Une vache sur fond de ciel - Image parUlrike Leone de Pixabay
Ethique

Depuis mon plus jeune âge je mangeais les animaux, car je pensais que les animaux n’avaient pas d’âme.

Par : pasteur Marc Pernot

Une vache sur fond de ciel - Image parUlrike Leone de Pixabay

Question posée :

Bonjour , au fait depuis mon plus jeune âge je mangeais les animaux , car je pensais que les animaux n’avaient pas d’âmes, contrairement aux humains.
Dieux a créé l’homme a son image, du coup je pensais que les arbres , insectes , et animaux était comme des accessoires de ce monde.
Et la maintenant je me pose cette question et je voudrais en être sur.
Est ce que les animaux ont une âme ?
A la fin de leur vie vont ils être jugé pour aller en enfer ou au paradis ?
Une âme humaines peut elle se trouvait dans celle d’un animal ?

J’espère que vous pourriez répondre à ce clarté a mes questions ,
Je vous souhaite tout de bon

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo pour votre préoccupation à vivre le mieux possible, de façon juste et responsable.

Le concept d’âme n’appartient pas à la Bible et donc à la théologie chrétienne, en vérité. C’est plus un concept grec, avec une âme (spirituelle) contenue ou emprisonnée dans un corps (matériel).

Dans la pensée biblique, la personne humaine est à la fois spirituelle et corporelle. Toutes ses dimensions sont saintes et bénies par Dieu. C’est vrai que notre corps est de la poussière d’étoile recyclée, seulement son organisation toute particulière est unique, ainsi que son histoire, cela fait que chaque personnalité humaine est unique et toute neuve, ce n’est pas une âme d’occasion qui passe d’un corps à un autre, ni dans une autre personne ni dans un autre vivant. Beaucoup pensent que la personne humaine poursuit une trajectoire dans une vie non matérielle au delà de la mort. Nous verrons bien. L’Evangile nous dit que cette vie repose sur le fait que nous sommes aimé personnellement, individuellement par Dieu, et donc gardé comme un individu bien aimé pour la suite. Il est bien possible que Dieu aime sa création tout entière et chaque membre de sa création. Il est libre de faire ce qu’il entend.

Je vois au moins un passage de la Bible qui dit que l’Eternel (YWWH) « sauve l’humain et les animaux » : Psaume 36 (ou 35 dans la numérotation grecque) au verset 7. Je pense aussi à l’alliance passée à la fin du déluge entre Dieu, d’une part, et les humains et tous les êtres vivants, d’autre part.

Dans un sens contraire, l’humain reçoit, selon la Bible, le souffle de Dieu (appelé aussi « Esprit Saint ») et c’est ayant reçu cela qu’il est à sa façon particulière un être vivant au même titre que les autres êtres vivants (Genèse 2:7). Cela fait une différence, même si les uns et les autres sont tous bénis et si Dieu fait alliance avec tous. La Bible nous appelle à ne pas confondre l’humain de l’animal, même si l’être humain est aussi un animal. Dieu nous déclare humain et l’enfant bien-aimé de Dieu (comme adopté), nous le sommes donc, indépendamment de nos performances, et même lorsque nous avons un comportement inhumain nous restons humains pour Dieu (et éventuellement pour une personne qui nous aimerait, si nous avons la chance d’en avoir). Cela ne veut pas dire qu’un animal vaudrait moins, à mon avis : l’animal a une égale dignité aux yeux de Dieu que l’humain. Et les plantes aussi, qui font partie de la beauté de la création, sont également vivantes, ni plus ni moins que nous. La Bible a été écrite par les humains pour réfléchir sur la condition humaine en rapport avec le monde et avec Dieu, il est normal que l’humain réfléchisse sur sa condition particulière sans que ce soit une façon de discriminer le reste du vivant.

Du point de vue de la nature, il me semble qu’il y a une continuité entre les différents ordres : minéral – végétal – animal. Personnellement, ce qui me semble signifiant, c’est de distinguer ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas. Même un lichen a quelque chose de modestement vivant, et de beau (voir cet article du philosophe Olivier Abel). Je me souviens avoir été choqué douloureusement, un jour, en voyant un enfant qui, ayant ramassé une branche dans la forêt, s’amusait à décapiter des fleurs en les frappant au passage avec ce bâton. J’en ai été choqué comme si ces fleurs m’étaient proches. Elles le sont. Et pourtant, comme tout ce qui est vivant je dois manger du vivant pour vivre moi-même. Même les vers de terre ne vivent pas en se nourrissant exclusivement de terre mais des matières organiques présentes dans la terre. Nous sommes donc tous dépendants des plantes, qui sont capables, elles, de faire du vivant à partir du minéral, du non-vivant, et cela me semble être un talent miraculeux.

