très longue digue au raz de l'ean, avec des personnes au fond, dans la brume - Photo by William Bossen on https://pixabay.com/fr/photos/jet%C3%A9e-brouillard-oc%C3%A9an-chauss%C3%A9e-1850884/
Question

Pourquoi on ne peut pas communiquer avec les morts ?

très longue digue au raz de l'ean, avec des personnes au fond, dans la brume - Photo by William Bossen on Unsplash

Question posée :

Cher Monsieur,

J’ai besoin de vos lumières de théologien. Pouvez-vous me rappeler pourquoi on ne peut pas communiquer avec les morts ? Je vous demande cela parce que de nombreuses personnes bien sous tous rapports autour de moi, souvent des psychologues, consultent des mediums ou se prétendent en être, pour communiquer avec leurs proches disparus. Je suis stupéfaite, mais ne me souviens plus des arguments « chrétiens » (cela faisait longtemps que je n’avais plus été confrontée à ce genre de situations). Je vous serais très reconnaissante de partager vos lumières en la matière.

Meilleurs salutations

Réponse d’un pasteur :

Chère Madame

Grand merci pour votre confiance.

Il y aurait certes des arguments du type légaliste à tirer de la Bible, par exemple du Lévitique ou du Deutéronome interdisant la nécromancie, sous peine de mort ! Mais on ne peut pas lire la Bible comme cela, pour nous interdire, mais elle est donnée pour que nous nous posions des questions. Sinon, avec Paul l faudrait être soumis aux autorités (merci pour ceux qui vivent sous la coupe d’abominable tyrans), il faudrait que les femmes soient soumises à leur mari en toute chose (merci pour le viol conjugal, les femmes soumises à des violences domestiques), et il faudrait « ne pas résister au méchants » sous la suggestion de Jésus (merci pour les gangsters et les violeurs qui vont être super contents). Ce n’est évidemment pas possible de lire la bible comme cela pour de tels versets, il serait donc malhonnête de l’utiliser quand cela nous est utile pour défendre notre point de vue.

Il serait tentant de faire appel à la parabole du riche et du pauvre Lazare (Luc 16:19–30) qui interdit à une personne vivante dans l’au-delà d’aller communiquer avec son frère vivant en ce monde. Seulement il y a un autre récit où l’immense Samuel revient de l’au-delà pour parler à Saül, grâce à une sorcière (1 Samuel 28).

Il est utile de réfléchir plus profondément pour chercher une réponse à cette question : pourquoi pourrait-on (ou non), pourrait-on (ou non) réellement communiquer avec une personne dont le corps est mort ?
C’est évidemment impossible à prouver, et impossible d’imaginer ce que serait être vivant au-delà de la survie du corps. Personnellement, je pense que le Christ a raison de dire que ce qui est profondément vivant dans la personne humaine reste vivant quand bien même son corps serait mort. Mais comment est-il vivant ? Par l’amour plus fort que la mort, par la foi (relation de qualité basée sur la confiance, la communion), par l’espérance, par la Parole de Dieu qui demeure éternellement, c’est à dire cette dynamique d’appel à évoluer, à cheminer qui vient de Dieu. Je pense qu’effectivement nous pouvons continuer à penser à une personne que l’on aime et dont le corps est mort, on peut continuer à être en communion avec elle, on peut continuer à prier Dieu en pensant à elle, et qu’ainsi, la Parole éternelle de Dieu peut faire que le meilleur de la personne morte puisse encore nous faire évoluer de façon positive. Il y a donc bien une relation qui continue, et cette relation peut participer à nous faire avancer.

Cependant, il me semble qu’il n’est pas possible de « communiquer » : de parler à, ou d’entendre parler une personne dont le corps est mort. Ce n’est pas la parole humaine qui dure éternellement, mais la « parole » de Dieu, son souffle de création et de vie.

Alors, on pourrait dire qu’il n’est pas grave de chercher à entendre ce que dit une personne que l’on aime et dont le corps est mort, qu’il n’y a pas tellement de différence entre être en communion avec elle, se demander ce qu’elle aurait pensé de telle ou telle situation, et s’imaginer des paroles qu’elle aurait dite. Sauf que si, je pense que cela a beaucoup d’importance concrètement.

  • D’abord sur le plan de la fidélité à la personne disparue, ce n’est pas sympa de lui mettre sur le dos des paroles qu’elle n’aurait pas dite. On peut se dire « je pense qu’elle aurait pensé cela, dit cela », c’est très bien, c’est porté par l’amour. Et cela reconnaît que c’est une impression de notre part, et que nous cherchons à prolonger par notre propre pensée, cœur et vie de cette personne que nous aimons par l’affection. Ce n’est pas fidèle de penser avec assurance « elle m’a dit cela », comme si on possédait la personne, prétendant savoir ce qu’elle aurait pensé sans qu’elle puisse se défendre. Et c’est pire de le dire à des tiers, car ils sont pris en otage par cette affirmation : ils sont obligés d’être d’accord ou de se fâcher avec la personne qui prétend connaître la parole du mort.
  • Faire parler les morts, cela me semble rester comme dans le passé, quand on pouvait bavarder ensemble. Alors que la situation a changé, une nouvelle étape s’ouvre où ce bon passé est assimilé en nous-même par l’amour pour nous faire vivre en étant tourné vers l’avenir, avec de nouveaux projets dans des circonstances toutes nouvelles.

Passer par des « médiums » me semble plus que regrettable. Il y a un risque de manipulation considérable. C’est l’amour qui est plus fort que la mort, et l’amour ne passe pas par une tierce personne, cet amour est relation cœur à cœur, sans parole, c’est se laisser transformer soi-même.

C’est pourquoi, effectivement, je pense qu’il n’est pas bon de chercher ce genre de pratiques. Par mon ministère de pasteur de paroisse et sur internet, j’ai rencontré bien des personnes qui ont cherché à pratiquer cela et j’ai l’impression que dans 99% des cas cela est nocif pour le développement de la personne en deuil, pour son cheminement, pour son avenir.

Il me semble encore une fois que ce que propose l’Evangile du Christ, de se recentrer sur l’amour, sur la confiance en Dieu et sur l’espérance est par contre porteur de vie. Cela conduit à penser avec affection, dans notre pensée et dans la prière, aux personnes que nous aimons, vivantes dans l’autre monde. Mais à ne pas s’imaginer des échanges de paroles, ni des signes, ni des songes. Et encore moins de se mettre dans les griffes de personnes qui prétendent ou qui pensent communiquer avec ces personnes dans l’au-delà.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Geneviève dit :

    Bonjour pasteur est ce que le paranormal existe, si oui doit on voir dieu derrière si non pourquoi alors beaucoup de croyants s y adonnent en se cachant derrière dieu justement?

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      Personnellement, je n’ai pas expérimenté de phénomène paranormal.Peut-être faut-il y croire suffisamment pour en être témoin ?
      Mis à part les personnes souffrantes qui effectivement, peuvent avoir une autre perception, je sais qu’il y a aussi quelques personnes saines d’esprit qui parlent de choses pas tout à fait habituelles. Mais par définition, je ne peux rien en dire.
      Si des personnes mêlent Dieu a ce genre de pratiques, cela n’est en tout cas vraiment pas quelque chose qui me tente. Et je ne pense pas que Dieu ait quoi que ce soit à voir avec cela.

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