Expliquez moi ce qui fait qu’aujourd’hui vous êtes convaincu de l’existence d’un être créateur ?
Question posée :
Bonjour
déjà je vous remercie par avance de prendre ce temps pour lire mes propos. Afin de vous situer par rapport à mes positions, pour le moment je suis ce que l’on pourrait appeler un agnostique à tendance chrétienne. Autrement dit, je doute fortement de l’existence de Dieu mais j’ai en même temps cette part de moi qui voudrait y croire.
Je suis donc, et ce depuis un an, en questionnement sur les raisons qui permettent de tendre vers la croyance de Dieu ou de son inexistence.
Afin également que vous situiez où j’en suis, je vous présente les arguments que j’ai étudier jusqu’à présent.
J’ai tout d’abord regardé une bonne partie des arguments philosophiques. Pour le moment, je n’en vois pas qui me conviennent réellement :
– L’argument moral peut également s’expliquer par la sélection naturelle. Ce bien universel peut très bien être un propre de notre espèce pour permettre une cohésion sociale.
– L’argument de la contingence me pose également soucis. En effet, à « pourquoi cet univers plutôt que rien » j’ai simplement envie de répondre « pourquoi pas ? ». Je ne vois pas en quoi l’univers ne pourrait pas s’expliquer de lui même. D’ailleurs, si l’on inclut Dieu dans le raisonnement, il est censé s’expliquer de lui-même.
– J’ai également un soucis avec la question du mal mais je mettrai ça dans une autre question pour ne pas multiplier les problématiques.
– Un dernier argument (un peu plus convaincant que les autres) me pose question : dans un monde où il y a Dieu, notre cerveau a pour but de tendre vers la vérité. Nous pouvons donc faire davantage confiance en la science vue qu’elle ne découle pas de la sélection naturelle. Cela n’enlève néanmoins rien au fait que la sélection naturelle ait pu nous fournir un cerveau qui puisse découvrir le monde.
Je me suis également renseigner sur plusieurs autres aspects :
– Je me suis intéressé à la véracité des textes bibliques. J’avoue que là je suis totalement en doute sur le fait que quelqu’un ait pu ressusciter des morts. Cela semble tellement un phénomène hors du commun que j’attends des preuves incroyables. Hors nous avons simplement des retours historiques de personnes ayant été du côté du christianisme. J’ai donc du mal à croire que cela soit suffisant pour être convaincu que le Christ soit ressuscité. Je n’enlève bien sûr pas le fait que ce soit possible, mais cela me semble bien plus explicable par d’autres choses : le fait qu’il ne soit pas réellement mort après être allé dans le tombeau, peut être avait il un frère jumeau caché, ces histoires ont pu être inventées, …
– Je me suis également intéressé aux EMI qui pourraient donner des indices. Néanmoins, même si aujourd’hui nous ne sommes pas capable de les expliquer, il se peut qu’on explique cela par la médecine à terme. Je crois néanmoins que vous êtes d’accord avec moi sur ce point vu ce que j’ai pu lire de vos écrits sur ce site.
Je suis de formation mathématiques, vous êtes de formation informatique. Nous avons donc une formation dans la logique et les sciences.
Seriez-vous donc capable de m’expliquer ce qui fait qu’aujourd’hui vous êtes convaincu de l’existence d’un être créateur ? En quoi a-t-on besoin de Dieu pour expliquer le monde ? Ne pourrait-on pas l’expliquer par lui-même ou par quelque chose d’autre que Dieu ? Qu’est-ce qui fait que pour vous l’existence de Dieu est l’explication la plus rationnelle ?
Je vous remercie encore de votre lecture et du temps que vous me consacrez.
Si Dieu existe, qu’il vous bénisse.