Faudrait-il alors ne pas manger des animaux et ne manger que des plantes ? On a le droit bien entendu de décider de vivre ainsi. Mais ce n’est en tout cas pas un impératif moral évident. Ce n’est pas non plus un impératif théologique évident. Bibliquement, c’est vrai que le début de la Genèse évoque le projet ultime que tous les animaux, y compris l’humain, ne mangeront que de l’herbe verte, seulement assez vite : une autre alliance est donnée où la consommation de viande fait partie du projet (Genèse 9:3) avec la consigne pour l’humain de respecter la vie comme appartenant à Dieu. Ensuite, comme le dit l’apôtre Paul, nous ne lisons plus la Bible comme un code de Lois. Pour nous, en Christ, nous sommes dans la liberté, dans une liberté responsable. Au sujet de ce que nous pouvons manger ou non, Paul dit que « tout est permis mais tout n’est pas utile ». Votre interrogation est donc juste, elle est dans cette mission qu’a tout chrétien, individuellement, de tracer son propre cheminement de vie de façon constructive pour le monde, pour son prochain et pour lui-même.

Je n’ai donc pas de réponse absolue sur cette question. Il peut y avoir différents bons chemins à propos de cette question :

Choisir d’être végétalien (tout en respectant sa propre santé) peut avoir un sens, comme philosophie personnelle, comme témoignage. C’est dangereux si cela devenait un intégrisme, prétendant faire d’une position personnelle un devoir pour toutes les autres personnes.

Personnellement, cela ne me correspond pas. Pour moi, la salade n’a pas à être moins respectée que l’animal. L’Evangile nous appelle à faire attention au plus faible, au moins honoré, ne peut-on pas considérer que c’est le cas du végétal par rapport à l’animal ? L’effort me semble devoir être plutôt porté sur le respect de la vie, l’attention aux conditions de vie des animaux, c’est vrai, et de tout organisme vivant, et plus largement celle de notre planète qui est un corps vivant complexe. L’attention doit être portée ensuite à ne pas gâcher. Effectivement, un animal a été tué, une salade arrachée à la terre, si c’est pour donner la vie, cela fait partie de la vie. Si c’est pour finir à la poubelle, c’est tout à fait désolant, comme les fleurs décapitées par le gamin irréfléchi. « Tout est permis mais tout n’est pas utile, tout ne construit pas ». Il me semble qu’il est légitime de vivre en mangeant du vivant, c’est notre nature, seulement que ce soit avec respect, en honorant cette vie que je mange, en ne le faisant pas inconsidérément.

Peut-être que c’est à cela que pourrait servir la petite prière que faisaient dans l’ancien temps des familles (le « bénédicité »). Cela pouvait être lourd, cela pouvait devenir du ritualisme, cela pouvait être gênant pour les invités, cela pose un problème théologique de remercier Dieu pour notre nourriture (si l’on pense que c’est Dieu qui a garni notre table, que ne l’a-t-il fait pour les familles qui meurent de faim). Il me semble que cette prière peut être revisitée comme une demande d’inspiration afin qu’avec Dieu nous discernions notre propre vocation personnelle, en responsabilité pour ces forces, cette intelligence, cette foi, cette capacité à faire un petit quelque chose de cette vie qui nous anime aujourd’hui, vie qui récapitule les vies des organismes vivants que j’ai digérés. Que ma façon d’être aujourd’hui les honore un petit peu. C’est alors une prière toute intérieure, c’est une pensée de reconnaissance (au sens de reconnaître, d’honorer) ces organismes vivants et de nous placer ensemble dans l’équipe créative avec Dieu. Dans un corps dont le Christ est la tête, et où nous sommes un membre appelé à être lui-même en vérité.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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Un commentaire

  1. morillon dit :

    que pensez vous a la lumiere de la Bible de actes 15 verset 28 il a paru bon au Saint Esprit et a nous de ne pas vs imposer d autre charge QUE CE QUI EST NECESSAIRE vs abstenir des viandes sacrifiees aux idoles ..du sang..des animaux etouffes et de l immoralite sexuelle est ce un dogme et marc 7verset18…….

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