Enfant triant dans une décharge - merci à Hermes Rivera from https://unsplash.com/fr/photos/garcon-tenant-une-boite-en-carton-R1_ibA4oXiI
Ethique

Certains ont des conditions de vie terribles, comme un enfer, une voie sans issue.

Par : pasteur Marc Pernot

Enfant triant dans une décharge - merci à Hermes Rivera from Unsplash

Avec une pensée émue pour l’extraordinaire sœur Emmanuelle 🙂

Question posée :

Bonjour cher Pasteur
Et encore merci pour la richesse de vos articles.
Au cours de la lecture de vos écrits, vous parlez de notre passage sur la terre, comme une évolution de notre être, un apprentissage pour nous améliorer , nous purifier. Et je suis complètement d’accord avec vous.
La vie est parfois dure et même très dure. Dans certains endroits de notre planète, des humains naissent là où la guerre est quasi permanente avec des actes de torture, de barbarie. Parfois c’est la maladie ajoutée au manque de nourriture. Même si ce n’est pas le cas de tout le monde et grand tant mieux, je ne vois pas du tout comment ces peuples , ces personnes peuvent profiter de la richesse que la vie peut nous donner. Chez nous, en Occident , nous avons une richesse matérierelle, une autonomie, des valeurs culturelles, beaucoup de points qui vont nous faciliter notre épanouissement. Et je sais que dans tous les cas Dieu est avec nous, tout au moins , le croyant pourra en voir les effets dans sa vie pourvu qu’il fasse cette recherche et donc d un point de vue spirituel c’est profitable. Dieu est même avec les pauvres gens, avec toutes sortes de personnes, et y compris avec celles que je parlais en début de mon écrit, celles qui vivent la guerre, la maladie et la famine.
Mais ce qu ils vivent, c’est plutôt l enfer. Leur situation apparaît comme une condamnation, une voie sans issue. Et j’espère pour eux qu ils connaîtront la vie éternelle, tous. Nous, on peut encore faire des choix, évoluer, se connaître, s améliorer, mais eux, c’est plutôt fini, sans issue, et toujours dans la peur d être tué, de ne pas manger à leur fin, etc..
Dieu laisse bien sûr la liberté de la procréation à ces couples miséreux. Et il espère aussi la participation de tout être pour venir en aide à ces gens pour une meilleure vie et moins de mal sur notre planète. Mais Quoi penser du passage sur cette terre dans ces conditions ? Il ne m etonne pas que certains évoquent le karma, et disent  » ils ont dû faire du mal dans leur précédente vie « . Mais ça, c’est un autre sujet.
Merci beaucoup pour votre réponse.
Que Dieu vous bénisse.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur

Merci pour cette pensée, pleine d’intelligence et de cœur.

Cela est inspiré d’un esprit de compassion, de l’Esprit.

Et cela conduit à un geste de solidarité, bien entendu. Les prophètes dénoncent les bergers d’Israël qui n’ont pas pris soin des leurs, par exemple en Jérémie 23:2 “C’est pourquoi ainsi parle l’Eternel, le Dieu d’Israël, Sur les bergers qui paissent mon peuple: Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, Vous n’en avez pas pris soin. » Car Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres pour mettre du pain sur la table du pauvre qui meurt de faim, pas d’autre chirurgien pour opérer l’enfant qui meurt d’une appendicite… Certes, nous ne pouvons en tant qu’individu et même en tant que nation nourrir tous les affamés, soigner tous les malades, vêtir tous ceux qui sont nus, visiter tous les isolés… mais nous pourrions prendre une petite part, notre petite part. C’est à nous de le sentir et de trouver notre vocation personnelle, avec l’aide de l’Esprit.

Ensuite, c’est vrai que la vie est injuste. Même en tant de confinement, ce n’est pas la même chose d’être confiné dans une grande belle maison avec un jardin ou à 6 dans une pièce en ville. L’égalité n’est pas le but, la jalousie n’engendre que le malheur. Mais il ya quand même un minimum de conditions de vie pour que la vie puisse s’épanouir. Certaines conditions de vie sont trop dures et il est difficile alors d’avancer dans la paix. Cela nous est confié.
Pour ce qui est de la vie future, je suis persuadé que nous pouvons faire confiance en Dieu. Il est juste.