Réponse d’un pasteur :
Bonjour
Bravo de vous poser plein de questions :
Celle de l’existence, ou non, d’un créateur en dehors de l’univers est une question intéressante, voire passionnante, mais elle n’est pas essentielle. Personnellement, je pense que cette existence est l’hypothèse la plus plausible, de loin la plus raisonnable. Mais cela n’est qu’un hypothèse, et ce n’est pas cette croyance qui fait vivre. Voir https://jecherchedieu.ch/question/avec-l-avancee-des-decouvertes-scientifiques-comment-penser-le-dieu-createur-du-ciel-et-de-la-terre/
- Une question plus essentielle est de s’intéresser à ce qui me fait personnellement avancer, vivre, être meilleur. Il est juste de l’appeler « dieu » et « créateur », car cela l’est effectivement, et c’est intéressant de « prier » au sens de méditer sur ce qui est ainsi une source de vie pour moi, d’y puiser et d’y boire. Car c’est un moteur d’évolution positive dans ma vie. L’appeler « Dieu » me permet aussi de mettre mes impressions personnelles en rapport avec le meilleur de ce qu’on trouvé, creusé et affiné les générations passées, ce qu’ils ont exprimé dans des textes et des arts, des actions. D’en parler avec des contemporains de bonne volonté. C’est un grand enrichissement.
- Une autre question essentielle est de se demander quelle est aujourd’hui (cela peut et doit évoluer, s’affiner) quelle est ma conception du bon, du beau, du juste ultime, ce qui est élevé et noble. C’est une théologie que je fais en réfléchissant à cela. Une définition de Dieu. Et il est utile de prier pour se placer soi-même face à cela, tel que nous sommes aujourd’hui et tel que nous avons vécu, agi, subi, ce dont nous avons été témoin, ce que nous avons lu. C’est de la prière aussi. A la première prière qui était face à mon Dieu-source, cette seconde prière au Dieu-idéal et but. Jean appelle ainsi Dieu « le commencement et la finalité », l’alpha et l’oméga. Ce Dieu là existe réellement pour chaque personne, qu’il l’appelle « dieu » ou non. Qu’il existe par ailleurs une source d’évolution extérieure à l’univers ou non.
- Ensuite, il me semble intéressant de chercher ce qui est pour moi, en vérité (pas seulement dans ce que je prétends, ou espère), la priorité de mes priorités, ce pourquoi je pourrais sacrifier tout le reste (ma « préoccupation ultime »). Car c’est cela qui, actuellement est « mon dieu », que j’accepte de l’appeler ainsi ou non. C’est utile de le comparer avec le résultat du questionnement 1. et du 2. C’est plein d’enseignements, et c’est aussi de la prière, de la prière de conversion, d’évolution, de repentance et d’espérance.
Sous plusieurs aspects, Dieu existe donc absolument. Dieu comme créateur, effectivement, réellement, concrètement. Et il y a bien des raisons de s’intéresser à Dieu, et c’est extrêmement fécond. C’est une source essentielle de prise en main de son propre devenir et de sa vie, une source de libération intérieure.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
Marc
PS. En ce qui concerne l’existence du mal et de la souffrance : https://jecherchedieu.ch/dictionnaire-de-theologie/mal-existence-du-mal-de-la-souffrance/
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Bonjour Monsieur, Pasteur,
Merci pour cette question et la réponse.
Concernant l’argument de la contingence : « En effet, à « pourquoi cet univers plutôt que rien » j’ai simplement envie de répondre « pourquoi pas ? ». Je ne vois pas en quoi l’univers ne pourrait pas s’expliquer de lui même. »
En fait il me semble qu’il y a trois possibilités : soit l’Univers a existé depuis toujours, soit l’Univers a commencé à exister en s’auto-générant, soit l’Univers a été créé (par un créateur ou un phénomène hors de l’Univers). Il ne s’agit pas du même type d’origine que l’origine de la vie sur terre par exemple. En effet, la vie sur terre a pu apparaître à partir d’un ou plusieurs environnements géologico-physico-chimique sur Terre, et peut-être de sources chimiques météoritiques ou cométaires (pour l’eau, des acides aminés…)…
Mais quant est-il de l’Univers lui-même, définit en tant qu’ensemble de tout ce qui « existe physiquement », au sens d’une physique observable par des instruments de mesure actuels ou supposés possibles dans le futur (pas forcément depuis la Terre, mais depuis au moins un point point de cet Univers) ? Il n’y a pas ici de phénomène matériel pouvant le générer, à moins qu’il existe depuis toujours (certaines philosophies grecques antiques), ou qu’il se soit auto-généré (position de Stephen Hawking dans « une brève histoire du temps »). Ces deux solutions ne correspondent néanmoins pas à notre expérience (raisonnement par induction) : tout système évolue et a donc une origine hors de lui-même, par interaction avec un système extérieur. Si on envisage par une sorte d’expérience de pensée des débuts très lents, avec très peu de mouvements, cela pose néanmoins la question de pourquoi ces mouvements existent, comment les dimensions ont pu apparaître, plutôt que de ne pas exister ? …
Le chercheur américain en théologie et philosophie William Craig a proposé une argumentation dite du « Kalam » :
https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Lane_Craig
Son argument se résume en deux prémisses amenant à une conclusion :
Tout ce qui commence à exister a une cause de son existence.
