15 juillet 2019

Illustration : immage d
Question

Une extinction de la race humaine, ne serait-ce pas alors la preuve de l’inexistence de Dieu ?

Par : pasteur Marc Pernot

Illustration : immage d'artiste une ville engloutie par les eaux - Image par733215 de Pixabay

Question posée :

Bonjour Monsieur le Pasteur,

j’ai découvert votre site un peu par hasard. Il me paraît très intéressant et plein de nourriture pour répondre à des questions que l’on se pose.
Pour ma part je suis catholique et vivant en Belgique.

Une question m’est venue assez récemment, en rapport avec cette fin du monde que les modifications climatiques semblent engendrer selon les experts. S’il devait en effet y avoir une extinction de la race humaine dans quelques dizaines d’années, ne serait-ce pas là la preuve de l’inexistence de Dieu? Car peut-on concevoir que Dieu laisserait s’éteindre Sa création?

Merci à vous pour votre site en tout cas, je prie pour qu’il puisse éveiller des consciences.
Ici en Belgique francophone, le désespoir et le nihilisme sont à leur paroxysme, la joie n’existe plus et seuls les plaisirs subsistent. Souvent je me dis que seul un élan spirituel nous sauverait, mais on en reste loin face au déferlement des medias, d’une pensée athée devenue la norme, de politiques dépassés.

Bien cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Grand merci pour les encouragements !

Je ne pense pas qu’une extinction de la race humaine serait la preuve de l’inexistence de Dieu. Plus précisément, ce serait la preuve de l’inexistence de l’idée d’un dieu tout-puissant et connaissant à l’avance parfaitement l’avenir, ce qui n’est pas une grande nouvelle car (à mon avis) Dieu n’a jamais été comme ça. Dieu est une puissance d’évolution et d’amour, mais pas un magicien qui peut faire tout et n’importe quoi à l’instant, pas un devin qui devine l’avenir quand il est inconnaissable.

Or, en ayant l’idée de se donner avec l’humanité des créatures qui ont un réel pouvoir de création, Dieu a pris des risques immenses, certainement. Car le pouvoir de créer est celui pour Bach d’écrire une cantate que même Dieu n’avait pas imaginé avant, c’est pour Sœur Emmanuelle le pouvoir d’inventer un avenir pour des enfants vivant dans les décharges d’Alexandrie, pour les médecins d’inventer les antibiotiques et les greffes d’organes, pour les politiques d’inventer l’assurance sociale… mais cela nous donne aussi le pouvoir d’être diabolique en violant ou tuant, en pillant les ressources naturelles… Ce pouvoir de créer c’est effectivement le pouvoir de faire de cette planète un des plus beaux endroits de l’univers pour vivre, ou de tout faire exploser, de tout ruiner, détruire. Cela serait malgré Dieu, bien entendu car il ne cesse d’appeler, il ne cesse d’aimer chacun en espérant ainsi l’inspirer et pouvoir m’aider à être une meilleure personne chaque jour, à sa façon.

Si l’humanité disparaissait, par exemple avec la vie sur cette planète, ce serait sans doute un échec de ce programme incroyablement ambitieux de Dieu. Nous voyons dans la nature qu’il y a eu précédemment d’autres extinctions qui sont également dans ce sens des échecs. Par exemple les dinosaures. Est-ce que l’on peut parler d’échec ? Dans un sens oui. Mais l’évolution a ensuite exploré d’autres projets, en particulier celui de l’humanité. Programme géant s’il en est : non dans la taille et la force, mais en qualité autres. Souvent l’évolution foisonne avec une multitude de pistes nouvelles ouverte sen parallèle. Peut-être que Dieu a d’autres, bien bien d’autres projets d’évolution que nous ne pouvons même pas imaginer et que nous ne rencontrerons jamais (même si c’était dans une étoile relativement proche, ce serait de toute façon probablement si loin que toute interaction serait impossible). De toute façon, si ce que le Christ nous a révélé, c’est que chacun de ces projets serait aimé passionnément par Dieu. Et même que chaque individu particulier serait aimé ainsi par Dieu. Par conséquent, Dieu ferait tout, Dieu fait tout pour que notre humanité ait le meilleur avenir possible. Mais cela ne dépend pas que de lui.

