Illustration : un requin menaçant de manger quelqu
Foi

Cruauté dans la nature : c’est pour moi choquant, désespérant, incompréhensible.

Par : pasteur Marc Pernot

Illustration : un requin menaçant de manger quelqu'un - Image parThree-shots de Pixabay

Question posée :

Bonjour Monsieur,

Je suis écrasé sous le poids de l’incompréhension lorsque je vois, par exemple, les personnes humaines « siamoises ». Comment une telle cruauté de la « nature » peut-elle être admise par l’idée même de Dieu?

J’ai 67 ans, il y a une quinzaine d’années, j’ai perdu une Foi très fragile et tellement en questionnement. J’étais dans la cour de mon entreprise avec quelques collègues sous un arbre. Nous avons été surpris par les cris d’oiseau. Un oisillon courait au sol, sa mère l’appelait. Un gros oiseau que je n’ai pas pu identifier (peut-être un rapace, gros comme deux fois un corbeau) a foncé sur l’oisillon et est venu le dévorer VIVANT sur une branche de l’arbre. J’étais abasourdi, ahuri, incrédule devant tant d’horreur. Le gros oiseau à maintenu l’oisillon sous une patte et à commencé à le plumer, plume par plume. L’oisillon respirait très vite et ses yeux se fermaient. Cela a duré plus de dix minutes. L’oisillon était toujours vivant puis le bec du prédateur a percé la petite gorge de l’oisillon et lui a sorti 10 centimètres de tripes ou boyaux, alors la tête de l’oisillon s’est détachée et est tombée parterre. Ce jour là, j’ai pensé aux paroles de Jésus : « Voyez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent et pourtant votre Père les nourrit ». J’ai perdu la Foi ce jours-là mais je ne m’en suis toujours pas remis, quinze années plus tard. Chaque jour, même la nuit, je m’interroge sur le sens de la vie… Je cherche et je ne trouve pas.

Si vous acceptez de me répondre, je vous en serais reconnaissant. Avec mes respectueuses salutations.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Merci pour votre excellent questionnement.

Vous n’êtes spas le seul à perdre la foi en voyant l’existence de souffrances cruelles qui existent dans la nature, existant déjà avant que l’humain existe, il n’est pas possible de dire que l’homme et sa dangereuse liberté en serait responsable. C’est vrai que nous sommes responsable de bien des problèmes, mais pas de tous quand-même.

Les faits que vous citez sont effectivement bien cruels. Pourtant, je ne pense pas qu’il y ait de la cruauté derrière. Par exemple le rapace qui m’ange son collègue à plumes ne cherche pas à faire souffrir, il mange et le fait le plus simplement possible. De même le lion qui dévore un enfant s’étant écarté du village, pour lui c’est seulement un repas qui ne court pas trop vite, que ce soit un enfant en bonne santé ou une gazelle malade est équivalent pour lui. Il arrive qu’un chat joue avec une souris vivante qu’il a attrapée, cela ressemble à de la torture mais en réalité c’est juste pour s’amuser comme il le ferait avec une pelote de laine, je ne pense pas qu’il y ait une intention de faire souffrir, et donc pas de cruauté même si l’événement est très cruel.

Certains disent que ce serait le diable qui ferait cela, mais cette cause ne correspond pas à l’observation, car manifestement, le lion mange ce qu’il trouve de plus facile et de plus rassurant pour lui, sans chercher à faire le plus de mal possible comme si c’était combiné par un ennemi.

Certains pensent que ce serait Dieu qui serait derrière cette violence de la nature et même qu’il serait à l’origine de la santé comme de la maladie et donc du cruel handicap d’enfants siamois ! Cette théorie ne me semble pas cohérente avec la conception d’un Dieu bon. D’un Dieu qui est du côté de la vie et non de la souffrance et de la mort.

Alors quoi ? La meilleure réponse est de prendre en compte le temps. Le projet de Dieu est en cours, et il est bon, sans cruauté ni de souffrance d’aucune sorte. Certes, cela veut dire que Dieu ne serait pas « tout puissant » dans l’instant, comme un magicien. Ce désordre et cette cruauté que nous voyons dans la nature est donc plutôt une absence d’évolution, un manque de bien sur lequel Dieu travaille. Au rythme de l’évolution dans la nature. Dieu injecte des idées et des forces. Et franchement, oui, il y a des choses à améliorer dans la nature, mais il y a aussi des merveilles inimaginables.

Le prophète Esaïe exprime ainsi le projet de l’Eternel :

Le loup habitera avec l’agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte; Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte, Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
(Esaïe 11:6-9).

Vous avez donc raison de vous scandaliser qu’il ne soit pas ainsi. Dieu aussi est impatient et il y travaille. Et il cherche à nous mobiliser pour ce projet encore en cours. C’est ainsi que la recherche médicale et les soins, la compassion, les paroles et les gestes qui soulagent la souffrance ne luttent pas contre Dieu mais s’unissent à la volonté de Dieu pour aller dans le bon sens.

Votre révolte, le fait que vous soyez scandalisé par cette souffrance cruelle, est donc une bonne chose. C’est le fruit d’une conscience bien éclairée, et cette révolte n’est pas contre Dieu, elle est contre une certaine idée de dieu, un dieu cruel et méchant, et elle est inspirée de Dieu, le Dieu source constante d’évolution vers plus de bonheur, d’harmonie et de paix. Cela appelle à transformer cette indignation contre la souffrance en énergie pour faire avancer les choses, et donc en recherche de ce que Dieu espère de nous pour entrer dans ce chantier en acteur source nous-même d’évolution positive.