L’univers a commencé à exister.
Si 1) et 2) sont vrais, alors 3) l’univers a une cause de son existence.
Chapitre 3 du livre Natural Theology :
https://www.difa3iat.com/wp-content/uploads/2014/08/William_Lane_Craig__J._P._Moreland_The_BlackwellBookZZ.org_-1.pdf#page=114
Article de résumé :
https://www.pdcnet.org/scholarpdf/show?id=faithphil_1997_0014_0002_0236_0247&pdfname=faithphil_1997_0014_0002_0236_0247.pdf&file_type=pdf
Enfin, de manière générale mais aussi comme vous tous deux êtes mathématiciens, informaticiens…, je voulais signaler l’existence d’une preuve mathématique par Kurt Gödel de l’existence de Dieu. Elle peut être consultée ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Preuve_ontologique_de_G%C3%B6del. La vérification automatique de la cohérence de la démonstration a été effectuée en 2014 et peut être consultée ici : https://openresearch-repository.anu.edu.au/bitstream/1885/154104/2/01_Benzmuller_Automating_Godel%2527s_Ontological_2014.pdf
Cette preuve est de Kurt Gödel est complexe à interpréter : le Dieu dont l’existence est ainsi prouvée peut-il correspondre au Dieu de la Bible, ou au Dieu des déistes comme Voltaire ? Kurt Gödel a par ailleurs eu recours a de la logique modale, qui n’est pas tout à fait la logique usuellement utilisée dans la plupart des branches mathématiques. Un des points critiqués est notamment l' »effondrement modal » : la contingence entraîne certaines formes de détermination… Est-ce que cela décrirait certains éléments de notre propre liberté (partielle, comprenant de la contingence, mais des contingences qui sont associés à des déterminismes…) ?
Il y a peut-être un conséquence philosophique : une preuve (ou un argument) ontologique de l’existence de Dieu (au sens de celui d’Augustin d’Hippone) peut-elle (il) encore plus être considérée comme irrecevable ? L’argument ontologique consiste en résumé en l’affirmation de la possibilité de la conception d’un Dieu ayant toutes les perfections, plus grande chose parfaite que l’on puisse concevoir, et qui doit donc exister puisque exister en réalité et en conception est plus grand qu’exister seulement en conception.
Cet argument a en effet été critiqué ensuite comme insuffisant (et indécidable) par Immanuel Kant dans sa « Critique de la raison pure », car elle contourne la difficulté de la possibilité d’un tel Dieu, en argumentant par ailleurs que les autres preuves de l’existence de Dieu, comme les 5 voies de Thomas d’Aquin elles-mêmes basées sur la théorie des 4 causes d’Aristote (matérielle, formelle ou essentielle, motrice ou efficiente, finale ou téléologique), se ramènent à celle-ci. Voir à ce sujet l’article Preuves de l’existence de Dieu dans Notions philosophiques, Encyclopédie Philosophique Universelle, qui elle-même se trouve assez souvent en bibliothèque municipale.
