colombe de l'Esprit - détail de Maître de Marguerite d'Orléans. Baptême du Christ. Vers 1430. BNF, Paris
Esprit-Saint

Je suis toujours dans l’incompréhension quand j’entends parler (rarement, à vrai dire) de l’Eprit saint

Par : pasteur Marc Pernot

colombe de l'Esprit - détail de Maître de Marguerite d'Orléans. Baptême du Christ. Vers 1430. BNF, Paris

Question posée :

Bonjour M. le pasteur,
Je vais de temps à autre au temple et je suis toujours dans l’incompréhension quand j’entends parler (rarement, à vrai dire) de l’Eprit saint.
Pour moi, il y a Dieu (ou Yhwh, ou l’Eternel ou …) que je perçois comme une force de vie qui excède mon intelligence mais dont je sens la présence dans le monde et en moi, il y a Jésus qui peut être dit « fils de Dieu » car il a exprimé (et vécu) de manière sublime cette présence de Dieu, mais qu’est-ce donc que l’Esprit saint et à quoi sert-il ? Je trouve qu’on complique et embrouille la théologie avec ce concept.
Merci d’avance de l’intérêt que vous pourriez prendre à ma question !
Fraternellement.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Vous avez raison, la notion d’ « Esprit Saint » est assez embrouillée. Il me semble que c’est pour de bonnes et de moins bonnes raisons :

  • La première bonne raison est que l’expérience de Dieu est difficilement communicable. C’est intérieur, subjectif, touche les sentiments, le cœur, la tête, certains aspects de notre façon d’être, de notre vie, de notre regard sur la vie… Comment dire cela ? Souvent avec des images, en tout cas dans la Bible qui préfère les images et les récits que les grands discours théoriques. L’Esprit Saint est une de ces images pour dire l’action de Dieu sur notre monde, sur nous-mêmes et en nous-mêmes. Mais toute image a ses limites, ce n’est qyu’une image, une façon de parler d’une réalité qui est tout autrement riche et complexe.
  • Une mauvaise raison est que « Esprit » est une traduction trompeuse : dans la Bible c’est le mot « souffle » ou « léger vent ». Il y a donc un biais non négligeable. Qu’évoque le mot « Esprit » ? Un fantôme ? Une façon de penser, des idées qui passent ? Je ne sais que penser de l’emploi de ce terme. Les images d’origine me semblaient plus parlantes et belles. Le mot souffle évoque l’air invisible mais qui nous permet de vivre, quelque chose que l’on ne peut pas saisir dans la main mais qui manque pourtant très très vite dès que nous le perdons. Il est offert mais il est à inspirer pour donner la vie. Cela évoque bien la grâce car, comme l’air, il est offert à tous gratuitement, au riche comme au pauvre (c’était vrai à l’époque, en tout cas), au bien sage comme au brigand. Le « vent » évoque aussi une réalité invisible mais dont on voit les effets, parfois puissants, pour qu’on l’entende il faut qu’il rencontre de la matière, par exemple un tuyau d’orgue ou un grand pin, de la même façon, le souffle de Dieu devient parole quand il interagit avec notre monde, avec notre être. Comme dit dans l’évangile selon Jean, la source du vent apparait comme un mystère et où va le vent une fois passé aussi, c’est une image de la créativité extraordinaire de Dieu, dépassant infiniment ce que nous pouvons saisir.
  • Une autre mauvaise raison à nos difficultés pour comprendre ce concept est qu’il a été énormément travaillé, avec une multitude de débats passionnés en particulier au cours des 4 premiers siècles du christianisme, incorporé à la notion extraordinairement technique et complexe de la trinité. Du coup, la notion d’Esprit saint dans la théologie chrétienne est devenue comme un petit bijou de cathédrale gothique, tenant dans un équilibre prodigieux de contreforts, d’arcs et de sculptures, de vitraux et de labyrinthes.

C’est pourquoi je trouve beau et intéressant ce que vous dites : « Pour moi, il y a Dieu (ou Yhwh, ou l’Eternel ou …) que je perçois comme une force de vie qui excède mon intelligence mais dont je sens la présence dans le monde et en moi ». A mon avis, votre « que je perçois… » est une parfaite définition de ce qu’est l’Esprit Saint. Y compris dans les multiples noms donnés à Dieu et dans les points de suspensions qui montrent bien la transcendance de Dieu, et qu’il déborde de ce que nous pourrions en dire. Pourquoi alors distinguer Dieu et le « Dieu que je perçois » qui serait l’Esprit saint ? C’est à mon avis important. Car Dieu ne se résume pas à ce que l’humain peut en percevoir. Cela fait deux, dans un sens, même si pour nous, dans notre vécu, « Dieu est Esprit ».

Vous trouverez en complément, si vous le désiriez, quelques compléments dans cet article du dictionnaire et quelques questions touchant un petit peu ce sujet.

Bien amicalement

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. Alain dit :

    Merci mille fois, M. le Pasteur,
    C’est vraiment une merveilleuse idée que ce blog et vos réponses me permettent de d’avancer sur mon chemin.
    Je retiens principalement que « l’Esprit saint » est une image de l’action de Dieu sur le monde et nous-mêmes, et ça me va très bien.
    Mais, sans vouloir vous prendre trop de temps, je ne vois du coup pas beaucoup de différence avec la « Grâce » !
    Tout cela est bien compliqué pour moi….

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      La grâce : c’est le fait que Dieu offre cette action gratuitement, sans condition de performance, sans prérequis, sans devoir en retour.

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