Extrait d"un tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire

Par : pasteur Marc Pernot

Se poser des questions est un peu fatigant, mais c’est bien utile pour avancer, pour progresser dans sa réflexion. Cela est indispensable pour être un peu plus maître de ce que l’on vit. Et, finalement, on prend facilement goût à la réflexion, c’est un sport cérébral qui peut être amusant.

L’idéal que l’on se fixe, l’idée que l’on se fait de Dieu ou de la valeur de la personne humaine… ces questions ont une influence considérable sur notre façon de vivre, et même sur notre société. Cette influence est claire quand on regarde les événements de l’histoire ou les actualités. Une théologie ou une idéologie malsaine peuvent conduire à des horreurs. Au XXe siècle, ce sont surtout des idéologies athées qui ont soutenu d’immenses atrocités, mais dans l’histoire, même le christianisme, pourtant fondé sur l’Évangile de la grâce, a été parfois récupéré pour justifier des actes qui n’auraient pas dû être possibles.

Le résultat de notre réflexion est donc important, mais finalement le plus important, c’est surtout le fait de réfléchir par soi-même, de chercher Dieu, de chercher à le connaître et à s’inspirer de lui.

C’est cette démarche que nous propose le Christ quand il parle de conversion (se convertir c’est se tourner vers Dieu, c’est chercher Dieu).

Jésus invite chaque croyant à réfléchir par lui-même, dans la confiance que nous donne l’amour de Dieu pour nous. C’est une constante des paroles et de la façon d’être de Jésus : ses paraboles nous invitent à réfléchir, mais aussi : ses commandements impossibles du genre “ soyez parfaits comme Dieu lui-même est parfait 1, ses paroles provocantes, ses gestes, sa liberté vis-à-vis des commandements de la Loi, sa mort même… Tout nous invite à réfléchir par nous-mêmes, et à cheminer ainsi dans l’amour de Dieu. Quand on a réfléchi par soi-même à ce qui nous semble être juste aux yeux de Dieu, on est bien plus dans la vérité (voir cet article), au sens de l’Évangile que quand on nous force par la crainte à suivre une voie toute tracée, ou que l’on reste aveuglément prisonnier de nos préjugés.

Ce n’est pas facile de construire la toiture de sa maison en pleine tempête de neige… il est également plus facile de réfléchir et de construire sa foi quand la vie n’et pas trop difficile et que notre envie de Dieu est forte. Si malheureusement une tempête arrive dans notre vie, nous serons alors plus armé pour y faire face, grâce à une capacité à réfléchir mais surtout avec une relation à Dieu assez familière pour recevoir ce qu’il nous offrira pour nous soutenir.

La diversité des théologies est une bonne chose, elle nous rappelle que Dieu est toujours au-delà de ce que l’on peut en dire. Il n’y a rien de choquant à cette diversité, si l’on demande à deux personnes de témoigner de la personnalité d’un ami commun, ils ne diront pas tout à fait la même chose. Or, Dieu est encore infiniment plus difficile à cerner encore qu’une personne humaine.

Nous sommes naturellement tentés de penser que notre propre théologie, ou notre philosophie sont les seules bonnes. C’est malsain à plusieurs titres :

  • cela ne facilite pas nos rapports avec les autres,
  • c’est de l’idolâtrie, au sens propre du terme, prenant pour Dieu une image fabriquée par l’homme (en l’occurrence, notre théologie qui devient comme sacrée).
  • et c’est malsain pour notre propre développement, interdisant tout retour en arrière, toute reconnaissance de nos propres erreurs.

Au contraire, la Bible est pluraliste et accepte de mettre sous la même reliure des livres qui expriment des sensibilités différentes de foi en Dieu. Déjà dans la Bible hébraïque, il y a des courants théologiques très divers. Dans le Nouveau Testament, cette diversité de témoignages est encore plus centrale, avec quatre évangiles et non un seul pour transmettre l’essentiel sur le Christ. L’Église a heureusement eu la sagesse de garder cette diversité. Avec cela, il faut vraiment le vouloir pour être intégriste !

Mais cette diversité n’est quand même pas un chaos total, l’essentiel rassemble les chrétiens dans leur recherche théologique : la foi en Christ, la Bible, et l’action de l’Esprit Saint.

1 Matthieu 5:48

 

Marc Pernot

Suite :

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Quelques courtes définitions de mots essentiels de la théologie

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