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Question

Comment cela se passe entre notre mort et notre résurrection ? L’âme est-elle immortelle ?

Par : pasteur Marc Pernot

Montage photo d'un homme et d'un point d'interrogation - by Marco Bellucci https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/ http://www.flickr.com/photos/50451886@N00/3534516458

Question posée :

Bonjour,

Quand est-il du mortalisme pour les églises protestantes ?

Et surtout, je reconnais la parole du Christ mais ne l’associe comme étant Dieu. Je crois au trois : au Père, au Fils et à l’Esprit Saint mais pas à la trinité.

J’ai l’impression que la résurrection des morts est minimisée (ou fait office d’allégorie) par le calvinisme (et donc par les églises protestantes), qu’en pensez-vous ?
Je ne suis pas convaincu de l’immortalité de l’âme, l’église protestante l’est-elle ?

Ps : Ne croyez pas que je suis témoin de Jéhovah (qui me font de la peine), je respecte tous les points de vue et ne crois pas « détenir la vérité ».

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Bravo de vous poser des questions, c’est comme cela que l’on avance.

Concernant le « mortalisme » (théorie qui pense qu’à la mort du corps l’âme meurt jusqu’à la résurrection), je ne pense pas que cette question se pose pour 99% des protestants, à vrai dire. Personnellement, je pense que la vie continue après la mort, ce n’est bien entendu pas obligatoire d’en être persuadé pour être chrétien. Il me semble que tout le monde peut se poser des questions sur cela. Ensuite, quant à savoir comment cela se passe, cela me parait une question difficile puisque nous n’avons absolument pas les moyens de comprendre comment vivre autrement qu’en ce monde, dans ce corps et dans ce temps. Mais en tant que scientifique (ma première formation avant de faire des études de théologie), je pense qu’en dehors de la matière le rapport au temps est de toute façon complètement différent, il me semble donc que la question du délai entre la mort et notre résurrection ne se pose même pas.

Mais je ne pense pas que « les églises protestantes » aient une position particulière là dessus aujourd’hui, même si cela a pété discuté dans la théologie au cours des siècles et des millénaires. Chacun est donc libre de se représenter l’au-delà de la façon qui lui semble la plus plausible. Dans notre église, nous sommes plutôt dans une éthique de la responsabilité, c’est à dire que c’est à chacun de se décider en conscience, devant Dieu, de ce qu’il pense être le plus juste de penser et de faire pour lui à un moment donné. C’est même une éthique de la créativité, invitant à chacun non seulement de chercher ce qui est juste mais d’aller au delà, en cherchant à creuser la question dans la réflexion, dans la prière, dans le dialogue avec d’autres, avant de se décider et peut-être d’évoluer dans ses positions et dans ses choix.

Vous avez raison, d’une manière générale, j’ai l’impression aussi que la question de savoir ce qu’il se passe après la mort n’empêche pas vraiment de dormir nos contemporains, même chrétiens, et peut-être encore moins les protestants. Je pense que cela est parce que nous avons bien insisté sur la grâce de Dieu, son amour inconditionnel pour chacun, et que par conséquent les personnes familières des prédications données au cours du culte sont arrivées à un assez grand niveau de confiance en Dieu pour la suite. Cette confiance à laquelle s’ajoute impossibilité à comprendre ce qui se passe hors de ce monde, conduit à se concentrer sur des questions plus en relation avec la vie présente, Dieu, les relations avec lui.

Oui, vous avez raison, la question de la vie future est plutôt minimisée dans la Bible, même dans le Nouveau Testament, pour privilégier la qualité de vie présente, par la foi. Mais la résurrection a une place, nous en parlons, et c’est principalement pour nous ouvrir à une force de résurrection pour aujourd’hui, venant de Dieu, et nous ouvrant à une nouvelle dimension de l’existence en cette vie présente. Ce n’est pas seulement une allégorie, cette résurrection là. D’ailleurs les termes même en général utilisés pour parler de la résurrection sont très concrets pour nous, ils n’évoquent pas un « retour » à la vie mais plutôt le fait d’ »être mis debout », d’ »être éveillé » par quelque chose qui nous dépasse. Dieu.

Et donc, oui, il y a environ 1/3 des protestants qui ne sont pas persuadés du tout qu’il y ait une vie après la mort, et cela ne les empêche pas du tout d’être des paroissiens fidèles, des chrétiens engagés. Je pense qu’une proportion encore plus grande de protestants engagés ne comprennent pas la résurrection de Jésus comme une réanimation temporaire de son corps mais plutôt comme une expérience de foi des disciples qui effectivement sont mis debout et en mouvement plus que comme une réanimation temporaire de l’homme Jésus, avec sa barbe et ses sandales.

Est-ce que l’âme est immortelle ? Je pense que notre personnalité profonde est gardée par Dieu en vie pour l’éternité. Oui. Je le pense mais je ne peux évidemment pas en être certain. Et finalement nous verrons bien à la mort ce que cela donne, faisons confiance. Mais je trouve que cela fait sens. En particulier parce que je sens bien que l’amour est plus fort que la mort, que notre « moi » dépasse la simple organisation des cellules de mon corps. Mai sle concept d’âme est plus une notion grecque que biblique. quand il y a le mot « âme » dans nos traductions de la Bible c’est pour rendre un concept hébraïque qui signifie la dynamique de vie. Je pense effectivement que cette dynamique de vie n’est pas entièrement brisée quand notre corps cesse de vivre. Cela veut dire que dans la suite il est bien possible que ce ne soit pas « le repos éternel » ce qui serait effectivement plus proche de la mort éternelle que d’une vie éternelle, mais que dans la suite il y a encore de la transformation à vivre, et donc de l’effort. Mais encore une fois, nous verrons bien. A chaque heure suffit sa question.

Concernant la Trinité, c’est vrai que bien des chrétiens depuis le milieu du IVe siècle expriment leur foi de façon trinitaire, mais là aussi, c’est facultatif dans notre église, fort heureusement. Reste que pour nous tous, la personne de Jésus est centrale. Et nous rassemble entre chrétiens.

Avec mes amitiés fraternelles

Marc

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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