A noter que Kurt Gödel a aussi prouvé l’indécidabilité de la complétude de l’arithmétique et donc de la majeure partie des mathématiques. Il est donc prouvé que la cohérence des arcanes fondatrices d’une grande partie au moins des mathématiques elles-mêmes, aussi rigoureuses soient-elles, est ainsi laissée dans l’indécidabilité. [Théorème d’incomplétude 1 : Dans n’importe quelle théorie récursivement axiomatisable, cohérente et capable de « formaliser l’arithmétique », on peut construire un énoncé arithmétique qui ne peut être ni démontré ni réfuté dans cette théorie. Théorème d’incomplétude 2 : Si T est une théorie cohérente qui satisfait des hypothèses analogues, la cohérence de T, qui peut s’exprimer dans la théorie T, n’est pas démontrable dans T. ]
Cordialement,
Merci pour ce beau développent.
En ce qui concerne la preuve ontologique (qui ne remonte pas à Augustin, me semble-t-il mais à Anselme), je ne suis pas certain que cela parle de Dieu en tant que créateur de ce monde physique (ma définition 1), ou plutôt à Dieu en tant qu’idéal que nous nous donnons (ma définition 2) dans l’article ci-dessus.
En ce qui concerne l’existence de ce monde physique, j’ai trouvé intéressant votre développement. Au « pourquoi cet univers plutôt que rien » vous répondez « pourquoi pas ? Je ne vois pas en quoi l’univers ne pourrait pas s’expliquer de lui même. » C’est à cette question que je cherche à répondre sur la question citée dans l’article https://jecherchedieu.ch/question/avec-l-avancee-des-decouvertes-scientifiques-comment-penser-le-dieu-createur-du-ciel-et-de-la-terre/
Belles recherches et questionnements à vous.
Oui en effet merci, j’en ai profité pour me rafraîchir les idées sur Anselme de Cantorbéry et Augustin d’Hippone. C’est bien Anselme de Cantorbéry qui a proposé l’argument « ontologique » dans son ouvrage « Proslogion » à partir de l’idée de grandeur de Dieu issue d’Augustin d’Hippone, qui s’appuie lui-même sur Platon, Plotin et le néoplatonisme, en plus de la Bible et des Pères de l’Eglise avant lui. Anselme recherchait – semble-t-il au départ à la demande de moines sous sa responsabilité – une confirmation de l’existence de Dieu sur la base de la raison à partir de sources extra-bibliques. Il me semble même que la 4ème voie de Thomas d’Aquin (celle par les degrés d’être) ressemble comme à une variante de cet argument ontologique.
Comme Matthieu 22-37:38 ajoute « de toute ta pensée » (dianoia en grec) à l’invitation du Deutéronome 6:5
« Tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. », il se peut effectivement que le questionnement sur l’existence de Dieu par la pensée à partir de sources bibliques et non bibliques (comme dans la démarche d’Augustin, d’Anselme, ou de Thomas d’Aquin) soit pertinent (du point du Nouveau Testament), si pour certaines personnes, cela peut permettre de progresser d’une façon ou d’une autre.
Concernant le « pourquoi pas ?» répondu à l’argument de la contingence « pourquoi cet univers plutôt que rien » : cela ne vient pas de moi, il s’agissait juste d’un copié-collé (maladroitement non sourcé) pour reprendre un des points de la revue initiale des arguments par la personne ayant posé la question en haut de cette page. Je cherchais à développer dans le sens de cet argument de contingence, qui pour ma part m’avait interpellé. Il semble que cet argument « a contingentia mundi » provient de Leibniz dans sa « Monadologie ». Il a ensuite été classifié comme de type « cosmologique » par Kant dans sa « Critique de la raison pure », argumentant que les preuves téléologiques (basées sur le constat d’un ordre du monde supposé dû à une finalité, donc à une volonté créatrice), et les preuves cosmologiques (existence d’un Dieu créateur de l’Univers) dépendent en fait de la preuve ontologique, elle-même indécidable selon cette argumentation de la Critique de la raison pure.