Vous avez raison, hélas, en ce qui concerne le drame que représente le manque de grand souffle pour bien des personnes aujourd’hui. Si c’était seulement en Belgique ! C’est à mon avis bien dommage pour les personnes qui vivent sans avoir d’inspiration supérieure à leur vie. Je pense que c’est un réel danger pour une société quand il y a moins de 10% de la population qui laisse d’une façon ou d’une autre une place pour Dieu dans sa vie, dans sa façon de vivre et d’espérer. Nous n’en sommes pas loi, et c’est inquiétant.

Cela dit, je suis personnellement optimiste. J’ai eu l’honneur et le bonheur de rencontrer des centaines de personnes d’origine athées demandant le baptême chrétien, et de le faire d’une belle façon : avec une pensée, une réflexion, une spiritualité, une foi libres, personnelles, sincères. C’est cela que permet aussi le fait que la société se soit laïcisée. Ces personnes n’étaient en aucune façon prédéterminées à laisser une place à la foi dans leur vie. Et en même temps, aujourd’hui, ce n’est pas mal regardé par leur entourage (après un premier temps de surprise, souvent), car leur entourage voit rapidement les effets positifs sur cette personne.

Dans l’espérance, donc, que ce magnifique projet de Dieu qu’est l’humain va en définitive faire place à un bel avenir.

Dieu nous bénit et nous accompagne, il espère et fait confiance. Il est possible qu’il ait raison.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. Yvette dit :

    La Terre, l’Eau, les Végétaux, les Animaux, tout était déjà établi bien avant l’apparition des humains. Et si les humains seraient les premiers à disparaître, pourquoi penser que Dieu n’existerait plus ? Tout ce qui est vivant dans l’Univers – dont nous faisons partie intégrante – a la même valeur pour cette énergie divine, transcendante que j’appelle Dieu 🌍🌙🌞et qui gère tous les mondes.

  2. Jean dit :

    Argument cosmologique :
    Il y a des centaines de milliards de galaxies déjà observées par les télescopes, et des centaines de milliards d’étoiles dans de très nombreuses galaxies, dont la nôtre, la Voie Lactée (du même ordre de grandeur que le nombre de cellules dans le corps humain). Des milliers de planètes ont déjà été au moins détectées par différentes méthodes depuis la première découverte d’une exoplanète en 1995. La conjecture actuelle est que la plupart des étoiles ont des planètes. Et que de nombreuses planètes sont suffisamment grandes mais pas trop pour que la gravité soit assez similaire à celle sur Terre, et situées dans une zone ni trop près ni trop éloignée de leur étoile pour que l’eau puisse y être à l’état liquide et glace, ou liquide et vapeur, ou à la fois liquide, glace et vapeur d’eau comme sur terre, le tout à la surface d’un manteau solide contenant du sel. Il est conjecturé que de nombreuses planètes ont des lunes comme dans le système solaire, même si pour le moment une observation de lunes d’exoplanètes n’a pas encore été effectuée à ma connaissance, ou alors de façon très exceptionnelle ; ceci confère des effets de marée favorables à différents phénomènes cycliques comme les marées océaniques, atmosphériques, et solides, ces dernières pouvant être à l’origine de phénomènes volcaniques comme sur le satellite Io de Jupiter, première lune de Jupiter découverte par Galilée. De nombreuses planètes ont un champ électromagnétique capable de protéger la planète du vent solaire de leur étoile, notamment l’atmosphère pour freiner son arrachage vers l’espace, et les molécules chimiques, pour protéger l’émergence de formes de vie, et les êtres vivants s’il en apparaît. En réunissant tous ces critères, et d’autres sans doute, il est très probable qu’il existe d’autres planètes, y compris dans notre propre galaxie, où des formes de vie ont dû apparaître, comme cela a été le cas sur Terre. La question est le degré « d’évolution » de ces formes de vie : sans doute le plus souvent, ce ne sera pas des formes de vie ayant déjà mis en place l’équivalent d’internet, bien qu’il semble que même les arbres communiquent dans les forêts, au moins entre arbres voisins de même espèce, à travers des messages chimiques transmis par les champignons symbiotiques dans les réseaux racinaires. En conclusion la vie pourrait très bien s’être déjà épanouie ailleurs que sur Terre, et parmi les planètes abritant la vie, des « humanités », des formes de vie dotées du libre arbitre et conscientes d’elle-mêmes, pourraient s’y développer, dans le passé, le présent ou le futur.

