une petite chapelle avec une croix éclairée sur fond de ciel étoilé - Photo de Andrew Seaman sur https://unsplash.com/fr/photos/Y3WEhjQivTI
Bible

Marc 16:16 « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé », Comment comprendre ce passage ?

Par : pasteur Marc Pernot

une petite chapelle avec une croix éclairée sur fond de ciel étoilé - Photo de Andrew Seaman sur https://unsplash.com/fr/photos/Y3WEhjQivTI

Question posée :

Marc 16, 16 : Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné.

Comment comprendre cela ? A  » l’arrivée « , ne restera-t-il pas, finalement, toutes nos  » pépites  » d’amour… indépendamment du fait que nous croyons ou non ? Que nous soyons baptisés ou non ?
Comment comprendre ce passage ?

Merci à vous !

Réponse d’un pasteur :

Bravo pour cette remarque.

La question de savoir qui sera sauvé a toujours travaillé la conscience des humains. Et malheureusement, bien des églises, des religions et des idéologies ont utilisé ce ressort pour tenir les personnes crédules dans les griffes de personnes mal intentionnées.

Je suis d’accord avec vous :

  • Jésus ne baptisait pas avec de l’eau (Jean 4), ce serait effectivement vraiment étonnant que Dieu s’attache ainsi à un rite, aussi important soit-il, pour sélectionner ou pour rejeter certaines personnes. Ce serait contraire à l’amour de Dieu, l’amour étant par définition même sans condition.
  • Jésus n’a jamais fait passer un examen de foi à personne pour lui venir en aide, et ce qu’il entendait par »foi » est très large car il célèbre à haute voix la grande foi d’un centurion romain rendant un culte à César comme dieu. De toute façon, il serait également étonnant qu’il y ait un examen de foi à une sorte de tribunal, Dieu gardant les meilleurs éléments, et rejetant les médiocres, les blessés dans leur foi ou dans leur vie.

Un des grands apports de la Réforme protestante a été de nous soulager de ce genre de chantage, disant que de toute façon, notre salut appartient à Dieu, qui en décide souverainement. Je dirais que le second apport est de chercher à former chaque fidèle à l’interprétation personnelle de la Bible, et à porter des fruits de la grâce qui nous est faite, c’est alors une conséquence du salut de Dieu et non une condition. Cela me semble effectivement nous libérer de cette question de savoir si moi, je serai sauvé, préoccupation finalement très égoïste.

En relevant que l’essentiel, ce qui reste sont les « pépites d’amour », nous avons à la fois une expérience de ce qui vaut le plus dans notre existence, et nous avons aussi la clef d ece salut qui préoccupe certaines personnes : Dieu est le spécialiste hors catégorie de ces pépites d’amour pour chacune de ses créatures, en particulier de chacun de nous, et cela est la garantie que nous « resterons ». Et le fait que nous sommes parfois un peu capable quand même d’aimer est une preuve par les fruits que nous sommes participants à cette dimension éternelle de l’être. Comme le dit jean : « quiconque aime est né de dieu et connaît Dieu ».

Mais alors comment comprendre ce passage de Marc 16:16 ? Il est écrit plus précisément : « Celui qui ayant eu foi et étant baptisé sera sauvé, par contre celui qui est sans foi sera éliminé. »

Il y a souvent dans la Bible une présentation en deux figures opposées : du juste et du pécheur, du méchant et du bon. Les gens de l’époque savaient très bien qu’il n’existe pas de juste, pas même un seul, nous dit l’apôtre Paul (Romains 3:9-12) et Jésus lui-même refuse qu’une personne le qualifie de « bon », disant que Dieu seul est bon (Luc 18:19). Donc, si l’on voulait être intégriste, cela ne marche pas. Nous sommes donc tous à la fois plus ou moins chacune des deux figures de ces présentations en deux figures opposées. Elles parlent alors de ce qui est juste et de ce qui est pécheur en chaque personne. Ce qui est bon et fidèle est déjà vivant et vivant pour toujours, aimé par Dieu. Et le reste est mort, que Dieu nous en libère est un bon débarras. Ce jugement de Dieu est une belle promesse à vivre dans le présent de cette vie, c’est une grande aide de Dieu, un soin qui nous permet d’avancer.

Le critère « d’avoir été baptisé » est un peu étonnant puisque Jésus ne baptisait donc pas, et c’est étonnant aussi car cette question de baptême n’apparaît que pour qualifier le juste, mais le manque de baptême n’apparaît pas pour décrire celui qui est éliminé par le jugement de Dieu. Cette affirmation à deux termes opposés est ainsi bancale. Qu’adviendrait-il d’une personne ayant de la foi et n’étant pas baptisée ? Il semble assez plausible que cette question du baptême ait été ajoutée au texte de l’Evangile plus tardivement, à une époque où les églises en tant qu’institution commençaient à se structurer, avec des rites et des clercs. Effectivement, nous savons que cette finale de l’Evangile selon Marc (16:9-20) n’est pas dans de très anciens excellents manuscrits (Sinaïticus et Vaticanus), et que le langage dans cette finale est assez différent de celui de Marc. L’Evangile se terminait de façon abrupte sur le verset 16:8 « Elles sortirent du tombeau et s’enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi. », ce qui est très touchant et puissant, je trouve, nous laissant écrire la suite avec notre propre foi, notre propre vie. Mais la finale ajoutée probablement dans les années 80-100, est gardée dans toutes les éditions de nos Bibles, en général avec une note expliquant tout cela.

Ensuite, pour ce qui est du critère d’avoir foi, comme dans tout les évangiles ce n’est pas une question de croyance à avoir ou non, le mot utilisé est celui de la connaissance, ni de la croyance, mais c’est dans le registre de la confiance, de la sincérité, de l’attachement. C’est une question de relation à Dieu en Christ, une question d’ouverture à sa puissance de création dans notre être et dans notre vie. Les versets suivants sont très étonnants en ce qui concerne notre foi : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui ont eu foi : ils chasseront les démons en mon nom; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris. » (Marc 16:17-18). Ces versets sont manifestement à lire au sens spirituel, et non au sens matériel (sauf dans quelques églises fondamentalistes dont le culte inclut, outre le baptême, une manipulation de serpents à sonnette, avec régulièrement des morts à cause de cette interprétation criminelle de la Bible, hélas). En tout cas, on voit par ces « signes » que la foi dont il est question est une foi qui produit des fruits visibles, des « pépites d’amour » comme vous dites : une foi qui s’engage pour aider les autres, une foi qui donne de la force face à nos tentations et aux difficultés de la vie. Ce qui est vrai. Même si notre foi est encore un embryon de foi, bien sûr, et donc nos pépites d’amour seulement quelles paillettes précieuses. Si précieuses.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. François dit :

    Mais suivant l’enseignement de Jésus, et en incluant la trinité (sans majuscules,, je vous prie !), dans son coeur, le chrétien est celui qui accueille Dieu en son coeur et en son esprit : Dieu est ce que nous nommons la conscience ; l’esprit du chrétien est guidé par son âme (c’est ce que nous nommons le saint esprit) ; et ce chrétien se tourne vers Jésus pour apprendre que les prophètes sont venus, et que leur enseignement demeure, mais Jésus est venu et a vécu sur terre en dispensant son message ( = évangile = bonne nouvelle), et nous a donné en peu de mots le condensé de toute l’Ecriture.
    A moins que je ne me trompe, cette vision du chrétien me satisfait pleinement, et trouve son accomplissement dans la réalisation de la trinité (chose incroyable : il y a peu, je ne pouvais pas raisonnablement croire à l’esprit saint, alors que maintenant, tout se met en place !).

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