19 janvier 2024

Question

Voici quelques-unes de mes interrogations que je vous livre en espérant recevoir de votre part quelques pistes


Question posée :

Cher pasteur,

Je vous adresse tout d’abord mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.

Depuis longtemps, tout comme beaucoup d’entre nous, je m’interroge sur le sens de la vie, sur Dieu, et sur les messages de la Bible. Après de nombreuses interrogations et recherches (qui se poursuivent), j’ai découvert avec joie votre site.

Je tiens ici à exprimer ma gratitude pour les réflexions profondes que vous partagez.

Cependant, j’ai encore de nombreuses questions sur la foi. Je me demande par où commencer… Voici quelques-unes de mes interrogations que je vous livre en espérant recevoir de votre part quelques pistes complémentaires de réflexion.

Tout d’abord, la résurrection de Jésus, telle qu’elle est décrite dans les Évangiles, suscite en moi des interrogations. Pourrait-elle être une légende, issue d’une déformation postérieure des récits oraux, tout comme les miracles de Jésus ? Dans ces conditions, comment pouvons-nous croire en Christ ? Ne serait-il pas plutôt un homme exceptionnel, charismatique, un prophète majeur ayant marqué son époque et l’Histoire ? Peut-on vraiment croire à la résurrection ? Ne faudrat-il pas y voir plutôt un symbole : Christ vivant éternellement parmi nous d’une manière spirituelle. Tout serait-il alors seulement symbolique ?

Dans le même ordre d’idées, je m’interroge sur la signification ou l’utilité de la prière si on admet que Dieu n’intervient pas dans le monde matériel. Pourquoi aussi exprimer notre gratitude envers un Dieu ayant une existence immatérielle ? Prier une abstraction semble difficile à concevoir pour moi aujourd’hui. Or, bien que je n’aie aucune preuve tangible de l’existence de Dieu, je ressens néanmoins une conviction intime en quelque chose de plus grand. J’aimerais pouvoir donner une réalité (une Vérité) à cette conviction pour pouvoir embrasser pleinement un chemin de foi.

La personnification de Dieu dans la Bible soulève également des questionnements. Dire que Dieu nous donne son amour, un sentiment humain, semble audacieux. Comment pouvons-nous affirmer être aimés par une entité inexplicable pour l’esprit humain ? La foi consiste à mettre sa confiance en Dieu, à se convaincre que notre vie est acceptée, pardonnée, et validée a priori (« la foi est la ferme assurance des choses que l’on espère » (Heb. 11:1)). Cependant, « se convaincre » de quelque chose, c’est accepter, sans preuve, l’existence de Dieu. C’est avoir l’intime conviction d’une dimension extra-ordinaire, qui nous dépasse ultimement.

L’Evangile nous dit que Dieu est celui qui nous aime, nous pardonne et nous reçoit. Or, si Dieu n’est pas une personne, alors ce discours doit être compris dans un sens symbolique, en représentant Dieu comme l’Amour.

La question de la Création m’interroge également. Bien qu’il soit tentant de se tourner vers la notion de création divine, ex-nihilo, pour appréhender ce qui dépasse l’entendement, la science pourrait-elle répondre un jour à nos interrogations actuelles ? En effet, toute théorie physique n’est pas définitive, comme l’illustrent les révisions successives des modèles scientifiques passés. La physique quantique s’inscrit dans cette évolution de la connaissance.

Partant de ce constat, serait-il possible de concevoir que « Dieu » (si l’on ose utiliser ce terme) serait finalement un concept surnaturel, dans le sens où Dieu ne s’explique pas par les lois naturelles connues aujourd’hui, et qui deviendront naturelles à mesure que la science évolue et explique davantage les mystères de l’univers

En d’autres termes, le surnaturel d’aujourd’hui serait-il le naturel de demain, c’est-à-dire quelque chose de parfaitement explicable par la science un jour ?

Enfin, je constate que certaines personnes athées peuvent avoir de grandes qualités humaines, de générosité et d’Amour envers leur prochain. Dieu ne serait-il pas ce lien précieux, cet Amour, que nous tentons de cultiver avec autrui ?

Toute ces questions, tous ces doutes, s’inscrivent dans la lignée de la maxime de Socrate – « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » – qui nous encourage à rechercher en nous-mêmes et au-delà de nous-mêmes pour affiner notre pensée et à accepter l’ignorance comme principe du savoir (à condition de se mettre en mouvement).

Chercher Dieu revient pour moi à plonger dans un mystère insondable qui soulève plus de questions qu’il ne fournit de réponses, et cela nécessite d’accepter mon incapacité à tout comprendre. Afin de pouvoir vivre, un jour peut-être, cette rencontre avec l’invisible, auriez-vous quelques conseils ou pistes de réflexions à partager ?