    Argument philosophique :
    Nietzsche a dit, Dieu est mort, et que c’est nous qui l’avons tué, sous-entendu si je comprends bien (parce que je n’ai pas lu ses livres) par notre manque de Foi, par la transformation de l’élan individuel religieux en répétition mécanique culturelle et sociale de gestuelle ritualisée de différentes religions. Les Évangélistes ont témoigné que Jésus est ressuscité.

    Argument paralogique (humour) :
    Nouvelle « preuve » de l’existence de Dieu :
    A. Il est vrai que les sept signes de l’Évangile de Jean sont tous vrais.
    B. Il est vrai que certains des sept signes de l’Évangile de Jean sont des mythes.
    C. Donc il est vrai que ((Certains des sept signes de l’Évangile de Jean sont des mythes) ou (Dieu existe))
    D. Or comme A est vrai, et que A est le contraire de B, B est faux, et donc comme C est vrai, c’est que Dieu existe.

    Argument ontologique :
    Quel que soit le scénario futur du devenir, l’éternité de la source de l’être existe et continue d’exister. Il existe au moins la source des mathématiques et de certaines parties de la philosophie (par exemple les catégories d’Aristote). Ce qui existe. Donc la source de l’être existe, au moins sur les plans logico-philosophico-mathématiques. Or les mathématiques et les philosophies ont des applications dans le sensible. Donc la source de l’être existe aussi dans la génération, dans le devenir, dans les sensibles.

    Deuxième argument ontologique platono-aristolo-aquino-leibnizo-bergsonien :
    A. Le néant n’existe pas par définition. (Bergson, « L’évolution créatrice » il me semble)
    B. (Donc) il existe l’existence de quelque chose. (on peut commencer le raisonnement à B si vous préférez)
    C. Or nous observons et inférons qu’au niveau macroscopique au moins, tout dans un système a une cause en lui-même pour des effets internes ou hors de lui-même pour les effets externes. Tout ce qui est et n’était pas est nécessairement passé par le devenir (Platon). La dynamique du devenir physique implique une évolution de l’Univers qui suit des lois causales physiques (science physique). Donc, en effectuant un prolongement philosophique de la logique constatée dans l’Univers, l’Univers a aussi une cause en lui-même ou hors de lui-même. Mais la cause de l’Univers ne peut qu’être externe à lui-même, et non interne, sinon la cause de la cause serait dans la cause à l’infini dans l’espace (infiniment petit) ou le temps (Aristote, Physique, notion de Moteur premier, Métaphysique, notion de Cause première, de moteur premier immobile, Thomas D’Aquin, Somme théologique, 5 voies). Donc la cause de l’Univers est externe à la physique, donc à proprement parler, métaphysique. Donc il existe une réalité métaphysique.
    D. Parmi ce qui existe, certaines choses sont nécessaires, d’autres contingentes. Ce qui est contingent a nécessairement aussi une cause, selon le principe de raison suffisante (Leibniz). La science est la raison nécessaire de la nécessité dans l’Univers physique, Dieu est la raison suffisante métaphysique du contingent dans l’Univers physique.

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