une personne tient un feuillet de culte avec les paroles du cantique - Photo de Tyler Callahan sur https://unsplash.com/fr/photos/NEK0tBmYjqA
Question

Paroles de cantique « Jésus à ma place est mort sur la croix, il donne sa grâce à celui qui croit » ?

Par : pasteur Marc Pernot

une personne tient un feuillet de culte avec les paroles du cantique - Photo de Tyler Callahan sur https://unsplash.com/fr/photos/NEK0tBmYjqA

Question posée :

Bonjour Monsieur le Pasteur,
Mon pasteur m’a invité à m’adresser à vous touchant un cantique proposé au culte il y a dix jours.
Il s’agit du cantique « A Dieu soit la gloire » 41 / 28, Alléluia.
Ces paroles :  » Jésus à ma place est mort sur la croix, il donne sa grâce à celui qui croit ».
S’agissant de la fin de la phrase : Il ne ne la donne donc pas à celui qui ne croit pas. De plus aux femmes et aux hommes qui ne peuvent avoir entendu son nom, par exemple les femmes et les hommes auteurs des fresques de Lascaux.
Toutefois ce ne sont pas ces mots qui me font vous écrire, mais que  » Jésus à ma place est mort sur la croix ».
Cette théologie me semble effroyable, de donner son fils à massacrer à notre place.
J’ai cherché une explication. Je suis un jeune grand-père qui vient d’entrer dans sa quatre-vingtième année.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Pasteur, l’expression de ma plus parfaite considération,

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Effectivement, les paroles des cantiques sont parfois assez datées. En particulier les paroles des cantiques du XIXe, qui ont été composés suite au mouvement du « réveil », mouvance venue à l’origine des pays anglo saxons en réaction au protestantisme « des lumières » du XVIIIe siècle, trop libéral à leurs yeux. Ce mouvement de « Réveil » a eu de très bons côtés : de ferveur religieuse, d’engagement missionnaire, de diffusion de la Bible, d’actions sociales, de catéchisme pour les enfants… Dans un autre sens, ces mouvements ont été assez catégoriquement réactionnaires avec un retour à une théologie d’avant « les lumières », un certain étouffement de la raison pour une théologie plus dogmatique, voire plus imposée fermement aux fidèles comme étant LA vérité.

C’est dans ce contexte que l’on peut trouver effectivement, dans ces cantiques du réveil des paroles très sentimentales et touchantes, vibrantes de foi, mais aussi des doctrines comme celle de la « satisfaction vicaire », l’expiation de nos péchés par le Christ sur la croix, la prédication d’un Dieu tout-puissant plus que tout amour, récompensant ceux qui ont bien la foi comme il faut, et menaçant les autres… C’est pourquoi, personnellement, le préfère souvent les psaumes et les chorals que les cantiques du XIXe, en particulier les cantiques du « Réveil ».

Paradoxalement, il me semble que les Psaumes, avec leurs paroles vieilles de trois mil ans, ont souvent moins vieilli. Les chorals ont des paroles du XVIe – XVIIe siècle un peu plus, mais restent souvent acceptables, encore inspirés de la Bible. Ceux du XIXe sont donc parfois plus dogmatiques que bibliques, ce qui pose parfois problème. Les cantiques du XXe renouent souvent avec une inspiration biblique, mais c’est souvent la mélodie qui est assez pauvre…

A propos de cette théorie de l’expiation par le Christ, vous trouverez sur le site pas mal d’articles cherchant à expliquer comment cette théorie pour le moins pose question :

Mais ces cantiques ne sont pas pris comme des paroles d’évangile, ils sont des témoignages de foi de leurs compositeurs, ils reflètent leur propre théologie qui ne nous engagent pas, quand nous les chantons, ce n’est pas nécessairement une adhésion à ce qu’ils disent, c »est une mémoire de ces témoignages anciens, avec lesquels nous entrons en débat. Ce pluralisme des sensibilités et des opinions théologiques est une richesse, cela nous permet de sentir que nous ne sommes pas propriétaires du Christ, qu’aucune formule théologique n’est sacrée. Pour nous la vérité est plutôt une personne, Jésus que nous pensons être le Christ.

Le chant des cantiques est une part importante du culte, c’est plutôt le fait de chanter ensemble qui nous fait ressentir, par nos corps, que nous sommes un corps, qui nous font ressentir en même temps l’importance de nous-même en tant qu’individu et de nous ensemble, unis dans notre diversité dans un même chant. C’est pourquoi nous chantons à l’unisson le chant en assemblée. Cela nous encourage à lire ensemble la Bible, remercier et honorer le Dieu unique ensemble, et à avoir notre propre interprétation, personnelle, subjective des textes, et à avoir notre propre relation personnelle, intime, avec Dieu. Sans que cela soit une rupture de la communion, au contraire, c’est dans une diversité qui enrichit l’ensemble, et honore la grandeur de Dieu à travers tous ces regards tournés vers lui.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. François dit :

    En fait, les cantiques devraient être revus. Mais ça prend du temps : pouquoi ?
    Il faut savoir que souvent les paroles des cantiques vieillissent assez vite, et un cantique vieux de 50 ans risque de ne plus être compris.
    Il faut aussi rénover la musique. Je m’explique : Bach était un très bon pédagogue, mais il n’y a pas que lui. La musique baroque fourmille de bons compositeurs, et souvent un air fredonné partout a une solide assise sur un air classique connu. Il est donc nécessaire s’adjoindre un soutien musical. Ce n’est pas évident. Le dernier recueil (que j’ai connu) s’intitulait « Arc en Ciel ».

    1. Marc Pernot dit :

      Depuis « Arc en Ciel », il a été édité un énorme et pesant recueil de chants « Alléluia » avec à peu près tout ce qui traine comme cantiques, allant du meilleur au pire.
      Le renouvellement des paroles n’est pas facile, cela vieillit souvent encore plus vite que les paroles anciennes qui ont le petit charme du « vintage » alors que des nouvelles paroles vont très très rapidement démodées, ringardes.
      Certains chorals luthériens ont été effectivement harmonisés par Bach. L’homme avait un certain goût, c’est plutôt un gage de qualité de la mélodie. Mais les Psaumes ont des mélodies qui ne sont pas du Bach, et qui sont souvent pas mauvaises, car le temps a fait on tri : les Psaumes que nous connaissons sont en général très bons.

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