une main d
Bible

Qu’est ce qu’un croyant ? malheureusement il y a beaucoup de Chrétiens, peu de croyants, peu de fidèles ?

Par : pasteur Marc Pernot

une main d'enfant tient le doigt d'un adulte - Image par Ich wünsche allen eine besinnliche Advents- und de Pixabay

L’autre jour, nous en parlions avec quelques uns : mieux vaut être pratiquant non croyant (au moins, on se pose des questions, on cherche) que croyant non pratiquant (c’est comme être amoureux non pratiquant, c’est un peu dommage).

 

Question posée :

Bonjour Pasteur,

Je voudrais avant tout vous remercier pour toutes ces réponses qui font réfléchir, merci pour votre dévouement.

Ma question du jour est assez courte, qu’est ce qu’un croyant ? Car je crois que malheureusement il y a beaucoup de Chrétiens mais peu de croyants, peu de fidèles. C’est compliqué car on ne peut pas, je crois, mesurer cela à juste, savoir si tu vas à l’église ou si tu lis la bible tous les jours. Qu’est ce qu’un croyant ? Je ne sais pas, pouvez vous m’éclairer ?

Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Excellente question, car il y a effectivement une ambiguïté très regrettable derrière la notion de « croyant ».

Par exemple, quand on lit dans l’évangile « quiconque croit en lui a la vie éternelle. » (Jean 3:15-16 ou Jean 14:1), on peut penser qu’il s’agit de croyance en Dieu, ou en en Jésus comme Christ, mais non car le verbe « croire » ici est le verbe pisteuo en grec, le verbe de la foi, de la confiance, le verbe qui dit une relation tenue.

Ce qui est traduit par « le croyant » dans les lettres de Paul est également un dérivé du mot foi, pas du mot croyance, doctrine dont on serait convaincu. (par exemple « Ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. » (Galates 3:9).

  • Cela vaut d’ailleurs mieux, car toute connaissance sur Dieu, toute théorie sur la nature du Christ est relative, schématique. Il serait donc assez dangereux de penser détenir et encore pire de chercher à imposer un savoir sur ces personnes, ces réalités qui nous dépassent. En ce sens, le doute et l’évolution de nos convictions est le signe d’une foi vivante, alors même que certaines de nos croyances sont remises en cause, ce qui est signe d’une foi vivante.Il y a bien des façons de s’attacher à Dieu, bien des façons de penser ce que l’on entend par « Dieu » et de s’attacher à lui/elle.
  • Cela vaut mieux car la foi est une recherche, c’est un attachement vivant qui évolue en fonction du temps et de ce que nous vivons, qui connaît ses hauts et ses bas comme toute relation.

L’ambiguïté est maintenue malheureusement quand on parle de « confession de foi » ou de « credo » pour dire un petit catalogue de croyances. On devrait parler alors de « convictions » ou d' »affirmations ». Parce que la foi est relation, elle se manifeste par une pensée, un soupir ou une prière même quand elle dit « Dieu, si tu existes, viens à mon secours », ou comme Jésus sur la croix qui lance ce cri de révolte et de doute « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » : c’est d’une grande foi car la relation est tenue par Jésus alors même que sa croyance dans la promesse de Dieu de ne pas abandonné son enfant, cette croyance vacille.

Cela dit, ce n’est pas non plus tout à fait sans rapport, car mieux vaut affiner ce en qui et en quoi on croit. Si l’on s’attache à un Dieu terrible qui éprouve ses enfants par des catastrophes et abandonne ceux qui sont moins performants, cette croyance va influer sur la personne que nous serons demain et notre façon d’être avec les autres. Mieux vaut donc pouvoir dire, comme Paul « Je sais en qui j’ai cru » (2 Timothée 1:12), c’est là que la lecture de la Bible et de l’Evangile du Christ en particulier est assez essentielle, et que les prédications lors du culte et les formations bibliques doivent nous permettre de repousser nos limites ordinaires. Cependant, nul n’est obligé non plus de lire la Bible tous les jours ni d’aller au culte tous les dimanches, chacun son rythme.