Mais comme nous avons maintenant le théorème ontologique de Kurt Gödel (dont la logique a été vérifiée par ordinateur en 2014), je me demande si cela pourrait confirmer au contraire ce raisonnement ontologique de l’existence de Dieu d’Anselme. Et je me demande aussi du coup si Anselme n’avait pas raison d’une façon plus large, si l’ensemble constitué par son Proslogion, auquel j’adjoindrais volontiers la 4ème voie de Thomas d’Aquin, plus le théorème de Gödel, peuvent servir de base (démontrée, mais selon une logique à interpréter, et dont l’utilisation est incertaine) pour certains éléments de Foi et de théologie, en complément de la Bible.
Au côté de cela, les 3 premières voies de Thomas d’Aquin (correspondant à la cause première immobile d’Aristote) rejoignent à mon sens l’argument de contingence du monde dans le groupe des arguments cosmologiques. La théologie naturelle de William Craig et notamment son argument dit « du Kalam » mentionné précédemment rejoindraient également ce groupe.
Et la 5ème voie de Thomas d’Aquin rejoint le groupe des arguments par la finalité (correspondant à la cause finale d’Aristote) ou téléologiques ou physico-théologiques selon le terme de Kant. C’est sans doute dans cette catégorie que je rangerais l’argument cité par la personne ayant posé la question initiale : « Un dernier argument (un peu plus convaincant que les autres) me pose question : dans un monde où il y a Dieu, notre cerveau a pour but de tendre vers la vérité. Nous pouvons donc faire davantage confiance en la science vue qu’elle ne découle pas de la sélection naturelle. »
Les EMI sont souvent mentionnées, mais pourraient relever d’un processus équivalent à un rêve intégrant l’information que la personne serait morte, alors que dans la réalité elle ne l’est pas. La grande paix… dont il est question peut être obtenue par la méditation ou par la Foi, cf Mathieu Ricard (bouddhiste). Il pourrait s’agir à mon sens d’une sorte de relâchement ou de libération éphémère des pressions sociales que l’on intègre inconsciemment (soucis du monde…).
Concernant les doutes sur l’historicité de la Résurrection, si on se base sur les récits de la Passion dans les 4 évangiles, il semble y avoir des éléments qui pourraient être interprétés comme le fait que Jésus n’est pas réellement mort sur la Croix, et d’autres qui au contraire vont dans le sens d’une mort sur la croix : dans un des Évangiles on relève de l’eau à la place du sang dans ses poumons percés par une lance, ce qui indique la mort physique d’après les médecins légistes (l’eau du corps n’est plus filtrée par les poumons qui s’en remplissent). Resté vivant ou ressuscité il sort du tombeau et apparaît pendant quelques jours aux apôtres jusqu’à son Ascension. Sa résurrection serait donc symbolique avant tout (comme un Agneau de la Pâque rappelant l’Exode hors de l’esclavage en Egypte, pour signifier l’exode hors du péché).
Si l’on s’en tient à l’évangile de Marc : il s’agit du premier qui a été écrit ou finalisé, et dans les meilleurs manuscrits, il se termine abruptement par l’affolement de Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, qui s’enfuient et ne disent rien à personne (au mois sur le moment) car elles ont peur des conséquences et enquêtes que cela pourrait ouvrir, ou des conséquences du fait de témoigner de la résurrection devant d’autres personnes : seront-elles prises au sérieux ou pour des folles ou des rêveuses mièvres … (sorte de crainte du monde) ?. Les versets 9-20 du chapitre 16 sont considérés comme un ajout ultérieur ! Quelques copistes ont même indiqué que le verset 8 indiquait la fin de l’évangile (comme cela se termine sur le mot et l’impression de « peur » de manière surprenante). Il est donc possible selon certains angles, ou à certains moments, de s’en tenir à cette version. Mais cela peut aussi susciter une interrogation : n’avons nous pas parfois peur nous aussi en un certain sens de la signification de cette Résurrection ?
extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Anselme_de_Cantorb%C3%A9ry#Christologie :
Dans son ouvrage Pourquoi Dieu s’est fait homme?, Anselme essaie d’expliquer rationnellement le fait que Dieu s’est fait homme dans le Christ. Pour lui, les Écritures ne sont pas suffisantes pour expliquer les mystères du Christ aux incroyants car ceux-ci les considèrent comme des fictions.
