couple, le garçon regarde au loin, la ville se penche vers lui - Photo by Milan Popovic on Unsplash
Développement

Comment conseillez-vous de gérer les problèmes théologiques dans le couple ?

Par : pasteur Marc Pernot

couple, le garçon regarde au loin, la ville se penche vers lui - Photo by Milan Popovic on Unsplash

Question posée :

Bonjour pasteur,

Je viens vers vous pourvois poser une question simple. Comment conseillez-vous de gérer les problèmes théologiques dans le couple ? Quel doit être la bonne attitude ? Afin que personne ne soient blessé dans les échanges, et que l’union soit préservé. Que Dieu vous bénisse.

Fraternellement,

Réponse d’un pasteur :

Bonjour,

S’il y a des « problèmes théologiques » entre deux personnes, le problème n’est pas la théologie en tant que telle, mais le rapport de chacun avec sa propre théologie. Dès lors qu’une des deux personnes au moins sacralise sa propre pensée, sa théologie (ce serait la même chose avec sa philosophie ou son idéologie), la pense et la vit comme étant la seule bonne position possible, il y a effectivement un problème. La question n’est alors pas de discuter de théologie ou de l’idéologie en cause. Si l’on veut préserver la relation, il convient au contraire de laisser l’autre tranquille dans ses convictions tellement importante pour cette personne. Car on touche alors à sa dignité, au fondement même de sa vision de la vie. C’est très personnel. Et avancer avec de gros sabots dans ce jardin intime peut effectivement être dommageable pour la personne et pour la relation.

Si l’on est soi-même plus viscéralement attaché à la qualité de la relation avec Dieu et à la recherche ouverte, on peut ne pas sentir le problème de discuter vigoureusement sur des sujets de foi et de théologie pour questionner les dogmes, les éprouver, les affiner, les relativiser dans une tension avec d’autres points de vue… mais la question n’est pas seulement celle de se sentir soi-même à l’aise avec cela mais c’est de sentir ce que cela produit dans l’autre personne, en particulier si c’est une personne qui compte pour nous !

Si les deux conjoints ou amis sont à l’aise avec un questionnement théologique et spirituel, un questionnement sur nos pratiques religieuses intimes (prière, lectures, réflexion, ou pas de pratique) ou collectives (culte, rites, fonctionnement de l’église… ou pas d’église) alors c’est un réel enrichissement de discuter (respectueusement) avec une personne, en particulier une personne que l’on aime, conjoint, famille ou ami. La visée doit, je pense, absolument pas de convaincre l’autre de quoi que ce soit (ce qui est une attitude pénible), mais plutôt de chercher ce qui, dans ce qu’exprime l’autre, pourrait enrichir notre propre théologie, foi ou pratique, ce qui pourrait nous permettre de nous élever, de nous approfondir, d’élargir notre intelligence, notre vision.

Alors, l’union est non seulement préservée, mais je pense qu’elle est considérablement approfondie.

Par contre, il me semble qu’il ne faudrait surtout pas demander à l’autre de prier ensemble à haute voix. Cela peut arriver par surprise, dirais-je, spontanément. Mais demander à l’autre de s’exprimer devant nous dans la prière, même dans le couple, est possiblement très intrusif. Chacun a son jardin secret, bien entendu, et il est bon de s’habituer à pouvoir s’en ouvrir à Dieu en toute confiance. C’est extraordinairement intime. Si l’on passe de cette prière intime et secrète à une prière partagée, la question est de s’exprimer devant Dieu tout en contrôlant ce que l’on expose devant un tiers, comment l’autre prendra ce que l’on exprime (ce qui est un minimum quand on est en couple). Du coup ce temps de prière risque d’être un peu boiteux. Par contre, prier ensemble en silence, côte à côte, peut vraiment être excellent, au delà de toutes les différences théologiques et religieuses, de la foi forte ou chancelante.

Bravo, grand bravo de travailler cette question en prenant le recul de la réflexion et de l’observation, en tâtonnant pour ajuster au mieux les curseurs.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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