Pour ce qui est de l’écart entre « croyant » et « chrétien », nous en sommes tous là plus ou moins, dois-je reconnaître, mais bien moins que par le passé. Aujourd’hui, bien des activités distrayantes et sympathiques sont offertes aux gens, sur leur téléphone, à la télévision, des concerts gratuits, bibliothèques, associations… de sorte que la personne qui va à l’église le fait la plupart du temps par conviction sincère, dans une vraie recherche. Alors c’est vrai qu’il reste une part de personnes un peu ou très souffrantes qui ont trouvé dans leur paroisse un lieu où exercer leur art, mais cela reste marginal. Alors qu’il y a deux ou trois générations, surtout dans les villages, ne pas fréquenter les saintes assemblées était mal vu.

Aujourd’hui, c’est vraiment libre, je pense, et l’on peut choisir de travailler son être entier, le corps, les loisirs, les temps en famille etr avec les amis et prendre du temps pour nourrir sa foi et sa réflexion théologique, sa prière.

Ensuite, pour réduire l’écart entre « l’objet » de notre foi et notre vie, nos actes, cela aussi se travaille, et si on ne le fait pas, il est possible que les contradictions entre les deux soient graves. Cela se travaille : 1) par un exercice régulier de connaissance de soi-même, d’observation de ce que l’on fait et pourquoi on le fait. 2) par une réflexion afin d’affiner une connaissance du Dieu, de la visée auxquels on s’attache.3) par la prière personnelle afin de mettre en regard ce que nous sommes réellement et ce Dieu auquel on s’attache, et de s’ouvrir à ses bons soins pour nous aider à avancer. C’est ainsi que nous pouvons espérer, pas à pas, devenir un peu plus fidèle demain ?

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

Réponse du visiteur :

Pasteur,

Merci de votre réponse forte intéressante, cela m’éclaire beaucoup mais justement le verbe « pisteuo » est également utilisé dans Jacques 2- 19. « Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent. »
Comment doit-on le comprendre ? Doit-on remettre le verset dans son contexte et voir que Jacques parle des personnes qui ne croient qu’il n’y a qu’un seul Dieu et pense que cela suffit ?

Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonjour
A mon avis, c’est une façon pour Jacques, de nous appeler à une foi qui produise des fruits de solidarité et de service très concrets. Pas une seulement une foi éthérée.
Jean dit un peu la même chose autrement quand il nous recommande : « Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas? » (1 Jean 4:20).
Ce n’est pas une question de croyance en un seul Dieu, car Jésus félicite un centurion romain pour sa foi magnifique et celui ci, dans ces fonctions, adore l’empereur de Rome comme son Dieu, en plus des autres.
Belle journée

par : pasteur Marc Pernot

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

13 Commentaires

  1. Cédric dit :

    Et là inévitable, je pense au début d’Esaie ou d’Osée voire à la parabole des brebis et des bouc et je me dit que la pratique religieuse est en réalité secondaire.

    1. Marc Pernot dit :

      Il y a aussi 1 Corinthiens 13 qui dit ça, d’une bien belle façon.

      Quand je parlerais en langues,
      celle des hommes et celle des anges,
      s’il me manque l’amour,
      je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante.

      Quand j’aurais le don de prophétie,
      la science de tous les mystères et de toute la connaissance,
      quand j’aurais la foi la plus totale,
      celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour,
      je ne suis rien.

      Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés,
      quand je livrerais mon corps aux flammes,
      s’il me manque l’amour,
      je n’y gagne rien.

      L’amour prend patience, l’amour rend service,
      il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil,
      il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt,
      il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune,
      il ne se réjouit pas de l’injustice,
      mais il trouve sa joie dans la vérité.
      Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.

      L’amour ne disparaît jamais.
      Les prophéties ? Elles seront abolies.
      Les langues ? Elles prendront fin.
      La connaissance ? Elle sera abolie.
      Car notre connaissance est limitée, et limitée notre prophétie.
      Mais quand viendra la perfection, ce qui est limité sera aboli.
      Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant,
      je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant.
      Devenu homme, j’ai mis fin à ce qui était propre à l’enfant.

      A présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse,
      mais alors, ce sera face à face.
      A présent, ma connaissance est limitée,
      alors, je connaîtrai comme je suis connu.