En espérant que mes propos ne vous ont pas heurtés (ce n’est absolument pas mon but), je vous remercie par avance à l’attention que vous porterez à mon message.

Bien à vous,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

La première réponse que je désire vous apporter c’est de vraiment vous sentir libre, la foi c’est un élan de sincérité. Le contraire de la foi ce n’est pas le doute, au contraire : c’est de ne pas s’impliquer, ou bien d’être comme à porte à faux par rapport à la sincérité. C’est pourquoi il n’est pas utile et même nocif de se laisser maltraiter dans le domaine de la religion, avec des personnes qui prétendent à vous imposer ce que l’on devrait absolument croire pour être fidèle à Dieu. Être fidèle c’est être sincère et impliqué dans la relation à l’autre. C’est vrai en couple, en amitié, et pour la foi.

Vos interrogations sont nobles et courageuses, elles sont bien pensées, sincères, libres et intelligentes. Bravo et merci pour ce témoignage. C’est le genre de démarche qui permet d’avancer et aussi de muscler sa propre résilience face aux joies et aux peines, aux chances et aux difficultés qui nous arrivent.
Donc bravo. Et merci pour les encouragements.

C’est donc plus un dialogue que je veux bien répondre à vos interrogations et positions actuelles sur ces points essentiels, mais bien sûr, cela ne vous impose pas d’être du même avis…

La résurrection de Jésus, telle qu’elle est décrite dans les Évangiles

Est-ce que c’est une légende ? Oui, et non.

  • Non car historiquement il y a eu un événement spectaculaire : les disciples de Jésus de Nazareth étaient des personnes assez disparates, ils sont privés de leur maître et pourchassés dans la foulée de l’exécution de Jésus), au lieu de les abattre, de les désespérer, ils vont être saisis d’un tel enthousiasme, d’une telle force de vie que le christianisme va se développer exponentiellement au 4 coins de l’empire romain. Donc on peut dire que, pour le moins, il y a eu une « résurrection » des disciples de Jésus. En effet, « résurrection » n’est pas réanimation (retour à la vie d’une personne en arrêt cardio respiratoire). Les verbes qui sont traduits dans nos Bibles par « ressusciter » sont des verbes de la vie courante utilisés aussi pour dire « se lever » ou « s’éveiller ».
  • Oui il y a un aspect un peu de conte ou de légende dans ces chapitres sur la résurrection de Jésus, il passe à travers les portes fermées, disparaît en un clin d’œil, passe incognito auprès de ses amis. C’est vrai, mais ces récits sont manifestement à haute valeur théologique et spirituelle, chaque élément, chaque mot de ces récits est chargé de sens théologique et spirituel. Qu’au sens matériel Jésus soit apparu à quelques personnes, ce serait intéressant pour ces quelques personnes ayant vécu il y a 2000 ans et même pour ces personnes Jésus serait parti peu de jours après. Le sens théologique et spirituel de ces récits est par contre très inspirant pour nous, lecteurs depuis ce temps là. Chacun peut croire ou non à ces récits au sens matériel, nous nous retrouvons ensuite ensemble pour chercher ce qu’ils nous apporte maintenant.

Donc, oui, de toute façon ces récits sont symboliques, mais ils ne sont pas seulement symboliques d’abord parce que l’homem Jésus ayant vécu, enseigné, guéri des gens, ayant été crucifié est un personnage historique bien réel, historiquement. Et tout n’est pas de la fiction dans ces récits de résurrection puisqu’ils parlent de nous qui, aujourd’hui, ressuscitons en Christ toujours un petit peu plus en étudiant, en priant à l’aide de ces textes.

La signification ou l’utilité de la prière

Il me semble que la définition même de Dieu, à mon sens, est qu’il a du poids dans le cours du monde. Ce n’est pas seulement une idée belle et intéressante. Je dirais que Dieu est, par définition, ce qui est créateur dans notre monde. Ce qui est assez logique, ce qui est le plus plausible, car le monde n’a pas toujours été tel qu’il est aujourd’hui, il a été et il demeure en évolution, c’est un fait. La définition de Dieu comprend une efficacité dans le monde matériel (vraisemblablement) et certainement, en tout cas, dans les sphères psychiques, relationnelles et spirituelles de notre petite personne et de l’humanité.

Maus c’est exact qu’apparemment Dieu n’est pas un magicien. Il agit à sa façon dans son temps.