Je trouve que la théorie du Karma est assez cruelle, car non seulement le pauvre souffre en ce monde mais en plus cette théorie lui impose sous la menace de bien sagement supporter cette souffrance sans se rebeller afin de mériter un meilleur sort dans une vie future, sinon sa condition future serait encore pire dans une vie future, et le chemin vers la libération s’en trouverait allongé d’autant ! Je pense que l’Evangile est plus juste en annonçant l’égalité de tous dans l’amour de Dieu sans condition de performance, et l’appel à la compassion et à se sentir responsable envers notre prochain. Non pas sous la menace (et donc en pensant à nous-même), mais par pure compassion, sentiment de justice, pour la beauté du geste, pour le plaisir d’embellir la vie de quelqu’un. Il n’est pas bon de culpabiliser de ne pas faire assez, de toute façon nous ne ferons jamais assez. Et agir par culpabilité serait encore une fois agir sans amour, pour soulager sa propre conscience, assurer sont propre petit confort intérieur et le pauvre ne serait dans ce mécanisme qu’un prétexte secondaire. Au contraire, c’est une positivité qui peut nous mener à faire le bon geste. Une conception de la justice, une certaine compassion pour telle personne que l’on reconnaît comme humaine, et que nous pourrions aider un peu, et la joie de la voir aller mieux (même si elle ne manifeste aucune reconnaissance, là n’est pas la question).

Donc, merci pour cette belle pensée.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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3 Commentaires

  1. Gérard dit :

    Bonjour cher Pasteur
    Et merci pour votre réponse, car comme toujours elle est réfléchie, et elle apporte des pistes évolutives quant à ce que nous pouvons faire , même petite action pour servir notre prochain de quelques façons que ce soit . Comme ce peut être l écoute d un voisin qui traverse des problèmes personnels, la compassion, l empathie.
    Bien sûr, beaucoup de gens voudraient qu il y ait moins de misère en notre monde et c’est juste. Si l on peut apporter du bien à des êtres éloignés, il ne faut pas oublier les tous proches, à commencer par la famille.
    Les divisions qui en résultent amènent des afflictions qu on se passerait volontiers. Me concernant je subis la séparation d un frère , alors que je ne suis aucunement responsable puisqu’il est fâché avec toute la famille. C’est un problème particulier , mais j’essaie de temps à autres de garder à l’esprit que je peux l accueillir un jour qui se présenterait, et je lui envoie des courriers, quelques courriers pour donner en ce moment des nouvelles de la santé très inquiétante de notre papa. Je vis avec l espoir d un monde meilleur où chacun peut faire un tout petit quelque chose pour embellir ce monde . Bienveillance et ouverture d esprit avec même ceux qui ne sont pas toujours de notre avis et ils en ont le droit. Mais c est cette culture de communication qui nous fera évoluer vers le meilleur.
    Que Dieu vous bénisse.

  2. Olivier dit :

    Bonjour Monsieur le Pasteur
    Ce thème de l’enfer entre pays occidentaux et pays du sud me semble équivoque, à moins que je n’ai pas bien lu le post.
    Je suis d’accord que certains vivent une sorte d’enfer et je pense essentiellement dans nos pays occidentaux : sdf, polytoxicomanes etc..mais leur souffrance est de ne pas avoir de vis à vis excepté leurs compagnons d’infortunes quand aux pays du sud il en va tout autrement.
    Un exemple : l Inde jusqu’à récemment on avait l’image de la misère, de mère Térésa, etc….
    Oui certaines personnes vivent sur les trottoirs mais de moins en moins et les Indiens sont très fiers de leur culture.
    Une chanson de Michel Delpech sur Mumbai dit :
    On ne voit dans leurs yeux ni envie ni malheur.
    Ce n’est pas du fatalisme c’est que la bas ils ont ce que nos sociétés occidentales ont oubliés à savoir le bonheur d’être vivant.
    Dieu vous bénit

    1. Marc Pernot dit :

      Merci pour ce regard de bienveillance.
      C’est tout à fait vrai qu’il y a des détresses immenses dans nos pays occidentaux, le nombre de suicide, hélas, en est un terrible symptôme sur lequel on communique très peu. Quelle misère, quelle souffrance.
      C’est vrai aussi que c’est l’idée qu’on s’en fait, car quand on voit les foules de personnes fuyant leur pays, ce n’est pas toujours par choix non plus.
      Mais sinon, n’est-ce pas vrai que cette notion du jugement et du karma pousse à accepter sa condition, n’est-il pas ? Et donc sa classe, sa caste, son malheur ? Et peut-être aussi celui des autres ? Intouchable il est, intouchable il reste ? Mais peut-être que c’est une fausse impression que j’ai eue en écoutant seulement quelques personnes de cette culture, ce n’est pas très représentatif de la population de l’Inde !
      Sinon, oui, il y a aussi une simplicité de vie, et une joie d’être vivant, à redécouvrir, c’est assez dans la ligne de l’Evangile.
      Dieu vous bénit.

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