Il doit donc utiliser un langage conceptuel plus accessible et solide pour ses contemporains pour prouver la nécessité du Christ pour le Salut des hommes :
« N’avons-nous pas une preuve suffisante que l’homme peut être sauvé par le Christ (…) et que nous avons mis en lumière que, dans l’hypothèse où le Christ n’existerait pas, il est absolument impossible de trouver un moyen de sauver l’homme 19? »
Lien vers le livre « Pourquoi Dieu s’est fait homme? » ou « Cur Deus homo » d’Anselme traduit en anglais :
https://archive.org/details/curdeushomotowhi00anse/page/80/mode/2up
Lien vers le « Proslogion » d’Anselme traduit en anglais :
https://archive.org/details/cu31924014583540/page/n5/mode/2up
Cordialement,
PS : Et l’argument « a contingentia mundi » de Leibniz dans sa « Monadologie » reprend peut-être celui de la troisième voie de Thomas d’Aquin (voie par la contingence), tandis que celui de la 2ème voie correspond à la cause efficiente dans la théorie de la causalité d’Aristote.
cordialement,
La « preuve » ontologique, que ce soit celle d’Anselme ou celle mise en forme mathématique par Gödel est très intéressante. Seulement elle ne prouve pas l’existence de Dieu au sens d’un être existant à côté de l’univers matériel. En effet, le même raisonnement pourrait permettre de conclure qu’une vache volante existe, car l’idée d’une vache ayant toute les qualités impliquerait ce talent qui serait bien fâcheux quand cette vache passerait au dessus de notre tête (comme quoi, la création n’est pas si mal faite). Ce Dieu dont l’existence est prouvée par la preuve ontologique n’est pas Dieu au sens de la première définition que je propose dans mon article ci-dessus. C’est Dieu au sens de la seconde définition, celle d’idéal pour nous du bien, du beau, du bon, et de sa source. Et effectivement, ce Dieu là existe certainement, qu’on le veuille ou non. Et ce Dieu que nous avons nous crée réellement, concrètement, dans l’histoire de notre vie et de notre humanité. C’est assez essentiel, je pense, de le noter, et de creuser la question comme vous le faites. Par l’intelligence et par la foi, par l’action, par l’observation.
Merci Pasteur,
avec plein d’admiration et de reconnaissance, de joie de vous lire ainsi que les intervenants de ce site, et de bénédictions.
Effectivement mon développement concernait plutôt votre sens 2, et les sens 1 et 2 sont comme complémentaires.
Alors concernant la vache volante, j’ai lu dans l’Encyclopédie Universelle de Philosophie, volumes œuvres, article sur Anselme, que le moine Gaunilon avait formulé une critique de ce type, avec une île inconnue ayant plein de qualités qui devrait exister pour satisfaire au principe du Proslogion d’Anselme (qui cherchait à synthétiser plus efficacement son Monologion précédent) que ce qui est mieux doit exister plutôt que de ne pas exister. La réponse d’Anselme et des rédacteurs de l’article de l’encyclopédie, est que ce principe ne s’applique aucunement aux choses finies, mais seulement aux infinis, et encore (pourrait-on rajouter aujourd’hui où l’on connaît davantage d’infinis avec les mathématiques, Cantor…), à certains infinis hors des mathématiques et de l’Univers… On peut répondre que le principe d’Anselme est un principe ad hoc, sur mesure, qui a été créé spécialement pour les infinis hors de l’Univers… Là il faudrait lire le Proslogion pour mieux comprendre la construction d’Anselme, mais c’est sans doute une critique. En fait la recherche par Anselme du passage entre la conception de Dieu et l’existence de Dieu est basée sur l’idée de grandeur. On s’approche donc de quelque chose de modélisable mathématiquement, comme Kurt Gödel va le faire. Mais il s’agit d’une grandeur mesurée à la lumière de la compréhension humaine (je suppose objective, quasi-reproductible au sens scientifique, et non subjective). Ceci dans le cas d’un premier temps de la démarche, car ensuite Anselme affirme le côté indicible, ineffable de Dieu, inaccessible à la compréhension et au raisonnement humain. Seule une partie serait accessible, dont l’existence en premier lieu, et de certaines qualités majeures nous concernant.
