Abbaye cistercienne se Sénanque - Image par Hans Braxmeier de Pixabay
Foi

Pour moi bénir un objet (même un crucifix) n’a aucun, mais vraiment aucun sens.

Par : pasteur Marc Pernot

Abbaye cistercienne se Sénanque - Image par Hans Braxmeier de Pixabay

Question posée :

Bonjour Marc !
J’espère que tout va au mieux pour vous 🙂
Ce matin je suis aller visiter une abbaye cistercienne où il y avait une petite librairie et ma fille a voulut un pendentif avec une petite croix, après avoir payer, un prêtre qui était présent dans la librairie c’est proposé de bénir cette fameuse petite croix……
Comme un réflexe j’ai dis non merci monsieur mais j’étais surtout un peu choqué d’une telle proposition..
Car pour moi bénir un objet (même un crucifix) n’a aucun mais vraiment aucun sens et c’est même une vision des choses éloignée
du message,de la pensée, des paroles de la Bible.
Quant pensez vous ?
Comment un prêtre catholique arrive à de telles pratiques ?
J’arrive pas à comprendre cette démarche de sacralisation du matériels,c’est un geste vain.. voir même une vision des choses qui n’est pas du tout constructive il me semble.
Votre avis m’intéresse.
Bien cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo à vous et à votre fille de ces signes d’ouverture à Dieu, aussi bien dans la visite d’une abbaye (surtout cistercienne, avec cette austère beauté qui nous renvoie si bien à l’intérieur de nous-même où Dieu s’exprime par son souffle), que par un pendentif, et par votre volonté de vous concentrer sur l’essentiel.

C’est vrai que dans le protestantisme nous sommes assez prudent vis à vis de tout ce qui risquerait de tourner à la superstition. La bénédiction d’un pendentif, d’une alliance ou d’un morceau de buis peut effectivement faire que cet objet devient une sorte de grigri pour certaines personnes. C’est pourquoi nous ne bénissons pas les objets, et que nous avons réduit la définition de la notion de sacrement aux deux essentiels que sont le baptême et la Cène. Cela dit, je pense que bien des prêtres sont bien conscients de ce risque et sont explicites quand ils bénissent un objet que ce sont les personnes qui en feront l’usage qui sont bénies, et non l’objet en lui-même, indépendamment des personnes. Il me semble que le rituel romain en usage pour bénir un objet de dévotion comme cette petite croix consiste à bénir Dieu, à remercier pour la foi de la personne qui fera usage de cet objet, et un appel à Dieu pour qu’il aide ces personnes à avancer dans la foi en Christ en portant ce signe. Ou quelque chose d’approchant. Personnellement, je ne bénirais pas un objet mais je comprends l’intention, je partage la théologie qui est sous-jacente même si je ne partage pas cette pédagogie car elle me semble un petit peu risquée, même quand c’est bien expliqué, le symbole du geste même de bénir un objet a une vraie puissance d’évocation en lui-même, le besoin de nous rassurer par de la matière est si fort, que le risque de superstition et d’idolâtrie me semble non négligeable.

Pour ce qui est de la Bible, j’ai jeté un coup d’œil rapide, j’ai cru déceler au moins deux passages où Dieu lui-même bénirait un objet :

  • Exode 23:25 « Vous servirez l’Eternel, votre Dieu, et il bénira votre pain et vos eaux, et j’éloignerai la maladie du milieu de toi. »
  • Deutéronome 28:5 « Ta corbeille et ta huche seront bénies. »

Même si, bien entendu, ce sont principalement, là encore, ce n’est pas tant le pain, l’eau, la corbeille ou la huche qui sont réellement visés par ces bénédictions, mais les personnes dont Dieu veut évidemment entourer de ses soins. Il faut remarque aussi que dans la presque totalité des occurrences des mots « bénir » ou « bénédiction » il s’agit pour l’humain de bénir Dieu et de se laisser bénir par lui, de bénir notre prochain et de se laisser bénir par lui.

Il vous bénit, vous et votre fille.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Si vous voulez, vous pouvez voir aussi, dans le petit dictionnaire de théologie :

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4 Commentaires

  1. Nathan andirann dit :

    Ce type de rituel est plus à rechercher dans les pratiques des « religions à mystères » que dans la Bible. Et je pense que la liste est longue… Quant aux sacrements ? Franchement, je vois pas. Dans la Bible ? Je ne pense pas que le baptême puisse être considéré comme tel.. Quant à la Cène, je renvoie à la thèse d’Albert Schweitzer; . Bon, franchement, j’évite aussi. Je ne vois pas en quoi un rituel exécuté pourrait avoir une valeur en soi. Arrêtons de matérialiser l’invisible. Une vrai spiritualité se manifeste par la transformation de notre être profond et non par des rituels .

    1. Marc Pernot dit :

      Oui, sauf que… il existe une variété de sensibilités différentes. Et dans le domaine de la religion, Jésus nous a appris, je pense, à être pragmatique : la bonne religion pour une personne ou une communauté est celle qui participe à son développement humain et donc spirituel, éthique, intellectuel. C’est la conséquence de cette fameuse phrase où Jésus dit « le Sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le Sabbat » (Marc 2:27). Si telle personne est élevée par un « sacrement », pourquoi l’en priver ? Si telle autre personne ne voir pas trop l’intérêt, pourquoi la culpabiliser de ne pas en ressentir de bénéfice, pourquoi le lui imposer ?

  2. Ndoumbe junior dit :

    Bonjour cher pasteur. Je m’interroge sur l’utilisation de l’huile bénite, eau bénite et sel béni. D’où viens l’origine de la bénédiction de ces 3 objets? La bible parle de un peu d’eau bénite et d’huile aussi, mais au fond la bible demande de t’elle de bénir des quantités d’eau, d’huile et de sel pour se protéger du mal? Ont-ils réellement de l’effet? Quelles sont les références bibliques? Serait-ce pécher d’y croire?

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      Ces symboles de l’eau, de l’huile, du sel, de la lumière… sont assez bibliques pour évoquer les bénédictions de Dieu et la vocation humaine.
      Certes.
      Ensuite, faut-il les bénir pour autant ? C’est une autre question. Dans le protestantisme on a choisi de ne « bénir » que des personnes vivantes en ce monde. Afin d’éviter des risques de superstition. Mais si certaines églises pensent que pour le type de fidèles qu’ils veulent servir telle ou telle pratique de bénédiction de matière est un geste qui aide ces personnes à être dans une bonne relation à Dieu… pourquoi pas. La question est une évaluation du bénéfice / risque sur le plan spirituel et sur le plan de la libération de la personne.
      Mais précisément, ce n’est pas une pratique magique, il n’y a pas d rite, d’objet, de formule magique, de prière spéciale pour se « protéger du mal ». Nous ne sommes pas dans la sorcellerie, la magie, ou la superstition. C’est Dieu qui nosu rend plus fort du mal de l’intérieur de nous même, résistant à la tentation, et plaçant notre confiance en Dieu qui dépasse tout. C’est donc une protection venant de l’intérieur, pas venant de l’extérieur.
      Et c’est uniquement sur ce plan là que ces huiles, eau, sel, ou je ne sais quoi encore, béni ou non, pourraient avoir une utilité : comme une prédication en geste, nous amenant à nous ouvrir à la bénédiction de Dieu, bénédiction spirituelle à recevoir en nous par la prière, par la confiance en Dieu. Mais si ces pratiques devenaient superstitieuses, l’effet serait inverse, c’est à dire que notre confiance serait placée dans le rite et la matière au lieu d’être placée en Dieu seul…

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