Quant aux oiseaux de cette parabole. Jésus n’est pas idiot (apparemment), et les personnes de l’époque étaient proche de la nature, tout le monde savait qu’il arrive que des oiseaux meurent de faim, de maladie et de divers prédateurs. Comment lire alors ce texte ? Quand un texte de la Bible n’a pas de sens au 1er degré, c’est qu’il convient de le lire au 2nd degré. Il y a diverses solutions. L’oiseau peut évoquer notre nature spirituelle, notre être profond, encore en développement, petit et un peu sauvage, mais que Dieu ne laissera jamais mourir. Bravo de chercher encore et malgré tout veiller sur ces petits oiseaux là. Et votre mail manifeste que ces oiseaux en vous ont reçu de la nourriture, et que quelqu’un a veillé sur eux, non ?

Quand au sens de la vie : à mon avis c’est de vivre sa vie d’une belle façon. C’est donc en fonction de vos talents, de votre sensibilité, des occasions et des temps que peut surgir dans votre conscience un sens précieux. C’est là que faire un peu de théologie (qu’est-ce que l’on pense qu’est un Dieu juste et bon, ou qu’est-ce qu’il devrait être, c’est à dire quelle idée nous nous faisons de l’idéal). Et prier un peu, à son rythme afin de regarder les traces de cet idéal dans notre être et dans nos projets. Et s’ouvrir à ce souffle d’évolution et de vie, de sens et de paix qu’est Dieu, la source ultime d’évolution.

Il vous bénit et vous accompagne

par : pasteur Marc Pernot

PS. Si vous désiriez poursuivre la réflexion sur l’existence du mal et de la souffrance : vous pouvez regarder cet article.

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2 Commentaires

  1. HEMTU dit :

    Bonjour,

    Permettez moi cher pasteur Marc de ne pas être satisfait par votre réponse. Comme notre ami, je m’interroge depuis quelques temps sur la cruauté de na nature que Dieu a lui-même créée. Je me rappelle avoir été horrifié en regardant des hyènes dévorer une gazelle vivante et enceinte sur une chaîne animalière. Pendant quelques minutes, la gazelle observait comment elle se faisait dévorer par le train arrière? Quelle horreur. Je me suis interrogé dans mon fort intérieur : Dieu, pourquoi as tu permis ces choses? Pourquoi as tu créé le monde ainsi? Car, seul Dieu est responsable de ce monde. L’homme peut assumer la responsabilité de ce qu’il est. Mais Dieu est responsable de la cruauté de sa création. Supposons donc que Dieu nous appelle à participer à un projet d’un monde bon. Dans ce monde, le loup habitera avec l’agneau. Mais sera t-il encore loup? Car son corps, ses crocs, tout son être ont été créés pour manger l’agneau. Idem pour le Lion qui est conçu pour manger la gazelle. Si ces animaux changent de régime alimentaire, ils devront aussi changer de nature et de forme. Ces questions interpellent sur la nature de Dieu. Est-il réellement ce que prétendent les religions révélées. Et si les religions primitives étaient plus proches de la vérité sur la nature du divin. Dieu n’est pas un super homme tel que nous l’expliquent les religions révélées. Les religions primitives acceptent la nature telle qu’elle est. La violence de la nature fait partie du divin. Cette violence n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est c’est tout. Pour que l’homme puisse tirer son épingle du jeu, il doit chercher à s’harmoniser avec la nature. Quoiqu’il en soit, la nature est toujours dans une logique de structuration de l’existant. La vie doit toujours triompher. La responsabilité de l’homme qui est au sommet de cette nature est grande. L’homme doit s’inscrire dans cette logique de structuration de la nature s’il veut vivre en harmonie avec le divin. Je suis africain et animiste. C’est la contribution que je peux apporter à cette question qui est l’une des plus importante de la spiritualité.

    1. Marc Pernot dit :

      La question, me semble-t-il est d’avoir une visée, une certaine notion de ce qui nous parait juste et bon.

      Et précisément, la Bible a une visée où la violence n’a pas de place. C’est certes discutable, mais c’est une belle et bonne visée qui se défend. Et c’est le sens de notre religion chrétienne. Avec un Dieu qui Amour et qui est uniquement source de vie. C’est, je pense, bien digne d’inspirer une vie. En tout cas elle inspire la mienne et je trouve qu’à l’usage, cela est bien.

      L’erreur, à mon avis, n’est pas de choisir cette visée d’un Dieu qui est Paix et Amour. L’erreur c’est de penser que Dieu aurait fini son boulot. La création est en cours, et à l’échelle du temps humain, existant seulement depuis 80 à 100 mil ans, l’évolution n’est pas très sensible mais elle existe. Il existe de la violence dans la nature, il existe de la violence dans l’humain, Dieu y travaille et croire en ce Dieu là nosu encourage à nous même y travailler à commencer en nous-même.

      Finalement, quand vous dite que « L’homme doit s’inscrire dans cette logique de structuration de la nature », c’est une pensée qui va tout à fait dans le sens d’une théologie d’un Dieu qui est en train de structurer la nature. Si dans cette mision de l’humain vous comprenez le fait de rendre la nature moins violente (car elle est actuellement en partie violente), alors votre idéal, votre conception du divin, cela est conjoint, est tout à fait cohérent à la vision chrétienne de Dieu.

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