Pourquoi lui manifester de la gratitude ? Cela nous fait du bien à nous, d’abord, d’avoir ce regard qui relève ce qui est bon et qui ne vient pas, pu pas seulement, de nous. Ensuite, quand on le fait dans la prière, cela oriente nos regards et notre espérance vers la source du bien au delà du seul bien, vers le créateur derrière la création. Il y a un changement de niveau, et cela peut nous inspirer. C’est déjà essentiel et efficace comme exercice spirituel. Mais en plus, puisque je pense qu’il existe un quelque chose qui est créateur, il est assez favorable de s’ouvrir ainsi à ce créateur. Je vous rejoins donc dans cette « conviction intime en quelque chose de plus grand », sans certitude absolue, mais ce dont je suis certain, c’est que s’intéresser à ce qui est créateur de façon confiante et ouverte et dans l’humanité : cela participe de façon positive à un cheminement, bien au-delà de ce que je peux faire par moi-même.

La personnification de Dieu dans la Bible

Je reconnais volontiers que Dieu n’est certainement pas ce que l’on imagine sous les traits d’une personne finalement un peu comme nous mais en bien plus grand. Il est bon de se rappeler qu’il est d’une tout autre dimension que ce que nous pouvons imaginer et penser. Certes. Mais pour le prier il me semble qu’il est bon de me le figurer comme un ami. Il est bin de ne pas être dupe et pourtant de pratiquer cela. Car nous sommes des êtres de ce monde et que c’est ainsi que nous pouvons vivre, travailler, cette relation avec cette réalité unique qu’est Dieu. Ce n’est pas seulement symbolique, bien des personnes ont une expérience spirituelle qui leur fait se sentir gardé par un amour qui dépasse tout. D’autres personnes n’auront pas cette sensibilité, ou de façon plus diffuse, et seront plus sensible au côté cérébral. D’autres encore seront plus dans le cœur et l’action créatrice, généreuse, aimante. Et pourtant on peut appeler cela de la foi aussi, comme le dit Jean « Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ». La conviction est alors intime par les tripes, d’autres par la recherche, d’autres par l’Esprit. Idéalement il serait bon de panacher les trois de façon équilibrée.

La Création

Bien sûr que Dieu n’a pas façonné la terre avec ses petits doigts, sa création est bien moins directe que cela. Et l’idée de création « ex nihilo » est assez récente (relativement), et pas si biblique que cela, et me semble problématique.
Dieu est ce qui est source d’évolution positive, ce qui fait qu’il y a quelque chose de meilleur et pas seulement rien ou le chaos. C’est une conviction, et c’est en tout cas une inspiration pour nous. Une invitation à faire nous-même évoluer le monde autour de nous dans le bon sens, à notre mesure.

L’idée de Dieu n’est pas (ou n’est plus aujourd’hui) : une sorte de joker que l’on peut sortir quand nous ne comprenons pas. C’était dans le temps prononcé avec une sorte d’air supérieur « c’est le grand mystère de la foi ». Je dirais qu’au contraire, plus nous connaissons, plus nous découvrons l’univers et l’infiniment petit, et plus cela me remplis d’admiration et d’étonnement, et plus cela me fait penser à Dieu. Dans l’émerveillement, dans la gratitude. Le fait de me sentir (et de nous sentir) être une part de cette merveille est en particulier une source d’émerveillement. La science est donc l’amie de la foi. La recherche de Dieu est plus de l’ordre du sens et de l’émerveillement que de l’explication de l’histoire de l’univers.

Des personnes athées aux grandes qualités humaines

C’est ce que dit Jean dans sa première lettre : « Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7-16)
Une personne athée par sa pensée consciente est ainsi considérée par Jean (témoin du Christ) comme n’étant pas totalement athée mais cette personne participe au règne de Dieu par le cœur, par les trippes, par le sentiment et l’action créatrice.

Seulement, à mon avis, Dieu est plus que cela. Dieu est là mais aussi bien au-delà. Même avant que l’humain existe, et bien ailleurs que sur ce petit grain de poussière sur lequel nous nous agitons. Mais c’est à travers l’expérience de ce que nous vivons et constatons que nous pouvons commencer à avoir une petite idée de Dieu, et le chercher encore. Avec quelques pistes, donc, et des doutes, et une recherche. Merci pour cette maxime de Socrate – « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » – qui nous encourage à chercher. Elle rejoint celles de bien des mystiques et théologiens chrétiens. Cela encourage à faire de la théologie, de façon ardente mais aussi humble.

Chercher Dieu soulève plus de questions que ne fournit de réponses

Excellent. C’est comme quand on monte en montagne : la visée s’ouvre sur plus de choses, des horizons plus lointains. De même dans le domaine de la foi : chaque pas en avant sur le chemin de la mystique et de la théologie ouvre sur plus de questions, de bonnes questions. Alors qu’un dogmatisme étroit est comme de s’enfermer dans les profondeurs d’une citadelle.

Bonnes recherches,
Avec l’aide et la bénédiction de Dieu.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. Marie Maignan dit :

    Merci pour ces interrogations et réponses. À partager

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