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Développement

Je suis amenée à ce que mes croyances évoluent sans cesse et j’en perds parfois ma foi ?

Par : pasteur Marc Pernot

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Question posée :

Bonjour
Je vous souhaite mes meilleurs voeux.

Dans ma marche vers Dieu, je suis amenée à ce que mes croyances évoluent sans cesse et j’en perds parfois ma foi, mon assurance en la vie, au monde. Peut-être parce que j’ai fondé ma foi sur une croyance en particulier (natale) qui divise l’humanité et que j’ai appris que l’une n’allait pas sans l’autre, ou que la foi était dépendante de ma croyance. J’ai aussi appris depuis ma naissance que tout ce que la Bible dit est vrai historiquement parlant, or plus je la découvre et plus je la trouve diverse : entre contes, chants, mythes, témoignages, histoire, théories. Le Cantique des Cantiques est l’exemple même de cette diversité et dont on ne parle jamais (sauf quelques versets) car trop éloigné du reste de la bible par sa dimension intime et humaine ?

Je crois que Dieu est amour, indescriptible et plus grand que ce que l’humain peut imaginer. Pourtant, j’ai appris que seule la Bible le décrivait. Or cela me semble inconcevable car des pans de la description de Dieu dans l’ancien testament sont horribles et sont l’antithèse de l’amour :
– l’histoire de Job m’inspire à avoir du respect pour la grandeur de Dieu, mais je suis horrifiée à l’idée que Dieu ait pu le livrer au malin pour le tester. Il a tout perdu, son bétail, ses enfants ! A cause de Dieu ? Pour moi, c’est impossible que cela se soit passé.
– Pharaon et Dieu qui endurcit son cœur. C’est l’antithèse de la bienveillance. Comment puis-je croire que ce soit Dieu qui soit à l’origine de la perdition du pharaon ?
– Le déluge. Cela a engendré l’idée de peur de Dieu sur nous pécheurs. Quid des innocents et des peuples anciens qui subsistent encore aujourd’hui ? Et cela semble en contradiction avec l’histoire même.

– J’ai grandit avec l’idée qu’avant que Christ témoigne de l’amour de Dieu, Dieu était jaloux, en colère, impitoyable, juge. Et tout d’un coup, Dieu aurait changé et rendu nécessaire que Jésus aille sur la croix pour que son sang nous lave de nos péchés ? Quels péchés ? Jésus était venu pour le peuple juif et il est bienheureux pour l’humanité que son exemple de piété, bonté, sagesse soit parvenu aux autres civilisations. Bien que je crois que les peuples n’ayant jamais entendu parlé de Christ savent bien l’amour que Dieu (l’univers, la vie, le tout, etc.) a pour les humains, que cela passe par des rites, des coutumes, traditions qualifiées de païennes. Et que tout le monde nait avec du bon en lui, une lumière propice à la vie.

– Je comprends pourquoi les chrétiens évangélistes (là où j’ai grandi) parlent tout le temps de Jésus. Car pour eux, cela fait sens de l’adorer pour être sauvé de la colère de Dieu. Or pour ma part, je l’ai cru, mais je ne le crois plus. Jésus est exceptionnel car parfait dans sa manière d’incarner le bien, la volonté de Dieu. Je m’excuse si j’offense, mais s’il n’y avait pas eu Jésus, alors nous serions séparés de Dieu à jamais ? Pourtant, nous avons tous cette fonction de christ, à nous de la chercher bien que ce soit un travail fastidieux. Pourquoi avoir sacralisé Jésus au point d’en avoir fait le sauveur et le seigneur presque avant Dieu ?

Pour conclure, Dieu aime chaque homme, pourtant j’ai cru à une idée de sélection (j’ai lu votre article à ce propos), de prédestination. Et alors que je me détourne des enseignements qui m’ont élevée, j’ai l’angoisse d’avoir perdu ce salut défini par mon entourage. Et que si je ne suis plus « en Christ », alors je n’ai jamais été convertie, et je n’ai jamais vraiment cru en Jésus. Alors que je crois en lui mais pas de la même manière. Tout comme la Bible qui n’est pas Parole de Dieu littérale car elle dirait le bon et la malveillance ou l’amour et la cruauté, mais invite à réfléchir.

Merci à vous de m’avoir lue.
Cordialement.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

En fait, je suis tout à fait d’accord avec ces croyances que vous exprimez ici. Sur chaque point.
Mais à vrai dire, la question n’est pas là.
La question fondamentale c’est de savoir ce qui est fondamental en ce qui nous concerne.
A mon avis, ce qui est fondamental c’est d’avoir confiance en Dieu. Et de chercher Dieu en faisant confiance en Christ. D’espérer que SA volonté soit faite, car elle est bonne.
C’est tout.
La foi est une relation, un élan. Jésus parle d’aimer Dieu.
Tout le reste en découle.

Cela repose sur une réalité plus fondamentale encore, révélée en Christ : c’est que Dieu aime, qu’il aime même son ennemi, et donc qu’il nous aime, c’est ce qui fonde notre confiance, notre sécurité. C’est ce qui nous autorise à penser librement, en confiance. C’est ce qui nous autorise à chercher ce qui nous semblerait juste de faire, en confiance.

Mais, il me semble que :

  • Si l’on considère que l’essentiel est une croyance, on a remplacé la personne de Dieu par une fiche sur Dieu. Même un personne humaine est totalement autre que sa carte d’identité (même si elle ne comprenait pas d’erreur), elle est de papier et de plastique, ce qui est bien différent d’une vrai personne vivante qui pense, qui vit, qui aime, qui espère.
  • Si l’on pense que Dieu a besoin pour nous sauver que nous soyons fermement convaincu (à 100%) de ceci ou cela, qu’on ait fait telle ou telle démarche, rite, cérémonies ou prières ? Alors ce n’est plus de la confiance en Dieu, et son amour disparait devant un marchandage.

C’est vrai qu’il y a une sorte de lâcher prise, de placer son assurance sur ce qu’est Dieu lui-même, sur son amour irréductible pour nous, plutôt que sur des croyances et des actes bien codifiés.

C’est tout à fait normal de ressentir un moment de vertige quand on lâche la bouée pour nager vraiment, alors que l’on sait que l’on n’a pas pieds. C’est le même vertige quand pour la première fois on enlève les roulettes de notre vélo, ou que l’on accepte de penser par soi même, et remettant en cause l’idée que le dogme est sacré, ou que la Bible est tombée du ciel. C’est seulement à cette condition qu’il peut y avoir une vraie sincérité dans notre relation à Dieu, au Christ, au monde et à nous-même. Le cœur et l’esprit ne peuvent être ouverts que si l’on est dans la confiance à l’autre. Et l’occurrence ici : dans la confiance en Dieu lui-même plus que dans les dogmes et les rites. C’est pourquoi, quand on lâche prise par rapport aux croyances, après ce temps de vertige où l’on pense marcher sur des sables mouvants, vient très vite, en général, un second souffle infiniment plus profond, vrai, épanouissant, fait de confiance en Dieu, de sincérité, d’épanouissement, de créativité.

Dieu vous bénit et vous accompagne dans son amour..

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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