      Maintenant donc ces trois-là demeurent,
      la foi, l’espérance et l’amour,
      mais l’amour est le plus grand.
      Recherchez l’amour.
      (édition TOB)

  2. ANDIRAN NATHAN dit :

    Les pharisiens allaient au Temple chaque jour ? Anne et Siméon aussi ?
    Je pense qu’on doit se demander pourquoi on s’y rend ? En quoi la parole entendue influence ma manière de considérer Dieu et les autres.
    Une parole qui me rappelle que l’homme ne se nourrit pas seulement de pain. Dans un monde qui n’a que d’autre but que la possession de biens matériels {morts] ,de biens dits « utiles », je crois important de dire stop à ce type de vécu. Je ne me considère pas comme un « homo productus » qui perd sa dimension spirituelle. Une relation avec Dieu est nécessaire et doit s’entretenir par des réflexions, des actes …. En ce moment, j’ai eu le plaisir de rencontrer Yvan Illich, un être exceptionnel, tant par son intelligence et sa piété. C’est aussi cela, on apprend chaque jour et on peut évoluer dans sa foi.

  3. Biduline dit :

    heu… Pratiquant non croyant ? lol ! excusez moi ça m’a échappé ! ce que vous dites en gros c’est faire du vélo même si on sait pas faire de vélo ? arf !

    1. Marc Pernot dit :
      • On peut lire l’Odyssée sans croire que Zeus existe.
      • On peut lire et étudier la Bible et en tirer grand profit même si on ne pense pas qu’une personne gouverne depuis les cieux.
      • On peut même faire de la théologie, chercher quelle est notre notion du bien ultime, chercher qu’est-ce qui, pour nous, fait que la vie humaine dépasse la simple survie.
      • On peut « prier » en se plaçant soi même et sa vie face à ce qu’esquisse notre théologie.
      • On peut aller au culte pour nourrir cette réflexion, pour prendre avec quelques autres un temps de recul ou de hauteur sur son existence quotidienne.

      Donc oui, on peut être pratiquant non croyant et y trouver grand intérêt,bénéfice, et ces personnes ont toute leur place dans nos églises.

      Et chemin faisant, il se trouve que la personne fasse l’expérience que « quelque chose » existe qui nous dépasse et nous rejoint, ce sera une bonne surprise.

      1. Sophie dit :

        Oh que oui ! On trouve pléthore de choses sur les “croyants non pratiquants”, mais presque rien sur les “pratiquants non croyants”, et pourtant je pense qu’ils sont bien plus nombreux qu’on ne le pense, avec des profils très différents : personnes dont la foi s’est “usée” mais qui continuent de venir au culte par habitude ; personnes qui fréquentent les églises par habitus social ; personnes attirées par l’aspect communautaire, ou par la réflexion théologique, ou encore par d’autres choses, bien qu’iels doutent de l’existence de Dieu (voire de la pertinence même de cette notion). Je ne sais pas s’il existe des travaux de sociologues et/ou de théologiens sur ces personnes, mais je serais fort curieuse de les lire si c’était le cas…

        1. Marc Pernot dit :

          Ce que je trouve beau et intelligent parmi ces « pratiquants non croyants », ce sont ceux qui ont une vraie démarche sincère, profonde, intelligente, solidaire.
          Connaissant un peu nos églises, rencontrant bien des personnes en recherche (dans les paroisses et sur internet), je dirais effectivement qu’ils sont bien plus nombreux qu’on le pense. Car personne n’est à l’abri d’une personne donneuse de leçon (cela existe aussi dans les églises, bien sûr, alors que le respect de l’autre devrait régner). C’est que la Bible et la théologie chrétienne, branche de la philosophie, sont passionnantes et nourrissantes. Que les cultes et autres groupes de formation offrent des exercices souvent bien efficaces pour avancer…

  4. T dit :

    La pratique ce n’est pas que le culte public, bien sûr. La pratique essentielle de sa foi est intérieure, en privé. C’est penser à Dieu, prier, nourrir sa réflexion, discerner sa propre vocation, l’exercer comme on peut. La « pratique » est ainsi quelque chose de profondément intime. C’est ce qu’enseigne Jésus dans son enseignement de Matthieu 6. C’est aussi ce qu’il enseigne quand il dit que l’essentiel est d’aimer Dieu et d’aimer son prochain comme soi-même. Aimer est une relation de qualité, que serait un amour qui ne pense jamais à l’autre, qui n’appelle jamais l’autre qui pourtant est là, tout proche, qui ne pense jamais à l’autre ? Qui ne cherche pas à mieux connaître l’autre et de le respecter comme une énigme que l’on ne possède pas ?
    La pratique collective en église est autre chose, comme le dit encore Jésus « le shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le shabbat ». Ce que l’on pourrait traduire : l’acte religieux est « pour l’humain », ce que je comprends : pour son développement. La pratique extérieure de la religion est comme une salle de musculation est pour la santé, la pratique collective du culte et de formations est un exercice pour entraîner notre personne, notre foi, notre réflexion. C’est donc une pratique seconde, et qui doit rester seconde par rapport à la pratique personnelle, intime, cœur à cœur et tête à tête avec Dieu. Il est possible de se ressourcer ainsi de bien des façons. Le culte en église est une de ces possibilités,