Une autre critique serait de questionner quel est le rapport entre l’être, le sujet ou l’objet dont l’existence est établie par le théorème ontologique de Gödel, et l’être suprême réunion des perfections (supra-naturelles, au sens moral humain, et en des sens indicibles car dépassant l’entendement humain) du raisonnement ontologique d’Anselme ? Le théorème ontologique de Gödel pourrait avoir une validité dans une sorte d’Univers intermédiaire (mathématique, artistique, philosophique et théologique) entre l’Univers sensible et les Univers métaphysique, semblable au monde des Intelligibles de Platon. Ou bien il pourrait concerner une sorte de propriété mathématique de la métaphysique hors de notre Univers ? Finalement il pourrait être interprété comme indiquant l’existence non de Dieu mais d’une réalité métaphysique, réunion de tout ce est qui le plus grand hors de l’Univers, ou bien en incluant aussi l’Univers. Mais ce ne sont que des ébauches de raisonnement…
Pour ma part, je mettrais en premier les arguments cosmologiques, comme prolongement de la physique contemporaine, qui prend le relai après la création. Et le trilemme de l’origine de l’Univers exposé plus haut : origine sans commencement, origine avec commencement auto-généré, ou origine avec commencement par création. En complément, je chercherais des arguments de type ontologique. En cherchant à montrer que les arguments cosmologiques sont bien indépendants des arguments ontologiques, en ne conservant que la classification de la critique de la raison pure, mais en en cherchant si on peut démonter le raisonnement.
Concernant le second principe de la thermodynamique qui serait un argument contre une origine avec commencement auto-généré, comme vous le mentionnez dans d’autres pages (https://jecherchedieu.ch/question/des-amis-defendaient-idee-que-dieu-a-cree-le-monde-en-six-jours-tel-que-stipule-dans-les-ecritures/), comme indiquant une direction de la matière vers un désordre statistique moyen, il faut cependant nuancer car la physique ne se réduit pas au second principe de la thermodynamique. D’une part nous ne connaissons pas la physique idéale, ou divine si l’on est croyant. D’autre part les lois physiques dont la gravité notamment conduisent à une structuration naturelle de la matière, des galaxies, des systèmes stellaires, des corps planétaires… Cette évolution par structuration n’est pas une application du seul second principe de la thermodynamique. Et elle est autonome, au sens où elle n’a pas besoin de Dieu. Dieu a pu en faire la conception initiale, ou la conception des lois et de la matière qui pourrait conduire à l’application automatique en quelque sorte de ces lois, et ensuite initier la création de l’Univers, mais l’Univers est ensuite autonome. Point ici de cause première au sens aristotélicien, point de moteur premier immobile : il ne s’agit que d’une cause première au moment de la création. Ce qui est hors de l’Univers peut être vu comme immobile, mais l’Univers en a-t-il besoin pour être le lieu du mouvement ? Je ne pense pas. Une fois les systèmes solaires et planètes formés par gravité, la vie elle-même (les formes simples) qui semble en apparence remonter dans le sens inverse du second principe de la thermodynamique, peut apparaître comme conséquence des processus physiques, chimiques, géophysiques, météoritiques et cométaires… Le livre « le Savoir croire » de Jacques Neirynck https://editions-salvator.com/philosophie/645-le-savoir-croire.html réfléchit sur le concept clef d’émergence, et en particulier sur l’apparition de niveaux d’émergence. Cela pourrait être matière homogène organisée (cristaux…), proto-formes de vie, vie unicellulaire, vie multicellulaire, champignons, plantes, et animaux, humains… Ce processus d’émergence devrait là encore pouvoir être mis en évidence par la science. L’évolution biologique historique n’a pas eu besoin d’interventions selon la science moderne (ou c’est ce qu’elle cherche à montrer avec l’exobiologie… : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Miller-Urey, https://fr.wikipedia.org/wiki/Origine_de_la_vie). L’Univers lui a besoin selon moi d’une intervention pour exister au départ, pour être conçu, lancé, initié, muni de conditions initiales, d’un contenu matériel interagissant de proche en proche… (trilemme de l’origine de l’Univers).
