absolument persuadé de la divinité du Christ.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *