deux chiens courent dans l
Développement

Certaines choses qui me font douter et m’empêchent de me rattacher à une religion

Par : pasteur Marc Pernot

deux chiens courent dans l'eau en jouant - Image parFree-Photos de Pixabay

Question posée :

Bonjour

J’ai 26 ans et suis issue d’une famille non croyante mais depuis quelques temps, je me pose énormément de question sur la religion. Je suis convaincue qu’une entité, « Dieu » existe et qu »il est en chacun de nous. Mais je ne connais pas encore bien la religion pour me considérer comme réellement croyante. Et quelques questions me « bloquent » dans mon cheminement.

  1. Cette question me revient souvent en tête, d’après la Bible, le paradis n’est « accessible » qu’aux croyant ? Je veux dire par là qu’une personne menant une vie respectable ira forcément au paradis si celle-ci est convaincue de la non-existence de Dieu ? Si oui, comment est-ce justifier ?
  2. Les pêchés ne sont pas les mêmes dans les différentes religions monothéistes. Par exemple, dans l’islam le fait de consommer de l’alcool ou de la viande impure ( du porc) est considéré comme un péché. Devrions-nous considérer qu’il n’y a qu’une seule « vérité », une seule religion détiendrait la « bonne » interprétation du message ?

Votre site de question/réponse est très bien fait et c’est pour cela que je me permet de me tourner vers vous afin d’approfondir mon questionnement.

J’espère que mes questions ne seront pas mal perçues de votre part.

Bien à vous,

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo d’être dans cette belle démarche. Je sais combien d’énergie cela demande d’évoluer, de chercher, d’entrer dans ce vaste espace qu’ouvre le questionnement théologique et la prière.
Contrairement à ce que l’on pense parfois, le sens de « croyante » n’est pas d’avoir des certitudes ni des connaissances, mais précisément de s’investir personnellement en prenant en compte cette dimension, comme une recherche, un élan, une inspiration.

Le paradis n’est « accessible » qu’aux croyant ?

En ce qui concerne le paradis, personnellement, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une élection de telle ou telle personne, mais que Dieu garde le meilleur de chaque personne et cherche à le développer encore. C’est ce que veut dire « aimer », en réalité.
Dans sa première lettre, Jean dit que « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu, car Dieu est amour ». Cela veut dire que ce qui fait, ou non, une vraie vie n’est pas seulement une question de croyances avec la tête. Même si cela aide, je pense. Mais on peut aussi rejeter Dieu avec sa tête (ce qui est bien dommage, certes), mais l’accepter et se laisser toucher par ses « tripes », son cœur, sa créativité. La personne humaine est riche et complexe. Jésus nous invite à écouter Dieu et à l’aimer ainsi à travers ces 4 dimensions : le cœur (notre façon de décider), l’être (notre cheminement d’évolution), les forces (nos actes) et l’intelligence (la réflexion personnelle). Jean fait remarquer qu’une personne hyper croyante du point de vue de la tête et des paroles mais qui n’aime pas les personnes autour d’elle a comme un problème de cohérence. Cela montre aussi que la croyance n’est pas tout.

Il n’y aurait qu’une seule « vérité », une seule religion détiendrait la « bonne » interprétation du message

Ne craignez pas que vos questions soient mal perçues, bien entendu. En plus, elles sont intéressantes.

Effectivement, il existe un seul Dieu, mais différentes façons de le penser, différentes façon de concevoir le chemin vers lui. Et cela change pas mal de choses.
Car chaque attribut que nous attribuons à Dieu influe sur notre conception de ce qui est juste et bon de faire :
  • Si on pense que Dieu fait la comptabilité des fautes et des actes de piété pour évaluer la personne, nous aurons une façon d’être qui sera dans la comptabilité des bons et mauvais points de ceux qui nous entourent, jusqu’à être prêt à les abandonner si cela ne va pas…
  • Si on pense que Dieu aime la personne sans condition et lui indique un chemin favorable et beau, mais sans la sanctionner si elle s’en écarte, alors notre vie est inspirée par cet amour et ce respect, cette patience qui toujours espère. C’est cela, à mon avis, l’Evangile du Christ.
En ce qui concerne les commandements religieux aussi,il y a des différences.
  • Certaines ont des préceptes alimentaires, comme vous le citez : de la mutilation sexuelle comme la circoncision, des privations de certaines denrées, un certain nombres de rites, prières, fêtes à accomplir.
  • Jésus, lui, laisse libre chacun de suivre sa façon d’être et relativise ce genre de commandements comme étant des exercices comme n’étant pas un but en soi, mais pouvant être utiles pour le développement de la personne (il dit « par exemple « le Sabbat est fait pour l’humain, et non l’humain pour la sabbat » – Marc 2:27) et que chacun est libre de décider pour lui-même et de pratiquer dans la discrétion, dans l’intimité (par exemple le jeûne, la générosité, et la prière – Matthieu 6:1-8)
Personnellement, je ne pense pas que Dieu attache de l’importance au fait que nous mangions on non telle ou telle viande, que nous prions tel jour plutôt que tel autre, et si une journée nous avons besoin de prier une seule fois et le lendemain dix fois, cela sera très bien ainsi. Personnellement, je trouve que la sincérité est essentielle dans tout acte religieux. Mais a contrario, si cela vient de la personne elle-même, se donner un cadre peut nous aider à faire un effort sur nous-même et à penser à Dieu plus régulièrement dans notre vie, non seulement lors des grands moments décisifs mais aussi (et c’est le plus important) : au creux de la vie quotidienne.
C’est dans ce sens où il me semble y avoir « une seule vérité » : chercher à être « vrai » dans sa façon d’être, de vivre, de chercher Dieu, de faire une place pour le meilleur dans notre façon d’espérer. Cette « seule vérité » s’incarne de façons différentes selon les personnes et même selon différents temps et moments de notre vie. Le juif qui pratique avec sincérité la kashrout, le musulman qui s’applique à ses cinq prières, le catholique qui va à la messe, se confesse et observe le carême, le protestant qui lit la Bible et prie son Père dans le secret de sa chambre… sont en communion dans leur recherches pourtant tellement différentes en apparence.
La bonne religion pour vous sera donc celle qui vous correspond. C’est vrai que c’est plus exigeant de dire cela que de fixer une règle à suivre, car cela demande de réfléchir, de se décider, de tâtonner, de s’analyser soi-même pour voir si l’on progresse, d’ajuster…
Ensuite, en plus de cette religion intime et personnelle, cela aide de rejoindre de temps en temps, à son rythme, une sensibilité religieuse qui nous corresponde à peu près, avec de vraies personnes qui cherchent aussi. Cela, sans aliéner sa propre liberté de pensé, sa propre foi, mais au contraire pour nous stimuler, nous empêcher de penser en rond et de prier en rond.
Dieu vous bénit et vous accompagne

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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