Cordialement,
Bonjour,
Voici une nouvelle « preuve » paralogique de l’existence de Dieu (humour) :
A. Il est vrai que Jésus est la lumière du monde.
B. Il est vrai que Jésus n’est pas des photons.
C. Donc selon B, il est vrai que ((Jésus n’est pas des photons) ou (Dieu existe))
D. Or comme A est vrai, et que A est le contraire de B, B est faux, et donc comme C est vraie, c’est que Dieu existe. ((P faux ou Q) vraie => Q est vraie)
E. De même, selon A, il est vrai que ((Jésus est la lumière du monde) ou (Dieu existe))
F. Or comme B est vrai, et que B est le contraire de A, A est faux, et donc comme E est vraie, c’est que Dieu existe. ((P faux ou Q) vraie => Q est vraie)
G. On pourrait croire que l’on pourrait montrer de même que Dieu n’existerait pas. Mais cela serait contradictoire avec A. Donc Dieu existe serait la seule alternative non-contradictoire.
CQFD ?
Voici une double réfutation de cette preuve :
1. Elle fait intervenir un paradoxe logique en jouant sur les divers sens possibles propres et paraboliques de « Jésus est la lumière du monde », voire aussi de « Jésus n’est pas des photons » (Jésus n’est pas que la lumière du monde même en un sens théologique et parabolique) :
A. B est vraie
B. A est fausse,
ce qui fait que l’on peut alternativement rendre soit A soit B vraie ou fausse, ce qui permet une explosion logique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_d%27explosion), permettant de prouver ce que l’on veut.
C’était assez clair depuis le début, et c’est pour cela que c’est présenté comme de l’humour, sophisme volontaire, pouvant mettre en garde contre d’autres sophismes car dans un long raisonnement, on peut facilement cacher de telles passages alternatifs de la valeur vraie à la valeur fausse d’une proposition, et en déduire ce que l’on voulait depuis le début par principe du tiers-exclus. Mais il s’agit aussi d’un résumé de Foi-croyance : croyance en Dieu parce que en résumé, Jésus est lumière du monde (ce qui peut être lu comme circulaire d’un point de vue purement logique, lumière du monde au sens théologique, dans le cadre d’une interprétation qui présuppose la croyance en le Dieu des Évangiles et du Nouveau Testament). Certains passages de la Bible et bien des passages en philosophie ne seraient-ils pas autoréférentiels, circulaires dans leur argumentation, le prémisse supposant de façon implicite la conclusion, et permettant donc de la retrouver après un raisonnement logique sur la base du principe du tiers-exclu. Mais l’analyse n’est pas encore complète.
2. le principe du tiers exclu peut lui-même être remis en cause : cf
– cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_du_tiers_exclu#Un_deuxi%C3%A8me_exemple
et
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_du_tiers_exclu#Un_premier_exemple
Par conséquent, les raisonnements D, F, et G, qui font tous appels à ce principe du tiers exclu, sans être constructifs, ne sont a priori pas valable. C’est ce point qui n’était sans doute pas évident.
Conclusion : sauf erreur de ma part, ce serait tout une partie de la logique de l’Organon d’Aristote sur les syllogisme qui serait peut-être partiellement à revoir si ce principe du tiers-exclu tombe dans les cas non-constructivistes ! Et bien des passages philosophiques, théologiques, voire bibliques, reposent aussi, si on monitore attentivement le schéma logique sous-jacent à l’argumentation, sur des éléments autoréférentiels et des arguments circulaires, ce qui ne veut pas dire non plus que les propositions présentées soient fausses, ni inintéressantes, bien au contraire ! Cela signifie simplement qu’argument n’est pas preuve. Cela peut également permettre de relire peut-être voire d’expliquer la construction d’une partie des apories présentées par Kant dans la « Critique de la raison pure » dans les passages sur le conflit des idées transcendantales, dont certains sont liés à l’existence de Dieu.