    1. Marc Pernot dit :

      La pratique ce n’est pas que le culte public, bien sûr. La pratique essentielle de sa foi est intérieure, en privé. C’est penser à Dieu, prier, nourrir sa réflexion, discerner sa propre vocation, l’exercer comme on peut. La « pratique » est ainsi quelque chose de profondément intime. C’est ce qu’enseigne Jésus dans son enseignement de Matthieu 6. C’est aussi ce qu’il enseigne quand il dit que l’essentiel est d’aimer Dieu et d’aimer son prochain comme soi-même. Aimer est une relation de qualité, que serait un amour qui ne pense jamais à l’autre, qui n’appelle jamais l’autre qui pourtant est là, tout proche, qui ne pense jamais à l’autre ? Qui ne cherche pas à mieux connaître l’autre et de le respecter comme une énigme que l’on ne possède pas ?
      La pratique collective en église est autre chose, comme le dit encore Jésus « le shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le shabbat ». Ce que l’on pourrait traduire : l’acte religieux est « pour l’humain », ce que je comprends : pour son développement. La pratique extérieure de la religion est comme une salle de musculation est pour la santé, la pratique collective du culte et de formations est un exercice pour entraîner notre personne, notre foi, notre réflexion. C’est donc une pratique seconde, et qui doit rester seconde par rapport à la pratique personnelle, intime, cœur à cœur et tête à tête avec Dieu. Il est possible de se ressourcer ainsi de bien des façons. Le culte en église est une de ces possibilités, et n’est pas, en théorie, une consommation mais un exercice.

      1. Pascale dit :

        On pourrait peut-être même dire que la « pratique », c’est tout simplement mettre en pratique sa foi, c’est-à-dire que la foi ait une implication concrète dans sa vie, dans sa façon de vivre. Si quelqu’un accomplit des actes en étant motivé par sa foi, voire sa croyance, il y a là aussi une pratique religieuse, certes réduite à sa plus simple expression, mais cependant bien réelle.

        1. Marc Pernot dit :

          Exactement !

          1. Il y a la « pratique » visant à exercer et à nourrir sa foi.
          2. Et il y a la « pratique » qui est le fruit d’une foi vivante, en aval.

          L’une ne dispense à mon avis pas de l’autre, ces deux « pratiques » se corrigent et s’interpellent, se complètent.

  5. Marie dit :

    Marc vous savez combien je vous apprécie, mais là, je ne suis pas d’accord avec vous ! SI vous priez soyez logique ! Vous êtes croyant ! Vous ne savez peut pas qui vous priez exactement ? Mais vous êtes croyant ! Un non croyant ne prie pas ou alors c’est qu’il se ment à lui même ! Non désolée… Je n’adhère pas du tout à vos propos… Il faut croire que l’on ne peut pas être d’accord tout le temps ?😶

    1. Marc Pernot dit :

      Heureusement qu’on a le droit de ne pas être d’accord. Manquerait plus que ça.
      🙂
      Se poser calmement, méditer sur ce que nous pensons qui rend ou rendrait la vie élevée, belle et bonne. Placer sa vie, son être et le monde, ceux que l’on aime, face à « ça ». Ce geste est déjà de la prière, selon moi, alors que la personne pense peut-être que c’est « seulement » un exercice spirituel, qu’elle affirme ne pas « croire » en Dieu. Mais oui, personnellement, je suis d’accord avec vous, je pense que cette personne est « croyante ». Mais comment lui dire cette communion avec assez de délicatesse pour qu’elle ne prenne pas cela pour de la récupération ? En tout cas, je ne lui dirais pas qu’il se ment à lui-même en faisant cette méditation intérieure qu’il pense comme seul avec soi-même.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *