Un homme et une femme soutiennent un enfant apprenant à marcher - Photo de Kenny Eliason sur https://unsplash.com/fr/photos/uaQpinemVoo
Bible

Dieu peut se remette en question? S’introspecte parfois? Avez-vous des exemples dans la Bible?

Un homme et une femme soutiennent un enfant apprenant à marcher - Photo de Kenny Eliason sur https://unsplash.com/fr/photos/uaQpinemVoo

Question posée :

Bonjour Pasteur,

Pensez-vous que Dieu se remette en question? S’introspecte parfois? Avez-vous des exemples mentionnés dans la Bible?

Que Dieu vous bénisse.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Vous avez raison.

Dieu immuable ou Dieu qui change ?

L’idée que Dieu serait un personnage immuable, omniscient et tout puissant, connaissant tous les détails de l’histoire à l’avance… est plus une rumeur infondée, une idée de Dieu fantasmée. Car derrière cette théologie, il semble qu’il y ait le désir d’avoir soi-même la toute puissance et le malin plaisir d’imposer aux autres de se soumettre à notre volonté ?

Dans la Bible, Dieu est bien plus vivant que cette image de Dieu-là qui en fait une sorte d’idole figée. Ce qui n’évolue pas est mort. Or Dieu est vivant. C’est ce qu’indique l’Evangile selon Jean qui dit que Christ, image de Dieu, est cheminement, fidélité et vie (Jean 14:6). Cela reprend la conception biblique de Dieu comme YHWH (Yawéh en hébreu), nom qui est un condensé de théologie avec une curieuse déclinaison du verbe être à plusieurs modes différents à la fois : Dieu est : celui qui est, qui était et, qui en train d’être, qui devient (voir Apocalypse 1:8). C’est bien plus riche, vivant, intéressant et inspirant que la conception de Dieu comme simplement « étant », comme le traduit en grec l’expression antique « ho wn », ou pire, la traduction de YHWH en grec par « kurios », Le Seigneur (malheureusement retenu par bien des éditions de la Bible). C’est peut-être de ce passage d’un univers biblique hébraïque dans le monde de culture grecque qu’est venu cette idée du Dieu comme un Seigneur dominant et immuable.

Dieu surpris et Dieu qui change, qui se convertit

Effectivement, dès la Genèse, Dieu est souvent raconté comme étant surpris, comme étant déçu, comme changeant, et même comme se convertissant. Par exemple “L’Eternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son coeur.” (Genèse 6:6) ou « Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie. Alors Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas.” (Jonas 3:10).

Moïse le sait bien que Dieu peut changer. C’est pourquoi Moïse appelle Dieu à se convertir, ce que Dieu va faire ! « Reviens de l’ardeur de ta colère, et repens-toi du mal que tu veux faire à ton peuple… Et l’Eternel se repentit du mal qu’il avait déclaré vouloir faire à son peuple.” (Exode 32:12-14). Bizarrement, oui, on peut donc supplier Dieu de changer et de pardonner. Bien entendu, Dieu n’attend pas notre demande, lui qui est la source même de tout amour et pardon, mais cette prière de Moïse revient à cela, elle est une confiance dans le fait que Dieu change et bien, en mieux, au delà de toute attente.

Bien souvent, les récits bibliques nous montrent que Dieu s’approche, observe, qu’il est souvent surpris parfois en bien et souvent en mal de ce qu’il voit que les humains ont fait et du tour que prend l’histoire, Dieu réagit alors en injectant de la bonne nouveauté. C’est ce que ne font pas assez apparaître parfois les traductions, mais ce moment de salut est marqué dans la langue de la Bible par l’expression « et voici… » (« ve hinné » en hébreu) qui suit ce temps où Dieu s’approche et voit.

Dieu accompagne l’humain dans ses choix

Il y a des exemples dans la Bible où Dieu accepte de changer ses plans, à contre-cœur, et donc se laissant imposer un choix qui n’est pas le sien, et acceptant de l’accompagner néanmoins de sa bénédiction. Le plus typique est quand les hébreux tiennent absolument à avoir un roi, pour faire comme les autres nations. Dieu essaye de les appeler, de les convaincre, de les avertir par la bouche de Samuel que prendre un roi est une mauvaise idée, qu’il va abuser de son pouvoir en maltraitant et pillant le peuple. Mais rien n’y fait, les hébreux tiennent à leur roi. “Non! dirent-ils, mais il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme toutes les nations; notre roi nous jurera, il marchera à notre tête et conduira nos guerres. Samuel, après avoir entendu toutes les paroles du peuple, les redit aux oreilles de l’Eternel. Et l’Eternel dit à Samuel : Ecoute leur voix, et établis un roi sur eux.” (1 Samuel 8:19-22).

C’est ainsi que Dieu a changé d’avis pour suivre la volonté du peuple, contre sa propre volonté divine. Que les rois opprimeront et profiteront du peuple n’est pas une vision à l’avance du futur, c’est l’expérience que Dieu a, formidable, du cœur des humains.

« Dieu avec » : Dieu qui laisse l’humain décider et l’accompagne

Dieu accepte de changer ses plans pour suivre la volonté humaine. Ce n’est pas une exception, c’est une théologie de Dieu comme accompagnant la personne, et même comme suivant la personne que nous sommes pour l’aider, et nous accompagnant d’autant plus que nous avons choisi une voie scabreuse. Cette théologie est un renversement total de la hiérarchie : dans l’ancien temps on voyait l’alliance avec un Dieu tout puissant qui décide et ordonne, et humain qui doit se soumettre pour être béni, sinon il est abandonné à la mort, voire écrasé par la foudre d’un dieu terrible qui punit les rebelles. Avec Jacob, Dieu se révèle comme un Dieu tendre, qui a son opinion et qui la dit, mais qui se soumet à la décision des humains, comme du temps de Samuel, pour suivre et accompagner quoi qu’il se passe : “Et voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays; car je ne t’abandonnerai point, que je n’aie exécuté ce que je te dis.” (Genèse 28:15).

La théologie que présentent ces passages bibliques est celle de l’Éternel « avec toi » (Imqa en hébreu), ou « Dieu avec nous » (L’Emmanuel, en hébreu), est une façon de comprendre Dieu qui est diamétralement opposé à la théologie d’un Dieu qui impose et appelle à la soumission. Cette façon d’être de Dieu qui accompagne s’est particulièrement révélée en Christ. Cela appelle chaque personne à la responsabilité, à l’intelligence, à la prise de décision personnelle, à la créativité, à la liberté puisque c’est la personne elle même qui est aux commandes. Ce n’est possible, avec nos faiblesses et nos peurs qu’avec l’aide de Dieu (par son Esprit qui fait de nous des prophètes et prophétesses), que par son pardon, que par ses soins qui veillent sur nous dans nos cheminements improbables…

Dieu accompagne les hébreux dans leur mauvais désir d’avoir un roi

Effectivement, Dieu va essayer d’accompagner ce désir des hébreux d’avoir un roi. Dieu va d’abord choisir Saül qui reçoit l’onction (il est littéralement fait « christ »), au début, cela se passe bien puis il est pris de cette folie d’arrogance que les grecs appellent l’hubrys, et ça tourne à la folie. Dieu choisit ensuite David, ce sera un des meilleurs rois, mais aussi un formidable pécheur, violeur et assassin (ce qui a donné l’occasion de magnifiques psaumes de repentance, certes, mais quand même, pour un envoyé de Dieu ce n’est pas fidèle, comme l’annonçait Dieu par l’intermédiaire de Samuel). Les rois suivants seront très irréguliers en qualité de gouvernement, au hasard des caractères des héritiers… Dieu faisant au mieux pour accompagner l’humain dans un chemin que Dieu n’a pas choisi, qu’il désapprouve mais accompagne néanmoins, au mieux possible.

Dieu est souple et bienveillant : il est amour

Dieu est souple, bienveillant, bienfaisant. En terme technique, on dirait que Dieu a un fonctionnement cybernétique. Ou qu’il est amour (1 Jean 4:16), tenant compte de l’autre plus que de lui-même.

Et c’est ainsi qu’il vous bénit et vous accompagne..

par : pasteur Marc Pernot

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4 Commentaires

  1. Patrick dit :

    Je cherche Dieu est un modèle de fiabilité pour ce qui est de l’explicite merci pasteur Marc Pernot

    1. Marc Pernot dit :

      Grand grand merci !

  2. Pascale dit :

    J’ai un peu de mal avec ce « Dieu qui change », j’y vois une contradiction avec le Dieu fidèle en qui on peut avoir toute confiance, avec les mots du psalmiste « Mon Dieu, mon rocher, où je trouve un abri ! ». Les exemples cités ici me paraissent plutôt montrer un Dieu en relation qu’un Dieu qui change. Et être en relation, c’est aussi être vivant.
    Par ailleurs, je vois Dieu comme étant à la fois père, mère, ami, seigneur, serviteur, …, évidemment à chaque fois la version idéale. Aucun nom ne peut définir Dieu, mais pour moi, il est important de me rappeler qu’il est aussi Seigneur, pour marquer une distance, un respect, et dire par là ce qui oriente ma vie (au moins dans l’intention, dans les faits c’est une autre histoire !). Par exemple, je trouve que les trois premières demandes ainsi que la doxologie du Notre Père s’adressent davantage au Seigneur qu’au Père.

    1. Marc Pernot dit :

      Merci, Pascale, pour cette réaction.
      On a tout à fait le droit, bien sûr d’avoir son idée de Dieu.
      Ce que disent ces textes, effectivement, c’est la fidélité de Dieu. Pour être fidèle il faut accepter d’évoluer dans ses propres plans, ne serait-ce que pour l’autre en fonction de ce qu’il devient. Mais sinon, oui, bien sûr, Dieu reste fidèle à lui-même dans son amour qui le conduit à faire évoluer ses plans.

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